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Publié par Julio Von Gepetto

Voyage au bout de la route

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Récit d'un voyage de 10 mois en moto à travers l'Afrique et les Amériques

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Je vous entends déjà dire : "Mais, Julio, qu'est ce que c'est que cette image pour illustrer ton article ?"

Tu as parfaitement raison, Cher Lecteur, et je te dois un éclaircissement.

J'aurais pu trouver une explication psycho-freudienne en expliquant que la terre est comme une femme, composée de collines et de vallées mystérieuses ou qu'elle est la Pachamama, la Déesse-terre qui est la mère de tout ce qui est vivant. Je ne le ferai pas car mon choix fut dicté par des raisons beaucoup plus prosaïques et bassement mercantiles. 

En effet, considérant cet article comme l'article phare de mon blog, je fus déçu par le fait qu'il n'attirait que peu de lecteurs. J'allais donc me promener sur les réseaux sociaux pour voir comment attirer le chaland. Je m'aperçus alors que ce qui marchait pour gagner des "je kiffe", des "céte meuf et tro bel" et autres manifestations de satisfaction, c'étaient les photos de Germaine en mini maillot au bord de la piscine ou de Zora, toujours dans le même état vestimentaire, dans la cuisine en train de préparer le couscous, j'en passe et des meilleures.

L'environnement importe peu, c'est la façon dont est habillé le personnage qui compte.

Obéissant alors a une obligation aussi odieuse que putassière, je décidais de créer ma propre image publicitaire à partir d'une réclame de sous vêtements féminins.

Notez que pour attirer encore plus la clientèle, j'aurai pu choisir le titre : "Voyage au bout du slip"... Je n'ai pas osé.

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"La route m'appelle et m'attire
À l'est, à l'ouest, au sud, au nord
Ce soir j'ai trouvé un lit
Demain je coucherai dehors
Beaucoup de routes ramènent vers vous
Mais la route m'entraîne toujours
Et j'ajoute des lieues et des lieues
Aux lieues qui me séparent de vous "

Michel Corringe - La route

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Bon, je dois m'y mettre !

"Un voyage de mille lieux commence par un premier pas" Tao Te King

Je ne dis pas ça pour le voyage en lui même, mais pour le récit qu'il faut que j'en fasses. Ce sont des dizaines de photos à trier et surtout à retoucher en post traitement mais aussi une histoire à raconter avec des faits vieux de plus de trente années. Le plus compliqué a été de trouver le titre. Je voulais m'inspirer du titre que certains voyageurs des années 70 donnaient à leur récit. Par exemple : "Les voyage de Jupiter" de Ted Simon - "Une demoiselle sur une moto" d'Anne France Dautheville - "J'ai du ciel bleu dans mon passeport" de Philippe de Dieuleveult.

Et puis, je suis tombé sur "Voyage au bout de la nuit" de Céline (Pas Dion mais Louis Ferdinand). Alors, il m'est venu l'idée de : "Voyage au bout de la route".  Ce titre est totalement paradoxal puisque lorsqu'une route finie, une autre commence. Le voyage n'a donc pas de fin. Telle une âme en peine, le voyageur ne peut pas s'arrêter et n'arrive jamais à atteindre la satisfaction. 

Ce qui est surprenant c'est que je me souviens pratiquement de toutes les anecdotes de cette année là, du premier jour jusqu'au dernier. Alors que j'ai vécu d'autres années sans avoir beaucoup de souvenirs les concernant.

Ma mère, Dieu ait son âme, avait commencé à écrire un récit en s'inspirant de ce que je lui avais raconté. Cela m'a permis de me rappeler quelques faits que j'avais oubliés. " Il partit à l'automne et je le vis disparaitre en haut de la côte avec un pincement de coeur" écrit elle.

Je me mets à sa place et me vois remontant la rue Ayrault à Bressuire vers un périple qui allait durer plus de 300 jours et changer à tout jamais ma façon de voir le monde qui m'entoure.

 

I - PRÉPARATIFS

 

Trente sept ans déjà se sont écoulés depuis que j’ai entrepris ce voyage.

Mille neuf cent quatre vingt cinq, Marc Lavoine s'extasie devant sa saucisse BCBG aux yeux revolver, celle qui se dessine sous des jupes fendues et qui a tiré la première.

Moi, je travaille à Dunkerque sur un laminoir. Le week end, je rentre sur Paris voir ma fiancée et mes amis. On sort le samedi soir et on se lève à 11H du matin le dimanche. Tout ça commence à me lasser et je dois changer cette vie qui me convient de moins en moins. Depuis que je suis revenu des pays de l'est et de mon voyage au Maghreb, je m'ennuie. Il est temps de partir.

 

Je ne sais pas exactement quand j’en eu l’idée. Peut être pendant les cours de théorie du signal dispensés par le Vénérable Prof. Barbat quand j’étais à l’université, heures de cours propices aux délires les plus fous ou à des comas profonds selon nos activités de la nuit précédente.

En 1983 je trouvais un travail d’automaticien sur les chantiers des aciéries, le boulot était très bien rémunéré à l’époque.

Mon premier achat fut la moto mythique de légende (en langage hypster) permettant d'accomplir un si long périple. Je n’étais pas encore fixé sur l’itinéraire mais il devait durer pratiquement un an.

En Mai 1983, je fis donc l'acquisition d'une BMW R80G/S à Nimes car à l’époque, je travaillais dans la région à Ugine Ardoise (Bagnole sur Cèze).

Mon premier voyage d’essai fut la Turquie en Aout 83 puis le tour du Magreb en octobre 84.

Aucun problème avec la machine, j’avais choisi le bon cheval.

Trajet

Trajet

Turquie 83

Turquie 83

Tunisie 84

Tunisie 84

En ce qui concerne l’itinéraire, il n’y avait pas beaucoup de choix. A l'époque, il n'y avait pas internet et tout le tintouin qui choisissent à votre place votre voyage. On fabriquait son voyage, avec ses rêves, il était à vous, c'était votre propriété et non celle de "Whatapp", "Amstramgram", "Pic et pic" et "Kolegram"ou autres aides à penser.

Avant de se rendre sur place, on ne savait pas à quoi ça allait ressembler et ce que l'on allait y trouver...C'était magique.

Partir vers l’est comme dans les années 70 n’était plus possible. En effet, passé la Turquie, la guerre Iran-Irak n’était pas totalement terminée, et ensuite, en Afghanistan, le pays était en pleine rébellion contre l’ URSS.

De plus, passer plus au nord par l’URSS était extrêmement compliqué.

Quant au Nord, je n’ai jamais été trop attiré par les pays européens et de toutes façons, il y fait trop froid.

Il restait donc le Sud et l’Ouest.

C’était décidé, je partirai vers le Sud et reviendrai par l’Ouest.

Je descendrai jusqu’à Abidjan puis passerai en Amérique du Sud jusqu’à Rio et remonterai jusqu’au Canada d’où je reviendrai en Europe.

Question visa, à l’époque on pouvait aller jusqu’en Côte d’Ivoire sans visa.

Il me semble, que le premier visa que je devais posséder était celui de l’Argentine car au Brésil, les voyageurs n’avaient pas besoin de visa. Je le récupérai à l'ambassade à Paris.

Après je me débrouillerai.

Pour le véhicule, le carnet de passage en douane suffisait pour voyager.

Je fixais mon départ pour le mois d’octobre 85. J'avais étudié le climat des différents pays que j'allais traverser pour profiter des meilleures époques.

Quelques mois auparavant, j’avais acheté, à Arcueil Motor, un réservoir de 40 litres et un amortisseur Ohlins car d’après la rumeur, l’amortisseur original BMW n’était pas assez solide.

Je faisais aussi l’acquisition d’un porte bagage Bottelin Dumoulin, de 2 sacoches cavalières et d’un gros sac de marin.

J’emportais un lot de pièces de premier secours et un pneu de rechange.

Le transport d’argent n’était pas non plus très simple. Les cartes de crédits étaient toutes récentes et ne fonctionnaient que dans très peu de pays.

J’amenais des traveller’s chèques et des dollars et aménageais une cachette dans le cadre de la moto. A l'intérieur de mon "Marcel" (maillot de corps) j'avais fait coudre 2 poches pour l'argent et les  papiers importants.

J'avais même amené mon diplôme et un certificat de mon employeur au cas où j'aurais trouvé du boulot en chemin.

Comme je n'amenais pas de tente, j'avais acheté un sur-sac de couchage. Il y avait même une petite tente pour la tête. Le vendeur m'avait expliqué  que c'était un tout nouveau matériau appelé "Gore tex" qui entrait dans la composition des scaphandres des cosmonautes . C'était imperméable et le corps pouvait respirer. Sauf qu'il avait du être testé sur la lune et que, sur  l'astre de la nuit, il ne pleut jamais.

En fait, on transpirait autant que dans un K Way mais en plus il n'était pas étanche et l'eau passait à travers. Je m'étais bien fait avoir pour 1000 FF. Mais, à cette époque, quel sacrifice n'aurait on pas fait pour ressembler à un cosmonaute ?

J'emportais, comme livre de chevet, "J'apprends l'Espagnol en 90 leçons". J'avais prévu une leçon par jour, afin qu'une fois arrivé en Argentine, je parlerai Espagnol. Et je dois dire que ça n'a pas trop mal marché.

J'emportai aussi une gourde, quelques cartes et un appareil photo ainsi qu'une petite camera super8.

 

 

Après avoir dit « adieu » à ma fiancée de l’époque (à moins que ce ne fusse le contraire), j’étais totalement paré pour l'aventure.

II – L’AFRIQUE

 

Le grand départ eut lieu mi-octobre.

A l'entrée de Parthenay, j’eus l'agréable surprise de voir mon ami Denis et sa femme venus m'attendre sur le bord de la route avec leur 850 Guzzi. Après un dernier "Adieu" je m'élançais pour un voyage qui allait durer 10 mois.

En deux jours j’étais à Marseille d’où j’embarquai pour Alger.

La traversée se passa sans problème particulier.

Je ne m’attardai pas à Alger que j’avais déjà visité en 1981 puis taillais la route vers Laghouat.

L’itinéraire ne m’était pas inconnu car c’était la troisième fois que je traversais par cette voie.

Puis vinrent les étapes classiques : Laghouat, Gardahia, El Goléa, le Tademaït, In Salah et Tamarasset.

Bien que cet itinéraire ait été goudronné, le revêtement était très mauvais avec du goudron pourri et beaucoup de sable

Avant Tamanrasset, je rencontrais un groupe de Français en moto. Je m’étais joint à l’équipe, quoique préférant rouler seul.

A Tamanrasset, je revoyais Sœur Jacqueline, que j’avais rencontré en 81 et à qui mes parents envoyaient régulièrement des médicaments.

Etant passé plusieurs fois par ces pays, je ne fis que peu de photos et préférais garder mes pellicules pour le reste du voyage

Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam
Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam
Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam
Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam
Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam

Beaucoup de pistes, surtout entre In salah et Tam

ou du goudron pourri

ou du goudron pourri

Des paysages curieux
Des paysages curieux
Des paysages curieux
Des paysages curieux

Des paysages curieux

Quelques habitations en plus ou moins bon état
Quelques habitations en plus ou moins bon état

Quelques habitations en plus ou moins bon état

Dans le souci de ménager la mécanique, je traversais avec un convoi de routiers Allemands de Tam à Arlit, la moto voyageant sur un camion.

Bien qu'amputé d'un bras, le chef de l'expédition conduisait son Mercedes 2624 avec une grande dextérité. C'est marrant, les Boches, il leur faut toujours un chef. Alors qu'avec les Ritals, tout le monde fait ce qu'il veut et c'est un joyeux bordel.

                                               Un Mercedes 2624, c'est ça (Internet)

 

Entre Tam et In Guezzam, la piste était infernale sur 400 km.

Entre Tam et In Guezzam, quelques véhicules y ont laissé la vie...et même aussi quelques voyageurs, mais à l'époque on ne faisait pas d'histoires pour autant (Raid 81)

 

Arrivé à In Guezzam, la blague favorite du douanier algérien était de demander le certificat de vaccination anti-cholérique qui n'était plus obligatoire. Qui plus est, pour sortir du territoire, ce qui n'est pas banal.

Ceux qui avaient le malheur de ne pas l'avoir devaient retourner à Tamanraset.

Surement estimait il ne pas être suffisamment payé pour officier dans ce "trou du cul du monde".

Il n'appartenait même pas au personnel de santé mais il représentait l'autorité suprême et incontestable.

Plutôt que de se mettre à dos ce valeureux fonctionnaire en proposant un arrangement qui pouvait s'avérer catastrophique, il était préférable d'utiliser la ruse.

"Baise la main que tu ne peux couper" dit, à juste raison, un proverbe arabe

Mes Kamarades Allemands et moi-même n'avions donc pas ce fameux sésame. C'était sans compter sans l'organisation germanique. Le chef savait fabriquer des faux certificats de vaccination et il vaccina ainsi tout l'équipe au "stylo à bille".

C'est un type de vaccination très utilisé en Afrique car on ne sait pas toujours d'où viennent les vaccins (la plupart de Chine) qui sont parfois plus dangereux que la maladie elle-même.

 

Ensuite d’Arlit à Niamey les routes étaient goudronnées et de bonne qualité.

En cours de route, je faisais connaissance de Roland. C’était, ce que l’on appelle un « Tropical Tramp » qui après avoir traîné ses guêtres au Brésil au guidon d’une Yamaha 175 cc était revenu voir sa vieille mère en France. Il avait ensuite acheté une 350 XT Yamaha au guidon de laquelle, il roulait vers le sud.

Ses réactions assez surprenantes firent que nous nous quittâmes à Niamey.

Je devais le revoir par hasard à Kinshasa en 1987. Il ne me reconnut qu’au bout de plusieurs longues minutes.

 

Après quelques jours de repos à Niamey, je continuai sur Ouagadougou.

La route goudronnée n’existait pas à l’époque et je faisais le trajet en 2 jours après m’être arrêté à Fada N’Gourma.

Le tavernier de l'hôtel où je m'arrête me propose alors une chambre garnie. Je le remercie, je prends la chambre et laisse la garniture qui semble un peu dépitée mais fait mauvaise fortune, bon coeur.

Lorsque j’étais passé en Haute Volta en 82, Zerbo était encore président.

Lors de mon passage en Novembre 85, le pays avait connu la révolution Sankariste et s’appelait le Burkina Faso.

Leur devise : « La patrie ou la mort, nous vaincrons »

Je ne m’arrêtais qu’une nuit à Ouaga puis continuais sur Bobo que j’atteignis au bout de 2 jours.

Je rencontrais beaucoup d'harmattan au Burkina

Je rencontrais beaucoup d'harmattan au Burkina

Roland posant pour la photo avec 2 hommes d'affaire Nigérien

Roland posant pour la photo avec 2 hommes d'affaire Nigérien

A cette époque, avait lieu la « Guerre des pauvres » entre le Burkina et le Mali.

Pour des prétextes futiles dont personne ne se souvient plus, le Mali attaqua le Burkina le 25 décembre 1985. Ce qui valut aussi le nom de "Guerre de Noel" à cet incident de l'histoire.

La raison profonde est que aussi bien Moussa Traoré (président du Mali) que Houphouët-Boigny de la Côte d'Ivoire voyaient d'un très mauvais oeil l'établissement d'un régime révolutionnaire à ses frontières. De plus, Thomas Sankara, jeune président, avait besoin de renforcer son image auprès des populations.

Malgré la bonne volonté des combattants, celle ci ne dura pas bien longtemps faute d’essence, de matériel, de munitions, enfin faute de tout ce qu’il faut pour faire la guerre.

 

Après une ou 2 journées à Bobo, je partais sur Banfora. J’essayais d’aller voir la cascade mais je n’arrivais pas à la trouver. Je continuai rapidement sur Ouangolodougou, poste frontière entre le Burkina et la Côte d’Ivoire.

N’ayant pas d’endroit au dormir, je trouvais la location d’une cabane derrière une station essence pour 5 FF la nuit.

Au bout de 2 nuits, la fille de la propriétaire vint me tenir compagnie. Le lendemain, je déménageai chez ma nouvelle fiancée. Ce qui me permit de passer quelques nuits supplémentaires dans une vraie maison et dans un vrai lit chauffé. Quoiqu'en Afrique, le chauffage soit plutôt un luxe.

C'est à cette occasion que je connus le foutou igname sauce Maggy, spécialité du pays.

Le jour du départ fut douloureux. Je fus séquestré avec ma moto dans l’attente d’offrir un cadeau de départ. Après plusieurs minutes de tractations, j’étais enfin libéré en échange d’une de mes photos d’identité. J’étais de nouveau libre.

A chaque fois que je passe à Ouangolodougou devant la station, j’ai un petit pincement de cœur.

 

Le surlendemain sur la route vers Abidjan, je décidais de m’arrêter manger dans un maquis (restaurant traditionnel) à Bouaké. J’eus la surprise de rencontré Pascal L. un de mes promotionnaires lorsque j’étais à l’université.

Il faisait son service militaire en Côte d’Ivoire comme VSN enseignant à l’ENSET de Yamoussoukro. Il roulait sur 500 XT.

Puis se fut la descente sans histoire à Abidjan, via Yamoussoukro.

Je devais rester à Abidjan plusieurs semaines pour trouver un moyen d’aller sur Rio avec la moto.

Heureusement, un autre promotionnaire, Luc L’H. faisait son service national en tant que VSN au Lycée technique d’Abidjan à Cocody. Je logeais chez lui.

Il me fit rapidement connaître les lieux « people » d’Abidjan qui a l’époque se trouvaient autour de la Rue 12 à Treichville. Pour ne citer qu’eux : Le Janic bar, la cabane Bambou, le café des arts, j’en passe et des meilleurs.

Je me retrouvais assez rapidement une fiancée pour me consoler de celle que j'avais lâchement abandonnée lors de mon départ de Ouangolodougou.

A cette période, je fis connaissance avec les volontaires appelés du contingent qui étaient stationnés à Port Bouet (quartier d’Abidjan). La population locale les avait surnommés « Gobies », qui signifie plus ou moins poisson pourris. C’est dire s’ils étaient appréciés.

Cependant, ce surnom correspondait assez bien à la réalité. Irrespectueux, bagarreurs, bruyants, limités intellectuellement, ce n'était pas une vitrine flatteuse pour l'armée française.

Quelques années plus tard, le gouvernement français n'envoya plus que des soldats de métier beaucoup plus discrets.

Comme ma présence à Abidjan coïncidait avec les vacances de Noël de Luc, nous partîmes en famille sur Man à l’ouest de la Côte d’Ivoire avec sa Toyota Starlette qui était une voiture de route classique. A cette époque, toutes les routes n’étaient pas goudronnées mais la plupart des pistes étaient en très bon état.

Houphouet Boigny avait fait un très beau pays, avec de belles infrastructures routières, hôtelières,…

Il avait aussi misé sur l’éducation et l’enseignement.

Plusieurs écoles à l’époque avaient un niveau européen et les cadres qui en sortaient étaient très valables.

Malheureusement les années d’attentisme de son successeur HKB (Henri Konan Bédié) et la politique calamiteuse de Laurent Gbabo ont presque ruiné le pays. Depuis, Alassane Ouatarra essaye de le redresser.

Paysage vers Man, on remarquera la qualité des pistes
Paysage vers Man, on remarquera la qualité des pistes
Paysage vers Man, on remarquera la qualité des pistes

Paysage vers Man, on remarquera la qualité des pistes

Lors de nos visites dans la région de Man, nous traversâmes un village pour visiter un pont de lianes. Au moment de notre passage, nous avions noté une certaine agitation.

Après avoir vu le site, lorsque nous sommes retournés, les hommes du village bloquaient la route avec des troncs de bananiers et autres branchages.

Je remarquai une lueur d’effroi dans les yeux de nos accompagnatrices.

« Que se passe t il ? » demandais je à Luc.

« C’est rien, c’est juste que le coin est réputé pour abriter des cannibales alors les gonzesses elles z'ont la trouille".

Les blancs, on risque rien, nous, on est comptés. »

En fait, c’est simple, du fait que les blancs soient répertoriés, numérotés, immatriculés, possèdent des papiers, il est très difficile d’en faire disparaître un sans s’exposer à des tracasseries administratives sans fin, ce qui gâche un peu la sauce si j’ose m’exprimer ainsi.

Je fus ainsi violemment confronté aux effets pervers de la colonisation envers les coutumes d’un pays qui ne demandait qu’à recouvrer son indépendance gastronomique.

« Y’a quoi » demanda Luc

Celui qui semblait être le chef s’approcha :

« Chose, là…vous avez passé pour visiter le chose, mais il faut payer, chose »

Finalement, après quelques palabres, il apparut que nos amis villageois souhaitaient simplement percevoir un droit de visite pour le site artisanal que nous venions de visiter et non pour nous inviter à manger comme le laissait entendre nos 2 amies dont la perspective d’être les vedettes du festin n’enthousiasmait pas totalement.

De toutes façons, la galanterie française nous aurait interdit d'assister à la consommation de nos compagnes sans manifester notre désapprobation. En signe de protestation, nous aurions boycotter le repas.

C'est sur !

Après nous être acquittés du droit de quelques milliers de CFA pour pûmes retraverser sereinement le village.

Autres paysages - Village
Autres paysages - Village
Autres paysages - Village
Autres paysages - Village
Autres paysages - Village

Autres paysages - Village

De retour à Abidjan, je cherchais un moyen pour passer de l’autre côté, en Amérique du Sud.

A l’époque, la ligne aérienne brésilienne Varig proposait un trajet Abidjan – Rio.

Mon transport était assuré, il restait celui de la moto.

Je traînais donc sur le port et me rendais à la Nedlloyd qui assurait un transport de marchandise vers Rio.

J’achetais mes titres de transport et planifiais mon départ pour mi-janvier.

Je m’entendais bien avec mon ami Luc mais la cohabitation avec sa fiancée était plus difficile.

De plus, je m’aperçus qu’elle utilisait ma gamelle pour son hygiène intime. N’étant pas d’un naturel regardant, je fus qu’en même surpris et mis son comportement sur le compte du choc des civilisations. Dans la crainte d'un maladie de la sphère bucco pharyngé, je lui retirais ma casserole et la priais de prendre un autre ustensile pour ses ablutions.

II – L’AMERIQUE DU SUD

 

J’expédiais la moto par bateau avec la compagnie Nedloyd début janvier puis je prenais un billet aller simple Abidjan Rio pour la mi-janvier.

Ce décalage me permettait d’arriver en même temps que la moto au Brésil et d’attendre à Abidjan plutôt qu’à Rio où je ne connaissais personne.

Lorsque j’arrivai à Rio, je n’attendis la moto que quelques jours.

Le carnet de passage en douane n’étant pas suffisant, je pris un transitaire.

Il m’en coûtât 200 $, ce qui était une assez grosse somme pour moi.

La sortie en douane dura une dizaine de jours pendant lesquels je visitais la ville. J’avais prévu de rester jusqu’au carnaval en février.

Les premiers jours, je fis la connaissance d’artistes pas très nets. Avec eux, je visitais un peu Rio. Ensuite, un de mes amis en France m’avait donné l’adresse d’une de ses amies brésiliennes qu’il avait rencontré lors d’un précédent voyage.

C’était une fille de bonne famille très sympathique qui m’amena visiter le Corcovado, sur lequel est construite la statue du Christ Rédempteur, ainsi que d’autres sites dans Rio avec sa Volkswagen coccinelle à alcool. Cependant, je ne voulais pas abuser de son hospitalité et ne la voyais que ponctuellement.

Vue de la ville de Rio
Vue de la ville de Rio
Vue de la ville de Rio
Vue de la ville de Rio

Vue de la ville de Rio

Un jour, comme tout bon touriste qui se respecte, je partais me promener à Santa Teresa. C’est un quartier de Rio où on accédait à l’époque par un petit tramway électrique sans cloison appelé « Bonde » qui passait sur des ponts surplombant la ville.

Alors que je me reposais sur un banc, je remarquais 3 individus qui me regardaient avec insistance. Je n’y fis pas tout de suite attention.

A la fin de ma visite, je remontais dans le tramway et m’asseyais tranquillement.

Au bout de quelques instants, un des 3 types attrape mon appareil photo qui pendait autour de mon cou et tire violemment dessus. Sous le coup de la surprise, je criai et manquai de tomber en dehors du wagon. La sangle était très résistante et ne cassa point.

Après avoir essayé quelques secondes sans succès, mon agresseur lâcha prise.

Je regardais autour de moi, il était déjà parti ! Les autres usagés de la voiture firent comme si rien ne s’était passé !

Maintenant j’étais sur mes gardes et je pris la petite bombe lacrymogène d’auto défense que j’avais dans ma poche de pantalon pour la mettre dans la poche de ma chemise.

C'est très pratique mais il semblerait que ce type soit maintenant interdit de vente en France dans le cadre de la protection des voleurs et autres délinquants, qui comme je l'explique un peu plus loin sont les seules victimes de ce monde sans pitié.

Je l’avais acheté en France, c’était le modèle le plus puissant qu’il ne faut pas utiliser à moins de 3 mètres.

C’est un peu difficile à respecter lorsque vous vous faites agresser. Ce n’est pas évident de demander à l’agresseur de bien vouloir reculer de 3 mètres afin que vous puissiez lui envoyer une petite giclée dans le seul but qu’il arrête de vous importuner.

Quelques minutes après, ça recommence. Quelqu’un me ré-agresse par derrière en me ceinturant avec son bras gauche et tire sur la sangle avec son bras droit.

Décidément, c’est une manie et je dirai même plus une obsession chez ces gens là.

Comble de malchance pour lui, l’appareil photo se coince sous mon bras immobilisé. De mon autre bras, je récupère ma bombinette et par-dessus ma tête lui envoie une bonne giclette à bout portant.

Il lâche pratiquement aussitôt, je me retourne et me lève pour pouvoir finir manuellement le travail façon tomate bien mure.

Malheureusement mon ami pris d’un malaise soudain, s’était éclipsé me laissant avec la frustration d’un bel ouvrage inachevé.

Frustration qui m’amena à badigeonner une autre personne qui, me semble t il, était suspecte.

Voyou ou dommage collatéraux, je ne le saurais jamais.

Comme d’habitude, personne n’avait bougé et même certains pisse-vinaigres se plaignaient d’un léger picotement aux yeux. J’aurais presque du m’excuser de m’être fait agresser, ce qui correspond très bien à la doctrine des droits de l’homme et de la justice française comme quoi l’agresseur est une victime de la société et l’agressé un agresseur qui n’avait pas à se trouver là au mauvais moment pour agresser de sa seule présente la victime qui était en fait l’agresseur.

Vous me suivez ? C’est pas simple le raisonnement des droits de l’homme. Faut être un intellectuel pour comprendre tout ça .

En Afrique, cela aurait été beaucoup plus simple : Un pneu, un litre d’essence, une allumette.

Seul remède radical qui empêche le malfaiteur le plus endurci de recommencer.

Un peu expéditif mais efficace.

Je proposais à ceux qui se plaignaient un petit lavement oculaire gratuit avec mon produit miracle ; aucun de tous ces courageux n’accepta.

D’autres usagers par contre levèrent leur pouce en signe de contentement. D’autres encore s’étonnèrent de l’efficacité de ce petit appareil.

 

Maison peinte située à proximité de mon hôtel

Maison peinte située à proximité de mon hôtel

Je rentrai à mon hôtel qui était un peu particulier :

Lorsqu’il pleuvait, je le savais assez rapidement car j’en été informé par une fuite d’eau au-dessus de mon lit.

Il était aussi assez mal insonorisé et je fus plusieurs fois réveillé la nuit par des couinements d’extase provenant de la chambre d’à coté.

Le soir, lorsque je sortais prendre l’air sur les bancs, des travestis et autres folles de la nuit venaient me conter fleurette, ce qui finit assez rapidement par m’indisposer.

Autres paysages
Autres paysages

Autres paysages

Enfin, je pus récupérer ma moto. J’allais la chercher, et je trouvais un garage pour la mettre à l’abri pour la nuit.

Je rentrais dans le garage et pendant que je discutais le prix avec le patron, un type rentre et fait le signe avec la main que quelqu'un vient de se faire tirer dessus.

Je me mets d’accord sur le prix avec le patron et je ressors.

Dehors, il y a un homme étendu, visiblement pas au mieux de sa forme, avec une plaie à la tête à côté de sa moto. Il était comme qui dirait un peu mort.

D’un naturel timide et ne voulant pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, je rentre à pied à l’hôtel.

Finalement, après avoir fréquenté des mecs louches, m’être fait attaquer, vu un meurtre se dérouler pratiquement sous mes yeux, avoir été abordé par des drag-queens, je décidais que la vie dans la belle cité des cariocas était un peu trop trépidante à mon goût.

Le lendemain je prenais la moto et taillais vers le sud.

Vue du brésil
Vue du brésil
Vue du brésil
Vue du brésil

Vue du brésil

Sur la carte, j’avais repéré une petite ville qui me semblait bien sympathique pour y passer le carnaval. Son nom : Curitiba.

Je traversais Sao Paolo sans m’y arrêter puis continuai sur Curitiba. Le long de la route, je rencontrai des gens sympas. Je dormais dans des pensions de famille avec des travailleurs comme il en existait à l’époque en France. Ca me changeait de l’atmosphère glauque et malfaisante de Rio.

Enfin j’arrivais à Curitiba sans encombre. J’y passais un bon carnaval, certes moins spectaculaire qu’à Rio mais tellement plus reposant.

Ensuite, je pris la direction de Foz d’Iguaçu. Il y a de très belles chutes ainsi qu’un gros barrage hydro-électrique qui était en construction à l’époque.

Chemin faisant, je m’arrête sur le bas côté pour me reposer.

Quelques instants plus tard, je redémarre et j’attends un claquement sinistre dans le moteur.

Ca y est, j’ai descendu une bielle. Pas possible avec une Béhème !

Finalement, j’écoute plus précisément. Le claquement n’est pas celui d’un coussinet  et en plus provient du haut moteur.

Je démonte les caches culbuteurs et m’aperçois qu’il y a un jeu énorme sur une soupape entre sa queue et le culbuteur.

La soupape est coincée et n’arrive pas à se refermer normalement.

J’arrive à la décoincer et j’étudie la cause du phénomène.

Je regarde dans mon réservoir et je m’aperçois que le revêtement interne est en train de se décomposer et  partir dans l’essence. Le problème vient du carburant qui est en fait de l’essence avec une grosse proportion d’alcool. Ce type de carburant nécessite des moteurs spéciaux ainsi que des lignes d’alimentation en carburant adaptées. Heureusement, je n’ai plus beaucoup de kilomètres à faire avant de quitter le Brésil.

Je refais les jeux aux soupapes et je repars doucement.

Une fois quitté le Brésil, je n’ai plus jamais eu de problème

Je visite les Foz d’Igazu qui sont vraiment magnifiques puis je continue sur le Paraguay et Asunción.

C’est là que je découvre le maté auquel ils ont rajouté du Sprite ou du Seven up.

Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara
Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara
Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara
Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara
Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara
Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara

Vue des chutes d'eau à Foz d'Iguaçu, très spectaculaires. Il ne faut les manquer à aucun prétexte. Elles sont bien plus belles que celles du Niagara

Vue du barrage
Vue du barrage
Vue du barrage

Vue du barrage

Autres photos du sud du brésil.
Autres photos du sud du brésil.
Autres photos du sud du brésil.

Autres photos du sud du brésil.

Je passe quelques jours à Asunción dans une auberge tenue par un chinois.

Rien ne me paraît intéressant dans cette ville et je décide de partir vers l’Argentine.

Je me perds un peu dans la ville est demande ma route à un cycliste déguisé en cycliste avec tout l’attirail à la dernière mode.

Le type est très sympathique et après une longue discussion, il me propose de rester quelques temps chez lui. J’accepte bien sur. Ce qui me permet d’en apprendre un peu plus sur le pays.

Il m’explique qu’il s’appelle Ralph Guere, qu’il est d’origine allemande et que  son grand-père est arrivé au Paraguay avant 1914. Nous passons la journée ensemble puis je repars le lendemain. Comme on le verra par la suite, à part au Brésil, partout en Amérique du Sud et centrale j’ai rencontré des gens très accueillants et d’une grande gentillesse.

Le palais présidentiel en 1986. Alfredo Stroessner était alors à la tête de l'état

Le palais présidentiel en 1986. Alfredo Stroessner était alors à la tête de l'état

Il n'y a pas vraiment de beaux paysage dans cette région du Paraguay
Il n'y a pas vraiment de beaux paysage dans cette région du Paraguay

Il n'y a pas vraiment de beaux paysage dans cette région du Paraguay

Je passe en Argentine. Le pays sort de la dictature des généraux mais je trouve des gens ouverts et très sympathiques.

J'ai même droit à une dégustation de maté à la frontière.

A chaque fois que je m’arrête, ils viennent me demander d’où je viens, quelle est la contenance de mon réservoir ? Puis des renseignements techniques sur ce genre de moto qu’ils n’ont pas l’habitude de voir.

Je roule sans encombre à travers la pampa qui est une plaine monotone et les paysages n’offrent aucun intérêt.

Sur la route

Sur la route

Je décide de m’arrêter quelques jours  à Résistencia dans la province du Chaco pour y faire la révision de la moto.

Je trouve un camping correct en face d’une hamburgesia qui est l’équivalent de nos fast food.

Après avoir passé la nuit au camping et commencé la révision, je vais me restaurer au fast food. La patronne Linda, est une jeune femme très attirante.

Elle est d’origine paraguayenne.

Je ferai ensuite la connaissance de tous ses amis dont le propriétaire d’un magasin de poissons d’agrément.

Mes amis argentins de Résistencia. Linda est à droite. A gauche : "La Negra" ainsi surnommée car elle est mexicaine. Une fille très très gentille.

Mes amis argentins de Résistencia. Linda est à droite. A gauche : "La Negra" ainsi surnommée car elle est mexicaine. Une fille très très gentille.

Finalement, je resterais 1 mois avec mes amis et visiterais la région.

Un jour nous sommes partis pour un « assado », c’est en fait un barbecue argentin.

« On va en profiter pour chasser un peu » : me disent mes amis.

Nous montons dans le pick up transformé en ligne Maginot et roulons vers le lieu de rendez-vous dans la direction de Parana.

En chemin, à environ 50 mètres dans la brousse, le chauffeur repère un groupe d’oiseaux et s’arrête.

Alors commence une fusillade digne des meilleurs westerns.

Au bout de plusieurs longues secondes, le canardage prend fin.

Heureusement, de notre côté, aucune victime n’est à déplorer.

Par contre, côté volatiles, il y a un mort.

Nous repartons aussitôt, sans descendre pour achever les blessés, fiers de notre tableau de chasse.

Je suis un peu sceptique et même déçu mais j’apprécie par politesse.

Puis nous arrivons sur le lieu des festivités où je suis bien reçu. J’ai même droit à un cours d’équitation.

De tous les pays du nouveau monde, y compris les Anglo-saxons, c’est l’Argentine que j’ai le plus aimé. L’immigration a été essentiellement espagnole, italienne et française. La mentalité est très proche de celle des italiens.

D'habitude, j'en ai 50 sous les fesses, mais celui-ci, je le sens pas....Visiblement, il ne me sent pas non plus.
D'habitude, j'en ai 50 sous les fesses, mais celui-ci, je le sens pas....Visiblement, il ne me sent pas non plus.

D'habitude, j'en ai 50 sous les fesses, mais celui-ci, je le sens pas....Visiblement, il ne me sent pas non plus.

Chose surprenante, mon arrière-grand-père  a vécu à Corrientes (15 km de Résistencia) à la fin du XIX ème. Il est parti de son Périgord natal pour l’Argentine où il y est resté plusieurs années comme précepteur dans une riche famille argentine. On ne sait rien de cette époque de sa vie, on a supposé qu’il avait laissé une famille là-bas et qu’une fois en France, on lui a caché les lettres en provenance d’Argentine.

Ce n’était pas vraiment le Tonton Cristobal de Pierre Péret :

« Tonton Cristobal est revenu
 Des pesos des lingots il en a le cul cousu
La famille hypocrite crie vive le barbu
Tonton Cristobal est revenu,,,,, »

« Des pieds au blair il est plein de cicatrices
Truffé de valdas dans le tiroir à saucisses… »

Il s’est ensuite marié puis est devenu instituteur dans le Périgord.

 

Bon, pas vraiment une tête de farceur
Bon, pas vraiment une tête de farceur

Bon, pas vraiment une tête de farceur

J’ai correspondu assez longtemps avec Linda avec qui je m’entendais très bien.

Elle signait toujours « Mucho Carino ». Ce que j’ai longtemps traduit pas « Gros calin », m’imaginant de ce fait des situations dont la volupté n’avait de limites que celles de mon imagination.

Ce n’est que dernièrement que j’ai appris, avec déception, que « Mucho Carino » signifie plus une relation de tendresse et de respect plutôt que profondément charnelle.

A ce propos, je ne vous conseillerai que trop de vous méfier des traductions espagnoles.

Tenez, par exemple « Besame mucho »

Le Français moyen va traduire par « Baise moi fort », une proposition plus proche du comportement de Clara Morgan que de celui de la Princesse de Clève.

Et bien non !, cela veut dire ;

« Embrasse moi tendrement ».

De telles confusions dans la traduction peuvent vous expédier directement en prison pour viol aggravé.

Au bout d’un mois, je dois partir vers mon destin.

« C’est le dur tribut, que nous aventuriers, devont payer à notre liberté ».

C’est beau comme citation, on dirait du Koh Lanta.

« Vaya con suerte, vaya con Dios » me disent mes amis alors que je m’éloignais déjà.

 

Ci-dessous un petit souvenir de mes amis argentins

 

Quelques kilomètres plus loin, un policier m’arrête, me demande mes papiers puis me demande mon extincteur. Celle là, on me l’avait jamais faite, même en Afrique où il est de bon ton de demander le carnet de baptême et le carnet de vaccination lors d’un contrôle routier.

 

Ma prochaine destination était la cordillère des Andes.

Je passais Salta puis m’arrêtais à San Salvador de Jujuy.

C’était déjà les Andes.

A San Salvador, des bonnes âmes me conseillent de ne pas aller plus loin car il pleut sur la piste et que je ne pourrais pas passer. C'est gentil, mais je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien et je décide de ne pas les écouter. L'avenir me donnera raison.

Je continuai en direction de la Bolivie. J’y arrivai un dimanche après midi.

J’allais chercher au bar le douanier qui devait tamponner mon carnet de passage en douane et l’aidais à monter dans son bureau qui était au premier étage. Visiblement souffrant d’une crise de déshydratation, il l’avait combattu courageusement depuis le début de la matinée.

Malheureusement, du fait des effets secondaires de son médicament favori, il n’arrivait plus à se souvenir où il avait mis ce fameux tampon. Je l’aidais avec un billet de 5$, ce qui lui permit de retrouver très rapidement la mémoire et de poursuivre son traitement. Comme quoi, dans toute maladie, c’est le diagnostic qui est important.

Quelques instants plus tard, j’entrai en Bolivie.

Photos des andes Argentine - Bolivie
Photos des andes Argentine - Bolivie
Photos des andes Argentine - Bolivie

Photos des andes Argentine - Bolivie

Sur la route des Andes
Sur la route des Andes
Sur la route des Andes
Sur la route des Andes

Sur la route des Andes

La Bolivie, rien à voir avec l’Argentine. L’ambiance y était mélancolique et même un peu triste.

Alors qu’en Afrique, lors de la traversée de village, les enfants trépignent et dansent de joie en criant Toubabou, Toubabou (Le blanc, le blanc) ; en Bolivie, les gens ne lèvent même pas la tête. Ca ne les empêchent pas d’être gentils et serviables lorsqu’il y a des problèmes.

Un soir, après une journée de conduite sur la piste, je m’arrête dans un village et trouve une auberge. Je me lie d’amitié avec le patron et nous nous racontons nos vies respectives.

« Tu vois », me dit il, « j’ai fait, à l’époque, le trafique de cocaïne. On m’a attrapé et mis quelques temps en prison. Lorsque je suis ressortis, j’avais gagné assez d’argent pour me payer cet hôtel, maintenant je suis bien ».

Ainsi va la vie.

Une autre fois, je m’arrête dans un hôtel. Le soir, j’ai une envie pressante mais il n’y a pas de papier..

Eh oui !, ce n’est pas parce qu’on parcourt le monde qu’on a pas des goûts de bourgeois.

Je descends dans la rue et rentre dans une boutique pour acheter du papier. La vendeuse me vend un rouleau à 800.000 pesos que je paye avec un billet de 5 millions. Elle prend alors une ancienne boite de gâteau rempli de billets et à la lueur de la lampe à pétrole me rend la monnaie avec la presque totalité du contenu de la boite…

Une autre fois encore, après avoir roulé toute la journée dans la montagne sous la pluie, dans le froid et la boue, j’arrive dans un tout petit village. Je trouve une petite gargotte sur le bord de la piste. Je m’arrête frigorifié et demande au propriétaire s’il a une chambre. Il me répond que « Si Senor ».

Il démonte la porte qui donnait dans sa cour pour que je puisses y rentrer la moto.

Je dîne et je me couche dans un coin de sa chambre avec femme et enfant car il n’avait qu’une pièce.

Je ne me souviens plus si le lendemain il a voulu que je lui paye la nuit…

C’est ça l’hospitalité.

 

Bolivie : Les pistes ne sont pas toujours faciles
Bolivie : Les pistes ne sont pas toujours faciles
Bolivie : Les pistes ne sont pas toujours faciles

Bolivie : Les pistes ne sont pas toujours faciles

"Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau"

"Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau"

Bien qu'étant sous les tropiques, il peut arriver qu'il fasse très froid

Bien qu'étant sous les tropiques, il peut arriver qu'il fasse très froid

La tradition est de planter des croix aux endroits où il y a eu des accidents mortels. Les grosses croix indiquent que c'est un transport en commun qui est parti dans le ravin à cet endroit.

La tradition est de planter des croix aux endroits où il y a eu des accidents mortels. Les grosses croix indiquent que c'est un transport en commun qui est parti dans le ravin à cet endroit.

Tiens ! Au détour d'un virage, des lamas

Tiens ! Au détour d'un virage, des lamas

Puis ce fut Potosi. J’en profitais pour visiter les mines et faire une fête avec des amis de rencontre. Potosi est une ville curieuse et intéressante à visiter.

C'est en Bolivie que je fus initié à la coca.

La première fois que l'on m'en a proposé, j'ai cru que j'allais devenir un junky.

En fait, c'est une tisane faite à base de feuilles de coca. C'est tout à fait légal et c'est un excitant comme le café ou le thé. Les effets sont très minimes.

C'est sur que ça ne vaut pas une petite mirabelle après le repas.

Photos de Potosi
Photos de Potosi
Photos de Potosi

Photos de Potosi

Big problème, je pensais que c'était Potosi mais je n'en suis absolument plus sur ????

Big problème, je pensais que c'était Potosi mais je n'en suis absolument plus sur ????

Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie
Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie

Photos de l'altiplano, malheureusement, je n'arrive pas à retrouver les endroits des prises Bolivie ou Pérou ? Mais la plupart sont prises en Bolivie

Après avoir traversé des paysages magnifiques et fascinants dont la beauté ne peut être rendue à travers mes vieilles photos, j’arrive à La Paz.

A la Paz, je cherche un hôtel puis un garage pour y garer ma moto quelques jours.

Je rencontre le directeur de la concession Peugeot qui accepte de garder ma moto. C’est un Bolivien d’origine Allemande qui a fait ses études à Cologne.

Il faut avoir à l’esprit que les Allemands que l’on rencontre en Amérique du Sud ne sont pas tous d’anciens Nazis.

Il y eu plusieurs vagues :

Avant 1914

Après 1918 et pendant la grande récession d’après guerre

Avant 1939

Après 1945, c’était ceux là les moins fréquentables…mais de toutes façons, tant que ça reste en famille….

D’ailleurs miss Bolivie en 85 ou 86 était une belle blonde plantureuse que l’on rencontre plus souvent en Bavière une chope de bière à la main que sur les hauteurs de l’Altiplano.

On sentait bien que l’on était en Amérique du Sud car un matin, j’entends 2 fortes explosions. Des guérilleros avaient envoyé des bâtons de dynamite sur l’ambassade des USA sans faire de victime.

C'était l'époque du sentier lumineux (El sendero luminoso) au Pérou, des FARC en Colombie et autres groupes marxisto, indépendanto, bordelo, révolutionnaires qui sévissaient en Amérique du Sud dans les années 80. Ces bandes de nés pour rien, avec à leur tête des pseudo-intellectuels, semaient la terreur dans la région en assassinant au hasard des innocents. Rien que le sentier lumineux, à lui seul serait responsable de 70.000 morts.

Personnellement, je n'ai jamais trouvé lumineux de tuer des pauvres gens.

Remarquez qu'actuellement ce n'est pas mieux avec les barbus. La forme change mais le fond est le même.

En Colombie, j'avais rencontré des français qui avaient eu maille à partir avec un de ces mouvements. Un des gars avait reçu un coup de crosse dans la tête, comme ça, cadeau, pour rien. Les révolutionnaires les avaient fait chier quelques temps puis les avaient libéré.

Je m’ennuie vite dans les villes. Après quelques jours à la Paz, je reprends la route vers Puno et le lac Titicaca. Je passe au Pérou par Copacabana.

A ce propos, je ne saurais que trop vous conseiller le chant traditionnel de cette région:

"Die Vögelchen vom Titikakasee"

Za barle de betits oizeaux zur le lac. Z'est très très romantic.

On la trouve sur le vouèbe, un peu comme si Tino Rossi chantait "Black Dog" de Led Zep.

 

"Die Vögelein, die Vögelein vom Titikakasee,
die strecken wenn die Sonne scheint,
das Schwänzchen in die Höh'...
Ach Mädelein, ach Mädelein,
wenn ich dich vor mir seh',
wär ich so gern ein Vögelein vom Titikakasee."

Visiblement, le chanteur est amoureux d'une certaine "Mädelein" et d'après la traduction, elle ferait monter la petite queue des petits oiseaux vers le haut 'das Schwänzchen in die Höh'...

Finalement le troubadour éploré voudrait être un petit oiseau  "wär ich so gern ein Vögelein vom Titikakasee". On notera quand même un certain manque d'ambition dans les propos de l'auteur quant à la dimension de sa queue.

Sur celle du milieu, il y a même des flamands roses....mais tout petits, petits
Sur celle du milieu, il y a même des flamands roses....mais tout petits, petits
Sur celle du milieu, il y a même des flamands roses....mais tout petits, petits

Sur celle du milieu, il y a même des flamands roses....mais tout petits, petits

Z'est drés drés zoli
Z'est drés drés zoli
Z'est drés drés zoli
Z'est drés drés zoli
Z'est drés drés zoli

Z'est drés drés zoli

Bolivie ou Pérou

Bolivie ou Pérou

Entre La Paz et Puno, je franchis un col à 4310 mètres.

La moto a perdu beaucoup de ses chevaux du à l'atmosphère raréfiée. Moi-même, je ressens le manque d’oxygène à travers une certaine faiblesse musculaire.

Col entre La Paz et Puno
Col entre La Paz et Puno

Col entre La Paz et Puno

A Puno, je décide d’aller à Cuzco et au Machu Pichu. Cependant je ne souhaite pas y aller en moto car je commence à être fatigué de la piste.

Je demande à l’hôtel de me garder ma moto et décide de partir en train. Ca me permettra de regarder le paysage et me reposera quelques jours.

A Cuzco, je trouve à me loger dans un dortoir. J’essaye de me loger à 1 ou 2$. Parfois, on y arrive, d’autre fois, il n’y a que les dortoirs à ce prix. Il faut juste éviter de se faire voler les affaires.

Finalement, les nuits suivantes, je trouve une chambre individuelle.

Je visite Cuzco puis je pars vers le Machu Picchu avec un Allemand.

Vues de Cuzco
Vues de Cuzco
Vues de Cuzco

Vues de Cuzco

Cuzco ? Je n'en suis pas sur

Cuzco ? Je n'en suis pas sur

Le train pour aller au Machu Picchu déraille souvent, mais cette fois si, nous avons eu de la chance, tout s'est bien passé.

Nous passons la nuit à Agua Calientes puis le lendemain nous partons pour la visite.

Déjà, à l’époque, il y avait beaucoup de touristes américains…Je me demande comment c’est maintenant.

Après avoir visité le site, nous retournons sur Cuzco.

La dernière nuit, j'ai droit à un tremblement de terre. C'est l'Allemand qui me le fait remarquer le lendemain matin : "Ach, es gibt ein terremoto this night"

J'avoue avoir mis quelques instants à décripter ce langage esperantesque.

Je n'avais rien senti...Bon, c'était pas un gros non plus. Il y a effectivement quelques écailles de plâtre qui se sont détachées du plafond. Le principal c'est de ne pas avoir pris la maison sur la tronche; mais avant d'en arriver là, il y avait encore quelques graduations de libres sur l'échelle de Richter.

Ensuite, retour sur Puno en train où je récupère la moto et décide à l'unanimité (c'est plus facile quand on est seul et ça évite les discutions inutiles) de descendre sur la côte et de prendre la direction de Nazca puis de Lima

Le Machu Picchu, vraiment magnifique mais il doit être très difficile à l'heure actuelle de pouvoir faire des photos sur lesquelles n'apparaissent pas des hordes de touristes
Le Machu Picchu, vraiment magnifique mais il doit être très difficile à l'heure actuelle de pouvoir faire des photos sur lesquelles n'apparaissent pas des hordes de touristes
Le Machu Picchu, vraiment magnifique mais il doit être très difficile à l'heure actuelle de pouvoir faire des photos sur lesquelles n'apparaissent pas des hordes de touristes

Le Machu Picchu, vraiment magnifique mais il doit être très difficile à l'heure actuelle de pouvoir faire des photos sur lesquelles n'apparaissent pas des hordes de touristes

Le voyage dans les Andes péruviennes s’arrête là.

Je prends la route de la côte et roule vers Aréquipa.

Pérou : Sur la route entre Puno et Arequipa : Le volcan Misti

Pérou : Sur la route entre Puno et Arequipa : Le volcan Misti

Là, je ne sais plus, ça doit être au Pérou

Là, je ne sais plus, ça doit être au Pérou

Pratiquement toute la côte Péruvienne est un désert. Il ressemble un peu au désert que l’on trouve le long de la côte en Mauritanie, il ne pleut pas beaucoup mais le temps est assez brumeux.

Il y a de très jolis paysages.

 

Un soir, je m’arrête pour me reposer dans une auberge et je me lie d’amitié avec la fille de la maison. Je demande une chambre. Le patron appelle un de ses employés et lui dit de préparer une chambre pour El Gringo . Et là, la fille se lève et fait la remarque :

« No esta un gringo esta Julio »

"Ce n’est pas un gringo, c’est Julio"

Inutile de vous faire remarquer que le mot « gringo» qui désigne l’américain et par extension l’étranger n’est pas vraiment un compliment.

D’où vient le terme « gringo »? Les origines sont assez floues. La légende qui veut que le mot vienne de « Green Go », que les Mexicains auraient lancé aux soldats américains durant le siège de Fort Alamo (1836), est apparemment fausse. Il semblerait que le mot soit apparut en Castille au XVIII siècle. Il s´adresse à l’époque aux personnes étrangères dont la langue est difficile à comprendre par les espagnols et provient de « griego» (grec). L’expression trouverait son origine dans un proverbe latin: « Graecum est, non potest legi » [c’est du Grec, je ne peux pas lire].

Comme quoi, on est toujours le « bougnoul » de quelqu’un.

En descendant des Andes vers la mer

En descendant des Andes vers la mer

Quelque part sur la côte Péruvienne
Quelque part sur la côte Péruvienne
Quelque part sur la côte Péruvienne

Quelque part sur la côte Péruvienne

Puis vient Nazca avec ses dessins dans le désert appelés géoglyphes et je continue sur Lima.

Malheureusement, je n'ai aucune photos. D'ailleurs, d'en bas on ne voit pas grand chose.

En chemin je rencontre le patron de la représentation Belge des tôles en éverites Eternit.

Il est en famille avec femme et enfants et me propose de me reposer avec eux dans leur bungalow au bord de mer. Je suis très bien reçu.

Je ne sais pas à quoi c’est du, si c’est la moto ou bien le climat d’Amérique du Sud mais durant mes 6 mois, à part au Brésil, je n’ai rencontré que des personnes sympathiques, de toutes nationalités.

Au moment du départ

Au moment du départ

Autres vues du désert. Cependant, je ne suis pas capable de les situer
Autres vues du désert. Cependant, je ne suis pas capable de les situer
Autres vues du désert. Cependant, je ne suis pas capable de les situer

Autres vues du désert. Cependant, je ne suis pas capable de les situer

Et parfois sur la plage, des sculptures surprenantes : Virgen de la Roca

Et parfois sur la plage, des sculptures surprenantes : Virgen de la Roca

La route continue jusqu'à Lima . Je compte y demander mon visa pour les Etats unis.

Pour l’instant, je n’ai eu aucun problème avec tous les visas que j’ai demandé et n’en aurai jamais par la suite sauf pour celui des USA.

Et là, je rencontre les premiers cons depuis le début de mon voyage dans le personnel du consulat des USA.

Pour une raison que j’ignore, ils me refusent mon visa et apposent sur mon passeport la mention « Application received ». Comme quoi ils ont reçu ma demande. Je n’ai pas d’autre explication.

« Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte »
comme dirait le grand Jacques.

Et oui, lorsqu’on passe son temps à mettre le bordel chez les autres, il faut se méfier de tout.

Et puisqu’on est bientôt en Amérique centrale, un petit rappel de ce que les USA, patrie de la liberté et des droits de l’homme faisait dans les années 80 au Nicaragua.

 

« L’affaire Iran-Contra (ou Irangate, nommée ainsi en souvenir du scandale du Watergate) est un scandale politique survenu aux États-Unis dans les années 1980.

L'affaire est toujours voilée de secrets et il est difficile de découvrir les faits. Plusieurs membres de l'administration Reagan ont vendu illégalement des armes à l'Iran, qui était un ennemi déclaré des États-Unis, utilisant les profits pour financer secrètement, et ce malgré l'interdiction du Congrès des États-Unis, les Contras, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée regroupant les opposants au gouvernement sandiniste de Daniel Ortega. Dans le cadre de la Guerre froide, il s'agit pour l'administration Reagan de renverser un régime considéré comme communiste et situé dans ce que les États-Unis considèrent comme leur zone d'influence. »

Ca ne m’empêche pas de rencontrer une Américaine du Nord qui se promène en Amérique du Sud. Elle me dit qu’elle ne peut rien faire pour m’aider pour le visa et c’est malheureusement vrai.

Les américains sont de grands optimistes et à chaque fois qu’on leur dit quelque chose, ils ont l’air foncièrement content. Ils répondent toujours par « Yeah, it’s great » que l’on peut traduire par : « Ouais c’est super ».

Parfois ça semble un peu forcé et quelque peu surprenant.

Je me lie aussi d’amitié avec 3 Péruviens de Lima, 2 garçons et une fille avec lesquels je visite Lima. C’est toujours le plaisir de la rencontre, il n’y a jamais d’intérêt matériel.

Mes amis péruviens

Mes amis péruviens

Hit the road Jack!

Puis je repars, direction le nord péruvien puis l’Equateur.

Vues de la côte Péruvienne
Vues de la côte Péruvienne
Vues de la côte Péruvienne
Vues de la côte Péruvienne
Vues de la côte Péruvienne
Vues de la côte Péruvienne

Vues de la côte Péruvienne

Un soir, je ne sais plus exactement où, je tombe nez à nez avec ça

La route s'est carrément barrée dans le ravin et reprend une centaine de mètres plus loin.

Une âme charitable a mis un morceau de broussaille pour prévenir les conducteurs.

Est ce suffisant ?

Comme quoi, il est dangereux de rouler la nuit. D'ailleurs, je ne l'ai jamais fait.

Heureusement, il y a une petite déviation qui permet de continuer la route.

Le climat, de désertique devient progressivement tropical humide en arrivant à Guyaquil, au bord de l’océan. La chaleur y est cependant supportable.

J’ai un moment de frayeur financière lorsque je passe à la pompe. J’avais l’habitude de payer le litre autour de 50 ct de $. Il faut voir qu’à l’époque, le $ avec les commissions de change atteignait de 8 à 10FF.

Le prix affiché est de l’ordre d’un $ ou même un peu plus.

Je fais le plein et je trouve que le réservoir se remplit très vite par rapport à la quantité affichée.

En fait, le prix n’était pas affiché en litre mais en gallon qui vaut 3,78 litres…Je respire.

Je remonte sur Quito et quitte la côte pour repasser dans les montagnes.

En équateur je rencontre un type natif du coin et nous sympathisons. Dans le courant de la discussion, il commence à se faire une petite fumette avec ce qu'ils appellent de la "Pasta Basica". Visiblement, c'est marron, collant et ça se met le long d'une cigarette que l'on fume par la suite.

Il m'en propose. Je refuse ne connaissant pas la posologie de ce médicament miracle. Au début, ça a l'air d'aller puis  à mesure que le temps passe, il commence à s'énerver pour rien. Il me soutient que la Grande Bretagne et l'Espagne ont une frontière commune. Devant mon scepticisme, il s'énerve de plus en plus et je dois avouer que finalement il a surement raison. Peut être parlait-t-il de Gibraltar après tout. Sur ce, je trouve un prétexte pour m'éclipser.

Une autre fois, décidément les Equatoriens sont très liants, je rencontre un type qui me propose de loger chez lui pour une nuit. J'accepte et il me présente ma chambre. A la fin de la soirée, je vais me coucher. Vers minuit, un type me réveille et me demande le plus naturellement du monde qu'est ce que je fais dans son lit. C'était le frère de mon logeur, il rentrait du cinéma, n'avait pas été prévenu et était quelque peu surpris. Finalement, il fait mauvaise fortune bon coeur et me permet de rester dans son pieu le reste de la nuit. Ces gens ont vraiment le sens de l'hospitalité.

Et comme il y a toujours un français qui traine quelque part, j'en rencontre un qui m'explique qu'il y a une communauté cool qui vit dans un bled qui, si ma mémoire est bonne, s'appelle "Los Angeles". Quelques années plus tard, j'ai vu le film "La plage" et j'ai repensé à cette anecdote.

Donc je pars avec le gars et effectivement il y a dans le bled une communauté de beatniks qui à l'aide d'une forte consommation de bière et de psychotropes de tout genre cherchent leur Karma comme ont cherche fortune, c'est à dire tout au long du chemin. L'accumulation de cochonnerie dans l'encéphale provoquant des troubles du comportement, au bout de 2 jours, je me lasse de toute cette engeance qui me fait honte devant la population locale. Je taille la route vers la Colombie.

Avant de passer la frontière, je me fais arrêter par 2 flics en bécane qui veulent simplement discuter motos avec moi. C'est sympa.

C'est aussi à Quito que j’apprends que Tchernobyl à péter. j'ai un petit soupir de soulagement en pensant que si je n'avais pas donné ma démission pour partir je serais dans cette région de l'Ukraine actuellement.

Je passe la frontière Equato-colombienne et arrive dans un pays assez malsain.

En Colombie, il y a de tout : Les cartels de la drogues, les guerrieros, un mélange des 2, les flics, l'armée... C'est l'époque de Pablo Escobar. Ca ne défouraille pas à tous les coins de rue mais il y a tout de même une certaine insécurité. Je passe Cali et m'arrête à Medellin. Sur la route, je me fais contrôler par l'armée ou la police. Celle-ci fouille totalement mes bagages à la recherche de je ne sais quoi. Drogue ou armes, je ne le saurais jamais. Je les regarde faire en vérifiant qu'ils ne font pas de zèle en me mettant un petit sachet dans mes affaires. Ne trouvant rien, ils me laissent partir.

J'arrive à Medellin. C'est un vrai bordel au centre ville. La circulation y est infernale. Je trouve un parking pour garer ma bécane et je pars à pied à la recherche d'un hôtel. J'en trouve un. Les chambres ne sont pas trop mal et il y a 2 prix. Le premier prix assez élevé est pour louer la chambre 24H/24. Le second, beaucoup plus abordable comprend la location pour la nuit seulement. La journée, la chambre est louée à l'heure à des femmes de réconfort. N'étant pas très fortuné, je prends l'option "nuit". Ainsi tous les matins, je descends mes affaires et range mon sac dans la loge du concierge. Tout le monde est ravi.

En face de l’hôtel, il y a un restaurant tenu par un Colombien de mon âge et par sa femme. Il s'appelle Omar. Ils sont très sympathiques et je passe les journées chez eux.

On me déconseille fortement la route de Medellin à Panama qui est en fait une piste très mauvaise. la sécurité n'y est pas non plus assurée. Je choisis donc la voie aérienne avec la SAM. (Société aéronautique de Medellin). Après quelques jours à Medellin, je mets la bécane dans l'avion et je monte avec. J'arrive à Panama city. Je récupère la bécane sans encombre et file vers le centre ville.

                                                 Souvenir de mon passage à Medellin

Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
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Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.
Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.

Equateur - Colombie : Là, j'avoue que j'ai un trou de mémoire et je ne me souviens pas complétement d'où proviennent ces photos.

III – L’AMERIQUE CENTRALE

A Panama City, je fis la connaissance de Nieve (Neige en français). Je me souviens de ce prénom car il n'est pas courant. Et pourtant le propriétaire n'était pas ce qu'il y a de plus blanc.  Il était sacristain dans une église et de ce fait même, logeait à la sacristie qui était attenante à l'église.

Son truc, c'était les films pour adulte dans lesquels on explique pendant une heure et des brouette le fonctionnement complémentaire de l'homme et de la femme. Il m'invitait mais je refusais et pendant qu'il allait visionner son documentaire préféré, je me promenais dans les rues de Panama city où il n'y avait strictement rien à voir d’intéressant.

Surprenant ? On a bien eu en France "un curé chez les nudistes", alors pourquoi pas "un sacristain au cinéma porno".

J'habitais avec lui dans la sacristie et par son intermédiaire, je faisais la connaissance de Sara, âgée d'une quarantaine d'années et de sa fille qui n'avait pas 20 ans mais déjà un enfant. Elles étaient réfugiées du Nicaragua car à cette époque, il y avait la guerre civile. Les sandinistes de Daniel Ortega luttaient contre les anti sandinistes (contras) soutenus par qui ?  Ben, les américains comme d'habitude.

Je passais des heures à discuter avec cette femme et sa fille qui me racontaient leurs malheurs. Ca me faisait pitié. Je pense qu'elles m'aimaient bien...Mon côté boy-scout surement.

Je leur expliquai mon itinéraire. Voyant que je devais passer au Nicaragua, Sara me donna l'adresse de sa famille afin que je puisses leur remettre un billet de 20$ qu'elle me confia en me disant : "Je sais que tu es un homme bon et que tu les remettras". Devant un tel degré de confiance, comment ne pas accomplir la mission dont elle m'avait investie.

 

Je m'aperçus rapidement que les commerces de proximité étaient tenus par des Chinois et que ceux-ci étaient très mal perçus par la population locale. A l'époque, je me demandais pourquoi. Je devais avoir la réponse plusieurs années plus tard lorsque ceux-ci envahir l'Afrique.

 

Quelques semaines plus tard, je passais à Managua et remettais l'argent aux personnes concernées dont la pauvreté m'avait choquée. Je comprends ce qu'a pu ressentir Che Guevarra lors de son voyage en moto à travers l'Amérique du Sud au contact de la misère. Et lui, c'était en 1952, moi en 1986. Lui aussi était un grand admirateur des américains.

Je continuais mon chemin en passant en Costa Rica. Je restais quelques jours à St José en compagnie de Français qui logeaient dans le même hôtel que moi. Le seul souvenir marquant que j'ai de San Jose, et bien que n'ayant pas personnellement consommé, ce sont les prostituées jamaïcaines.

Puis je voyageais vers le Nicaragua. A l'époque il y avait la rébellion des "Contras" qui luttaient contre le pouvoir de Daniel Ortega. Il régnait une certaine tension dans le pays. Des milices populaires sillonnaient la ville en faisant exploser des grenades pour terroriser le bourgeois. Enfin, ceux qui restaient car dans un régime communiste il n'y en a pas beaucoup. Mais je peux vous affirmer, bourgeois ou pas, qu'il est toujours désagréable d'entendre exploser une grenade dans un buisson à quelques dizaines de mètres.

De plus, la ville de Managua avait été détruite par un tremblement de terre quelques années auparavant et les séquelles étaient encore bien présents. Le bâtiment le plus élevé ne dépassait pas un étage.

C'est dans ce pays que je fis la connaissance de ce qu'est un vampire. C'est une petite chauve souris très laide qui suce le sang de ses victimes lorsqu'elles sont endormies. Le problème c'est que certaines de ces bestioles sont porteuses de la rage. Une d'elle avait réussi à pénétrer dans la maison de Managua où j'avais été invité. La femme s'en apercevant lui avait écrasé la tête lorsque l'animal était accroché au mur.

Quelques jours plus tard, je traversais le Honduras en direction du Guatemala.

Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision
Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision
Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision
Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision
Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision

Photos d'Amérique Centrale : Là encore j'ai du mal à situer avec précision

Honduras ou Guatemala ?
Honduras ou Guatemala ?
Honduras ou Guatemala ?

Honduras ou Guatemala ?

Je ne m'attardais pas au Honduras car il n'y avait pas d'intérêt particulier et il y pleuvait tout le temps. Je visitais rapidement Tegucigalpa .

 

Je me souviens d'une seule petite anecdote. Après avoir roulé toute une journée sous la flotte, je m'arrêtais dans un petit bled et y trouvais un hôtel. Je n'étais pas seul dans la chambre. Une espèce de grosse araignée avec des pinces y avait aussi trouvé refuge. Je n'ai jamais rien vu de si laid. Je fus obligé de passer la nuit en sa compagnie car elle s'était cachée quelque part. Par la suite, j'ai été confronté plusieurs fois à ce genre de situation.

 

Un jour de 1987, je arrêtais avec un ami dans un village entre Brazza et Pointe Noire au Congo. Le Chef du village nous offre l'hospitalité et nous amène dans une case. Allongé sur ma natte, je somnole. A la lueur de la lampe à pétrole, je vois une grosse araignée jaunâtre accrochée au plafond constitué de branchage. Une observation plus approfondie m'apprend qu'elle est surement morte. Par contre à côté, il y en a une de bien vivante...et à côté il y en a encore une et encore et encore...Finalement, il y en a beaucoup. Légèrement inquiet, je me lève et va demander à notre hôte qui habite la case d'à côté s'il y a un quelconque désagrément de dormir avec de telles créatures. "Y'a pas de problème" me répond celui-ci et joignant le geste à la parole il en frappe une qui escaladait le mur et l'écrase sous son pied nu. J'étais rassuré.

Une autre fois, dans un campement au sahel, j'ai trouvé un scorpion caché derrière l'évier d'une salle de bain et qui essayait de me piquer par le trou du trop plein...Un vicieux celui-là, je n'ai pas réussi à le déloger.

Un autre jour, c'était une scolopendre dans la douche. Cette bestiole est infernale et possède 2 crochets venimeux. Leur morsure est extrêmement douloureuse. Celle-là, je l'ai massacré à coup de godasse.

Et en règle générale, lorsque je m'assois sur un gros cailloux dans la brousse, je fais toujours un raffut du diable avant de prendre place. Ceci afin d'éloigner les bestioles qui ont horreur d'être dérangées.

De même lorsque l'on se repose sous un arbre. Il faut toujours l'inspecter. Les serpents ont la fâcheuse habitude de s'y cacher et éventuellement de s'y laisser tomber. Il est moins désagréable que quelque chose plante ses crocs ou son aiguillon dans vos chaussures de sécurité ou dans la grosse toile de votre pantalon que dans votre postérieur. Bien que j'ai déjà vu quelques voyageuses coquettes en basquettes fluo et short Ralfion se promener dans la brousse. Accoutrement pratique au Macumba le samedi soir mais peu conseillé en rase campagne où d'ailleurs il n'y a personne à émouvoir.

Il faut aussi éviter de soulever des cailloux, des morceaux de branche, ect....il y a toujours des habitants dessous et qui ne vous veulent pas forcément du bien.

Après cette parenthèse entomologique, reprenons le cours de notre voyage.

 

J'arrive donc au Guatemala.

Personnellement, j'ai trouvé que c'est le pays, avec le Mexique, qui représente le plus l'Amérique du Sud si on se réfère à un grand classique du cinéma, j'ai nommé Indiana Jones.

Il le représente aussi bien en ce qui concerne les paysages, les habitants que les monuments.

Je passe à Guatemala City mais ne m'y attarde pas. J'en profite pour changer mon pneu.

 

Une chose m'a surprise en Amérique du Sud et particulièrement en Amérique Centrale. C'est le nombre d'armes en circulation à cette époque. Par exemple, lorsque je changeais mes dollars en monnaie locale, il y avait le changeur avec un Colt à porté de main et de chaque côté de l'individu, se tenaient deux gardes du corps armés chacun d'un fusil à pompe. C'est rassurant.

Je ne m'éternisais jamais à discuter le "bout de gras" avec ces aimables commerçants.

J'arrive au Mexique par l'état du Chiapas. Au poste frontière, en début d'après midi, les douaniers et les policiers ne dormaient pas malgré la chaleur...ils regardaient le mondial à la télévision.

On est en 1986 et pendant tous le mois de Juin, c'est le mondial au Mexique. Ne m’intéressant pas du tout au football, je  ne l'ai pas fait exprès.  Mais maintenant, tant que j'y suis, pourquoi pas ?  Les formalités sont vite expédiées car il ne faudrait pas manquer un exploit de Maradona ou d'un autre héros footballesque de l'époque.

Le lendemain, je suis à Veracruz. J'ai fait ce détour pour voir la mer des Caraïbes. Rien ne m'y retient et je pars sur Mexico. Avant d'arriver à Mexico, le passe visiter un des sites de Teotihuacan.

"Cité sainte située à une cinquantaine de kilomètres de Mexico, édifiée entre le Ier et le VIIe siècle, Teotihuacan, « lieu où sont créés les dieux », se caractérise par les très grandes dimensions de ses monuments dont les plus célèbres sont le temple de Quetzalcoatl et les pyramides du Soleil et de la Lune, et par leur ordonnance géométrique et symbolique. Teotihuacan, l'un des plus puissants foyers culturels méso-américains, imposa son élan culturel et artistique dans toute la région, et même au-delà de ses frontières." (Internet)

De même que pour le Machu Picchu, on remarquera qu'il n'y a pratiquement aucun touriste sur le site.
De même que pour le Machu Picchu, on remarquera qu'il n'y a pratiquement aucun touriste sur le site.
De même que pour le Machu Picchu, on remarquera qu'il n'y a pratiquement aucun touriste sur le site.

De même que pour le Machu Picchu, on remarquera qu'il n'y a pratiquement aucun touriste sur le site.

Alors que maintenant....Ne me demandez pas si c'était mieux avant.

Alors que maintenant....Ne me demandez pas si c'était mieux avant.

Avant d'entrer à Mexico, je me paie le luxe d'un hotel à 20FF. Ca parait peu mais les hôtels étaient étonnamment peu chers au Mexique. A 20 FF, on avait une chambre très correcte.

 

Le lendemain, en arrivant à Mexico, je suis étonné aussi par le prix de la nourriture.

Je mange dans un petit restaurant de quartier tenu par une dame très sympathique. Cela me coute 4 FF avec entrée, plat de résistance et dessert. Tout ça de bonne qualité. Je cherche un hôtel dans un quartier pas trop mal famé et j'en trouve un autour des 16 FF. La ville de Mexico est à l'époque assez dangereuse et on attend des coups de feu la nuit. Il vaut donc mieux être dans un hôtel à peu près correct.

J'y fait la connaissance d'un jeune français qui voyage lui aussi en Amérique du Sud. Malheureusement, je ne me souviens plus de son prénom. Je l’appellerai donc Playboy

Son aspect "bellâtre" ne correspond pas à sa mentalité. Malgré son physique, il n'a pas un comportement de "minet" de night club mais plutôt de routard et nous sympathisons vite.

Il me raconte sa triste histoire. Il souffre visiblement de stress post traumatiques du à son ancien métier....

Il m'explique.

N'étant pas mal de sa personne et désirant voyager à pas cher, il avait trouvé une place de stagiaire dans un des Clubs Med du continent. Il n'eut pas de mal à se faire embaucher comme Gentil Organisateur (GO) vu son allure sympathique, avenante et fêtarde.

Au début, tout se passait bien. Puis au fur et à mesure qu'il se faisait remarquer, il devint la cible de vieilles rombières qui le poursuivaient, non pas pour assouvir un amour filial dont elles auraient été privées mais pour des raisons beaucoup moins platoniques. Celui-ci n'étant pas gérontophile, liftingophile  et encore moins nécrophile, il les évitait le plus possible. Cependant, ces succubes momifiées et hypertendues le poursuivaient jusque dans sa chambre. Il ne dormait plus et déprimait. Il avait même fait des crises de spasmophilie provoquées, semble t il par un stress intense.

Il ne me l'a jamais confié mais je pense qu'il devait faire des cauchemars dans lesquels il faisait des parties fines avec Ramses II et Cléopatre.

Finalement, tel Papillon s'évadant de Guyane, il put fuir cet enfer et échoua à Mexico.

Le "salaire de la peur" façon Gilbert Trigano

Il était convalescent et je me faisais un devoir de m'occuper de sa guérison définitive.

 

Lors de mes sorties culturelles, j'avais rencontré la fille du sacristain de la cathédrale de Mexico.

C'était une très gentille jeune fille et très sérieuse. Contrairement au sacristain de Panama City, elle n'allait pas au cinéma.

Le jour nous sortions visiter Mexico en sa compagnie. Le soir nous suivions les festivités du mondial. Les gens étaient dans les rues et l'ambiance était géniale. On s'amusait, on rigolait, on chantait, on buvait un peu, enfin... juste un peu à cause de la chaleur.

Je me souviens encore d'une chanson, reprise en chœur par la foule, dont la profondeur dramatique et philosophique m'avait, à l'époque, bouleversé :

"Chiquitibum a la bim bom ba, chiquitiboom a la bim bom ba, a la bio, a la bao, a la bim bom ba, Mexico Mexico, Rah rah rah!!!"

C'est beau n'est ce pas ? On dirait du Verlaine chanté par Luis Mariano.

Après cela, qui osera dire que le football n'est pas un sport d'intellectuels.

Ne cherchez pas à traduire cette phrase en français, elle y est déjà.

C'est lors d'une de ces sorties nocturnes que nous avions rencontré chacun une petite "Amiguita". Mon ami, pour se soigner. Moi, car depuis des mois je manquais cruellement de chaleur humaine de proximité.

 

En numérisant les photos, je suis tombé sur celle-ci.

 

 

Bien que très gentilles, elles étaient très jeunes et n'avaient pas beaucoup de conversation.

Enfin, il faut voir le bon côté des choses.  Mon pote, ça le changeait des Naïades ménopausées du Club.

Il était comme ça le père Playboy, il attirait les femmes. Il aurait pu en profiter et être un vrai viandard, se les faire au kilomètre. Mais non, il avait vraiment du respect pour les autres. Un gars bien.

C'est tellement important le respect des autres quand on voyage. Et pas que le respect du flic, du douanier ou du rebelle qui vous agite son AK47 sous le nez, le respect de tout le monde...

J'ai tellement honte quand je vois des Français alcooliques, drogués, touristes sexuels, magouilleurs à 100 balles,...la honte suprême est lorsque le gouvernement français vient sortir un de ces délinquants de prison où les autorités du pays l'ont jeté avec juste raison.

Quand je lis les aventures d'un Cizia Zyké, ça me donne envie de vomir. Heureusement qu'il était mytho et qu'il n'a pas du faire 10% de ce qu'il raconte dans ses "chefs d'oeuvres".

 

Le jour, on se promenait en empruntant le nouveau métro de Mexico qui était curieusement peu cher, de l'ordre d'une dizaine de centimes de nos francs.

L'amiguita de mon copain Playboy était étudiante. Ce qui nous a permis de découvrir le campus de Mexico, de connaitre des étudiants,...

Une nuit, nous sommes partis à la "Zona Rosa", haut lieu de l’amusement de la ville de Mexico.

Je n'ai pas trouvé que l'on s'y amusait plus qu'ailleurs mais nous avons fait la connaissance d'un Italien qui étudiait à New York. Au cours de la discussion, je lui explique mon voyage. Il m'invite alors à venir le voir lors de mon passage à New-York. Je le remercie et lui dit que je passerai sans faute. Je pense que sur le coup il n'y a pas cru....mais je tiens toujours parole.

 

Que Dieu et Maradona me pardonnent mais les courbes que j'appréciai le plus durant ce séjour ne furent pas celles du ballon rond. Toujours l'éternel combat du Bien contre le Mal, de la pureté de l’Âme contre la faiblesse de la Chair, ... enfin de l'Esprit contre la Matière

 

Au bout d' un mois, Playboy étant définitivement guéri de son stress post traumatique, je reprenais la route vers le nord en direction les Etats-Unis d'Amérique.

Une fois de plus, je filais vers mes tribulations.

 

Cathédrale de Mexico. Je l'avais visitée entièrement et avais même monté sur le toit avec mon amie la fille du sacristain

Cathédrale de Mexico. Je l'avais visitée entièrement et avais même monté sur le toit avec mon amie la fille du sacristain

Je roulais un peu dans l'intérieur du pays, passait à Guadalajara puis suivait la côte en passant par Mazatlan.

Images du Mexique
Images du Mexique
Images du Mexique

Images du Mexique

Dans le nord, je bifurquai vers Hermosillo. C'était le début du désert du Sonora.

C'était vraiment le désert des westerns de mon enfance.

Après avoir traversé Mexicali, je passai la frontière par El Centro et j'entrai en Californie.

IV – L’AMERIQUE DU NORD

De tout mon voyage, c'est le passage de la frontière entre le Mexique et les Etats Unis qui fut le plus pénible. Même lorsque je traversais la frontière du monde "Libre" vers le monde communiste, j'étais moins tracassé.

Le grand problème des américains, c'est qu'ils s'imaginent que la planète entière veut venir dans leur pays de cocagne…Le rêve américain.

Il se fera sans moi le rêve américain. Après y avoir passé environ 1 mois et demi, j'étais content de le quitter, ce rêve. Je ne devais plus jamais y revenir.

Bien que je sois en règle avec mon visa , j'eus droit à un interrogatoire. Je ne me souviens plus exactement des questions mais je fus obligé de montrer un certificat de travail de mon employeur en France.

Après une heure de banalités ennuyeuses et procédurières, l'aimable représentant de la loi me libéra et je filais vers la côte en direction de San Diego.

Je traversais le désert californien puis de petites montagnes pour arriver sur un terrain moins aride. Je n'arrivais pas jusqu'à San Diego et je bifurquai vers le nord en longeant la côte.

Désert du Sonora
Désert du Sonora

Désert du Sonora

Voyage au bout de la route
Voyage au bout de la route
Voyage au bout de la route

Je commence à remonter doucement la côte vers Los Angeles. Là, surprise, sur des kilomètres et des kilomètres, ce ne sont que des bâtiments. Pas de campagne, pas de camping et des hôtels hors de prix. Le soir, je me demande où je vais bien pouvoir dormir. Je m'arrête à une station service pour me ravitailler et je remarque un type d'une vingtaine d'années qui fait le plein de sa bagnole.

C'est le stéréotype du surfeur : Grand, blond, bronzé, l'air sympathique et surtout honnête.

Le genre de personnage que l'on s'attend à voir dans un clip des Beach Boys…"Surfin' USA"

Je m'approche :

- Bonjour, comment ça va ? pourriez vous m'indiquer où je pourrais trouver un camping.

Il m'explique :

- Ben, ici, il n'y a pas de camping.

Puis devant mon air peiné, il m'offre de venir dormir chez ses parents….C'est gentil et surtout très surprenant dans une si grande ville où tout le monde se méfie de tout le monde...et surtout de l'étranger.

Je le suis dans une banlieue assez cossue et il me dit de l'attendre devant la maison. Quelques instants plus tard, il ressort et m'explique que ne me connaissant pas, sa mère ne souhaite pas que je dorme à l'intérieur mais que je peux dormir sur la pelouse. J'ai l'habitude et ça ne me dérange absolument pas. Je le remercie mille fois. La nuit, je dors bien et le lendemain, sa mère, très gentiment m'invite à prendre le petit déjeuner. Si mon hôte est un surfeur, son frère est un punk. Il est fringué avec un blouson de cuir couvert d'amulettes et de gri-gri en tous genres. On dirait une devanture d'un magasin du marché aux puces de St Ouen

Ses cheveux violet sont coiffés comme un dessous de bras et il ne parle pas beaucoup…mais a t il seulement quelque chose à dire… No future.

Après 300 km de piste dans le désert et sans flotte pour me laver, moi aussi j'ai pu ressembler à un punk mais ça n'a jamais été intentionnel.

La dame me reçoit très bien.

A Los Angeles, j'en profite pour faire un tour sur Sunset Boulevard et passer devant Hollywood.

Voyage au bout de la route

Je repars vers San Francisco en suivant la petite route côtière qui est magnifique.

 

Voyage au bout de la route
Voyage au bout de la route
Voyage au bout de la route

Vers Big Sul, je fais la connaissance d'un autre motard en Yamaha 850. Il est boucher de son état. Il allume pas mal sur les petites routes et j'ai du mal à le suivre. Au crépuscule, nous décidons de nous arrêter dans un camping.

 

Je n'ai pas beaucoup d'argent et le dollar est cher en 1986. Je l'ai acheté à presque 10 FF avant de partir. Je me limite à 20$ par jour en comptant le carburant et l'entretien de la bécane. Contrairement à l'Europe, où à l'époque, on pouvait dormir dans un champ, au USA, ce n'est pas possible…Chaque bout de terrain est privé et on ne badine pas avec la propriété privé dans ce pays magnifique.

Mon budget est généralement le suivant :

* 5 $ pour le camping

* 2 ou 3 $ par repas

Soit je bouffe chez McDo, soit je me fais ma bouffe sur un réchaud à essence acheté au Mexique

* 5 ou 6 $ pour le carburant et la moto. Heureusement l'essence n'est pas chère

* Le reste pour des bricoles comme l'entrée dans des parc nationaux…ect, ect.

 

Très pratique le réchaud à essence

 

Donc, ce soir, mon nouvel ami décide d'aller manger au resto. C'est cher, dans les 10 $

J'y vais avec lui et commande un plat absolument infect. Je ne suis pas encore habitué à la délicieuse cuisine américaine. Ca ressemble vaguement à du poulet aux hormones (enfin c'est ce qui était marqué sur la carte) mais c'est englué dans une sauce marron, visqueuse et sucrée…Une horreur culinaire.

Je n'arrive pas à tout manger et mon hôte me propose de le finir le lendemain. Chaud c'est déjà dégueulasse, alors froid, je n'ose imaginer. Je refuse poliment mais il insiste et appel le garçon pour qu'il nous donne un Doguy Bag….Un sac pour le chien.

Demander un sac pour emporter les restes était un geste d'une honte absolue en France à cette époque, mais il m'explique qu'aux States c'est très fréquent et pas du tout gênant.

Finalement, l'addition arrive et je sors timidement un billet de 5$ que je pose sur la soucoupe. Le gars me dit qu'il m'invite et donne les 5$ au garçon en expliquant :

- Tu vois, mon pote, je lui donne cinq dollars, le type est content et il pourra acheter des biens de consommation à un marchand qui lui viendra ensuite m'acheter de la viande,…, ce qui fait circuler l'argent et tourner l'économie.

Le serveur qui lorgnait fort sur le billet l'encourage alors pour qu'il crache l'oseille :

- Oui, M'sieur, vous avez raison M'sieur, c'est comme ça que l'on développe le commerce M'sieur, ect, ect,…

Sur ce, on retourne au camping. Je laisse le Doguy Bag avec son contenu à l'extérieur de la tente par rapport à l'odeur de ragougnasse. Dans la nuit, j'attends des frottements puis des bruits de déglutition…Je me garde bien de sortir, c'est peut être un Grizzly….Quoique en Californie…un grizzly…(?). Mais dans le doute, ne vaut il pas mieux s'abstenir de déranger cet aimable plantigrade ?

Le lendemain, en sortant de la tente, le sac est éventré et les  restes infâmes ont disparu.

- Ooooh! Comme c'est dommage, ça avait l'air si bon froid : fis je d'un air catastrophé.

- Sûrement un raton laveur m'explique l'américain…

Pauvre petite bête, il fallait qu'elle soit bien affamée ou suicidaire pour en arriver à une telle extrémité.

Plus tard, nous nous quittons et il part comme un boulet de canon, dans un éclair de feu, vers son destin. Je ne saurais jamais s'il avait une petite amie du nom de Marylou.

Ne voulant pas refaire la galère de Los Angeles, je quitte la côte à San José et mets le cap à l'est. Je ne verrai pas San Francisco. Ca ne me dérange pas, je n'aime pas les grandes villes

J'ai essayé de faire un itinéraire avec le maximum de parcs nationaux. Il faut reconnaître ça aux américains, leurs parcs nationaux sont vraiment magnifiques et bien gérés.

Au menu : Sequoïa parc, la vallée de la mort, Grand Canyon, Monument valley.

 

Sur la route, je rencontre un type qui est l'incarnation de l'américain moyen. Il est tout de même bien sympathique et un peu timide. Il tient à me prendre en photo car il est surpris par mon histoire. Je lui demande par la même occasion d'immortaliser cette journée en me photographiant avec mon appareil.

 

Voyage au bout de la route

Plus loin, je croise des bandes de motards sur Harley. Ce qui est surprenant, c'est que beaucoup de ces motards ne sont plus très jeunes. Ils semblent avoir 50 ans et plus. Ca m'étonne car à cette époque les motards en Europe avaient la plupart moins de 30 ans.

Ca a bien changé maintenant, on voit de plus en plus de motards ayant jusqu'à la soixantaine et même plus.

Le premier parc sur ma route est Sequoïa Parc.

On y trouve l'être vivant le plus volumineux du monde. Le Sequoïa est un conifère géant qui peut atteindre 83 mêtres de haut.

Sur la première photo, la moto au pied de l'arbre donne une idée de la hauteur d'un séquoïa
Sur la première photo, la moto au pied de l'arbre donne une idée de la hauteur d'un séquoïa

Sur la première photo, la moto au pied de l'arbre donne une idée de la hauteur d'un séquoïa

Ensuite, en continuant vers l'Est, j’atteignis Death Valley, la vallée de la mort.

C'est une vallée située dans le désert de Mojave dont le point le plus bas est situé à 85 mêtres en dessous de la mer. La température la plus chaude enregistrée  y a été de 56°C

Durant cette traversée jusqu'aux montagnes du Colorado, j'ai traversé plusieurs déserts. Malheureusement, je ne peux plus situer les photos avec précision.

Si ma mémoire est bonne : Désert autour de Death Valley
Si ma mémoire est bonne : Désert autour de Death Valley
Si ma mémoire est bonne : Désert autour de Death Valley

Si ma mémoire est bonne : Désert autour de Death Valley

Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado
Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado
Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado
Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado
Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado
Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado

Déserts Californie - Nevada - Arizona - Colorado

Bled typique sur la route de Las Vegas

Bled typique sur la route de Las Vegas

Carte postale : Las Vegas

Carte postale : Las Vegas

Las Vegas est sur la route de Grand Canyon, alors j'en profite pour visiter. Construite en plein désert du Névada c'est "Sin city", la cité du péché. Le jeu, la drogue, le sexe s'y disputent la vedette.

Ouais, enfin pour ceux qui ont du pognon car tout est cher à "Sin city"; même le péché, surtout le péché.

Ce n'est pas pour rien que le Bon Dieu a dit : "'Heureux les pauvres car le Royaume des Cieux est à eux".

On a beau dire, c'est quand même plus facile d'être pécheur lorsqu'on a de l'argent.

Le terme "pauvre pécheur" est un  non-sens, surtout aux USA.

Pour moi, ça ne va pas être facile avec mes 20$ par jour tout compris de faire des péchés.

J'essaye quand même et je rentre dans le premier casino venu. Tout est propre, rutilant, brillant et moi je suis crasseux et tout terne. Il semblerait que personne ne me remarque.

L'endroit ne me plait pas trop. Il y a une armée de vieilles rombières aux vêtements de couleurs vives et aux cheveux violets, gobelet à la main, en train de tirer comme des forcenées sur le levier des bandits manchots. Pour les plus faibles, certaines machines à sous sont automatiques et il suffit d'appuyer sur un bouton. Ca évite les crampes musculaires à la fin de la journée et surtout, on peut y jouer même avec une crise d'arthrose du bras droit.

"Poire, poire, cerise". "Cloche, pomme, étoile". "3 bars, 3 bars, 3 bars"…Biding, biding, bing, bling, digueding, digueding…Dans un bruit de ferraille, la momie d'à côté vient de gagner au moins 50$ que son gobelet n'arrive même pas à contenir. Elle jubile. Avec un son de soupapes mal ajustées, son dentier vient de rentrer en résonance, elle est aux anges…Ca me fait pitié, moi qui aime les belles mécaniques bien réglées.

Je m'éloigne, toujours dans le casino, à la recherche de quelque chose à bouffer. On peut être un pécheur mais on reste néanmoins un être humain.

Je passe devant de grandes affiches sur lesquelles des Vénus callipyges  habillées comme au premier jour de la création vantent un spectacle de toute beauté. C'est joli mais ça ne me tente pas…

"Ventre affamé, Libido arrêtée" dit le proverbe. Ne le cherchez pas sur le net, je viens de l'inventer suite à de nombreuses expériences broussardo-forestières où il est plus facile de trouver une femme qu'une boite de "Vache qui rit" ou de Corned beef. L'usage, vous en conviendrait, n'étant pas tout à fait le même.

Et là, miracle ! Fuck! (Saperlipopette) Je n'y crois pas mes yeux. Là! sur l'affiche, le Big Mac à 50 cents ! Il me sourit de ces 2 rangées de dents cariées. Viens! Viens! Me fait il dans une haleine d'ail et d'oignons avariés.

En fait, les casino gagnent plus d'argent avec les jeux qu'avec la gastronomie locale. Les restaurants sont là pour éviter aux joueurs de ressortir. En effet, une fois ressortis, ils risquent de ne plus revenir.

Je fais rapidement mes comptes : Un Big Mac à 50 cts + un Sunday à 50 cts, le demi litre de Coca étant offert, ça va me couter 1 $. Il me restera 2 $ pour entrer dans l'enfer du jeu.

Après m'être restauré, je m'approche timidement d'une de ces créatures maudites. Elle me tend son unique bras. Je lui introduis délicatement une pièce de 50 cts dans la fente spécialement prévue à cet effet par des ingénieurs plein d'imagination et je lui tire la chevillette. "Creuc, crac, cric, zoum, prooouut" me répond, dans un dernier sursaut, cette boite de vitesse satanique.

Je comprends rapidement car le son émis est nettement moins mélodieux lorsque l'on perd que lorsque l'on gagne.

Pomme, carotte, navet…rien.

Je retente ma chance 3 autres fois :

Orange, pomme, raisin…rien

Poire, pomme, betterave…rien

Cerise, pastèque, pèche…rien

Ce n'est pas un inventaire de petit pots pour bébés que je vous décris là, mais les combinaisons qui s'affichent sur l'écran diabolique de cette  infernale machinerie.

J'ai perdu mes 2 $, je n'ai rien gagné.

Je suis ruiné.

Je suis au comble du désespoir.

J'ai vendu mon âme au Diable pour 2 $.

Je suis maudit !

Je ne peux même pas noyer mon chagrin dans l'alcool car je dois remplir mon réservoir pour me tirer de cette Sodome et Gomorrhe des temps modernes. D'ailleurs ça ne servirait pas à grand chose.

Ce soir, je dormirai dans le désert.

Je fais le plein de la Béhème et je pars sans me retourner. Non pas parce que j'ai peur d'être transformé en statue de sel mais parce qu'il est toujours très aléatoire de conduire en regardant derrière soi. On finit soit dans le fossé soit emplafonné dans le véhicule venant en face. Évidement, à l'époque de Lot et de sa femme, les véhicules automobiles n'existaient pas et il a bien fallu trouver quelque chose.

Le lendemain, j'entre en Arizona et arrive au Grand Canyon, c'est magnifique, c'est l'équivalent américain du Fish River Canyon Namibien.

Grand Canyon du Colorado
Grand Canyon du Colorado
Grand Canyon du Colorado

Grand Canyon du Colorado

Carte postale : Orage sur Grand Canyon

Carte postale : Orage sur Grand Canyon

Un soir, dans le désert de l'Arizona, j'ai toujours le même souci, à savoir, trouver un endroit où dormir. J'avise alors un mini bus Volkswagen qui arrive vers moi. Il est conduit par une femme hippie d'une quarantaine d'années. Elle devait avoir la vingtaine dans les années soixante au moment du Power flower. Ca sent bon les "Jefferson Airplane " et les "Grateful Dead" tout ça.

Je pose toujours la même question :

- Bonjour M'dame, y' a pas un camping par ici ?

- Ben non, rien, t'es dans le désert mon p'tit gars.

- Ah ben oui! Tiens!

- Mais viens à la maison, y' a de la place.

Je lui emboîte le pas ( ou plutôt la roue) jusqu'à chez elle et effectivement il y a de la place puisqu'ils vivent dans des caravanes. Ses parents ont une caravane, son frangin a une caravane et elle-même a aussi une caravane. J'ai droit à la caravane d'amis. C'est l'équivalent caravanesque de la chambre d'amis chez les bourgeois. Et là, je m'aperçois que tous les américains ne sont pas plein aux as…Il y en a des pas riches et même des pauvres.

Le soir, il y a des brochettes de chamallows au menu. Je connaissais déjà de vue cette espèce de mousse polyuréthane à la vanille mais je ne savais pas qu'on pouvait les manger cuits en brochettes.

A cette occasion, je fais la connaissance du frangin. Il ressemble aux mecs du groupe "ZZ top". Gros, costaud avec une barbe mal taillée. Il a aussi une bécane, une Harley Davidson mais ne s'en sert pas beaucoup.

Tout à la dégustation de nos chamallows, je fais un brin de causette avec lui et au bout de quelques instants, je m'aperçois qu'il est un peu givré. Je m'en rends compte à quelques réponses qu'il me fait.

Avisant une drôle de machine non loin de là, je lui demande qu'est ce que c'est. Il me répond que c'est un four pour faire brûler les juifs. Je trouve la plaisanterie assez douteuse et même franchement déplacée mais comme je suis l'invité, et n'étant pas vraiment juif, j'évite d'être désagréable.

Après quelques réflexions de ce calibre, j’apprends par sa sœur qu'il avait mis le feu à sa maison et que sa femme avait failli y rester. Cela lui avait valu d'aller en tôle quelques temps mais que maintenant ça allait mieux. J'en suis content pour lui.

Sur ce, je vais me coucher un peu anxieux à la pensée de finir au crématorium prématurément.

La nuit se passe sans encombre et le lendemain je suis invité à prendre le café dans la caravane des parents. C'est un couple d'environ 60 ans. Ils sont plein d'attention pour moi et quand le gars apprend que je suis français, il est ravi. Il fait parti des soldats américains qui ont débarqué sur les côtes Normande en 44. Il semble heureux d'en parler et va me chercher un album photo qui avait été remis à tous les soldats américains qui avaient débarqué.

Là, vraiment, respect! Je l'écoute religieusement me raconter son histoire.

Malheureusement, il est l'heure de partir. A ce moment, il me sort un billet de 20$ et me le tend. Je refuse avec véhémence mais il insiste tellement que je suis obligé de le prendre.

Cela me fait un petit pincement au cœur car visiblement ces gens ne roulent pas sur l'or.

 

Le prochain parc national sur ma route est Monument Valley.

J'y arrive le soir et les couleurs sont magnifiques. De nombreux films y ont été tournés

Monument Valley
Monument Valley
Monument Valley
Monument Valley

Monument Valley

Sur la route
Sur la route

Sur la route

Après Monument Valley, je prends la direction de Denvers et des Montagnes Rocheuses.

Je m'arrête dans la ville de Telluride. Après le désert, la température est nettement plus fraiche et au fur et à mesure que j'avance, je monte en altitude et ne tarde pas à rencontrer les premières neiges.

Telluride

Telluride

De la neige au bord  de la route, ça change du désert
De la neige au bord  de la route, ça change du désert
De la neige au bord  de la route, ça change du désert

De la neige au bord de la route, ça change du désert

Vues des Rocheuses avant Denvers
Vues des Rocheuses avant Denvers

Vues des Rocheuses avant Denvers

Passé les Rocheuses, on arrive à Denvers puis les Grandes Plaines commencent. Les paysages sont très monotones. La route est toute droite et il n'y a aucun relief pour arrêter la vue.

Un soir je m'arrête dans un de ces bleds de "Red Neck" et trouve un camping pour y poser mon sac et sur-sac de couchage. C'est l'époque des grandes tornades assez fréquentes dans ces paysages sans obstacle.

Je me couche vers 22H et vers minuit je suis réveillé par des pluies torrentielles. Ce n'est plus un sur-sac mais le Titanic et il fait eau de tout bord. Je risque la noyade. Je sors de cet abri précaire et me précipite dans le premier bâtiment en dur sur mon chemin. Ce sont les toilettes des femmes. Je m'y abrite et rentre dans une douche pour me sécher un peu. Dehors c'est le déluge, je n'ai jamais vu ça. Au bout d'un quart d'heure, je sors de la douche. J'ai enfilé un pantalon mais je suis torse nu. Et là, surprise, il y a un gnome à l'intérieur des toilettes. C'est une femelle.

Vous savez ce que c'est un gnome ?

C'est comme un nain, mais c'est moche.

Tiens! Tu prends Mimie Mathy, elle est naine mais elle est jolie, Mimie. Et ben, un gnome c'est grand comme Mimie mais avec la tronche de Quasimodo. Celui qui est devant moi est tellement laid qu'il ferait avorter une couvée de singes.

Réflexion triviale et à la limite grossière me direz vous. Certes, c'est vrai, mais quels termes employer pour décrire ce grotesque personnage, fruit des amours sulfureuses du nain Atchoum et de la fée Carabosse. Les puristes me feront la remarque comme quoi, j'aurais pu choisir une comparaison moins infantile mais il n'existe pas, à ma connaissance, de gnome dans l'Iliade d'Homère (je ne l'ai pas lu entièrement). 

Et puis, je pense que tous le monde à entendu parler de Blanche Neige, tandis que de l'Iliade, ce n'est pas sur.

Je laisse au lecteur le soin d'imaginer ma frayeur. Il fait nuit, il y a des éclairs et le bruit du tonnerre est assourdissant. Dehors c'est le chaos et je suis seul avec cette créature.  La gnome me regarde et je regarde la gnome. Combien de temps cela a t il duré, quelques secondes, plusieurs minutes, je ne saurais le dire.

A la lumière d'un éclair, je crois voir luire la peur  dans ses petits yeux porcins.

Comment est elle arrivé là ? Échappée d'un zoo ? d'un cirque ? Mystère. Les toilettes seraient elles un sas en communication avec d'autres mondes ? Ca s'est déjà vu aux States, il suffit de lire Stephen King pour en être persuadé.

Alors que je me remets de ma surprise, la chose éructe un son qui semble être de l'anglais mais que je ne comprends pas.

"B'jour M'dame" : lui répondis je au hasard.

Et là, miracle! la pluie cesse, je peux sortir des toilettes. Je ne me fais pas prier et cours rapidement à l'extérieur avec mes brols trempées sous le bras. Elle ne me suit pas, le cauchemar est terminé.

Alors que je remets un peu d'ordre dans mon campement dévasté, j'avise un gros barbu dans une cabine téléphonique (il n'y a pas de portable à cette époque). Il est une heure du matin et je me demande à qui il est en train de téléphoner un soir de tornade.

Je n'allais pas tarder à le savoir.

Je continue à remettre en état mon lit douillé. Lorsque qu'il est présentable, je me couche, il est humide mais pas trempé.

Quelques minutes plus tard, je vois une première voiture de police, puis une deuxième.

"Ah! ils viennent chercher la gnome pour le remettre au cirque" : me dis je.

Un premier flic descend de la première voiture, puis un second de la deuxième voiture et ils se dirigent vers moi. Je me lève et ils commencent à me demander ce que je faisais à minuit dans les toilettes des femmes. Je leur réponds que je me suis précipité lors de l'orage dans le premier abri venu. Ca n'a pas l'air de les convaincre et ils me disent d'un air méchant que c'est interdit et que je vais avoir des problèmes si ça continue. Force reste à la loi et ils remontent chacun dans leur bagnole respective et rentrent à la brigade.

La gnome et son pote m'avaient balancé aux flics comme de vulgaires collabos .

En fait, ce n'est que rétrospectivement que je compris la lueur d'effroi dans le regard de la gnome, elle avait peur de se faire violer. Je ne la revis plus jamais.

Devant un accueil si chaleureux, je décidais de repartir à la première heure le lendemain.

Ce qui m'a surpris aux Etats Unis c'est la paranoïa ambiante omniprésente.

Par exemple, en Amérique Latine, lorsque vous demandez votre route à une  jeune fille (souvent jolie), elle commence à faire un grand sourire puis vous indique l'itinéraire à prendre. Une fois sur 2, il est faux mais ça a été si gentiment expliqué que tout est pardonné.

Aux Etats Unis, lorsque l'on est perdu et que l'on souhaite retrouver son chemin, si vous souhaitez demander la direction à une personne du sexe faible (rarement jolie), rien que le fait de s'arrêter à côté d'elle la fait fuir...

De même, marcher à pied dans la rue est supect. D'ailleurs, dès qu'un étranger arrive dans un coin il est suspect. A l'entrée des agglomérations, il y a souvent un panneau indiquant qu'elle est protégée par le "Neighborhood watch". Surveillance de voisinage.

 

 

                                                                         Image internet

 

Il y a même des panneaux représentant une main tenant un révolver de face avec un commentaire du style :

"J'ai un flingue et je sais m'en servir".

Ils sont tellement cons que je ne pense pas que ce soit humainement possible. Je me demande parfois si je n'ai pas été télé-transporté dans mon sommeil sur une autre planète.

Plus vraisemblablement, ce sont surement les terribles effets de la consanguinité.

En gros, chaque habitants est un indic qui doit signaler tout individu suspect à la police.

On entend par individu suspect toute personne que l'on ne connait pas et ne rentrant pas dans le standard du coin. J'étais donc systématiquement un individu suspect avec ma moto, mon chargement et mon blouson.

C'est cool et ça donne envie de connaitre les habitants de ces sympathiques petites bourgades.

Ca me faisait penser aux panneaux dans Lucky Luke.

 

                                                                   Internet

La route est longue et ennuyeuse dans les grandes plaines, tout comme la vie.

Une grange typique et un paysage typique, lui aussi, des grandes plaines
Une grange typique et un paysage typique, lui aussi, des grandes plaines

Une grange typique et un paysage typique, lui aussi, des grandes plaines

Pour ne pas faire que rouler, je visite aussi quelques musées. Ils sont fantastiques ces musées, on dirait des Vide-Greniers de chez nous. Je m'explique :

Alors que dans nos musées, nous avons plein de choses ennuyantes comme des sculptures, des peintures, des oeuvres d'art qui sont pour certaines vieilles de plusieurs milliers d'années, dans les musées américain, comme leur histoire est relativement plus récente que la notre, on trouve des objets beaucoup plus jeunes.

On va trouver des objets d'une grande valeur artistique comme le futal de James Dean, le "Six coups" de Billy the Kid et le moulin à café de Buffalo Bill.

Pas facile de faire des musées lorsque le pays n'a que 250 ans d'existence.

Mais l'un dans l'autre, ce n'est pas grave car la culture d'un américain moyen n'est pas très exigeante.

Vue d'un village musée

Vue d'un village musée

Au cours de mes pérégrinations dans les grandes plaines, je m'arrêtais pour la nuit dans un bled tout en longueur. Alors qu'en France, dans les villages, tous les commerces étaient regroupés dans un rayon de 200 mètres, dans ces bourgades américaines, il y a un commerce tous les 200 mètres. D'où la nécessité d'avoir un véhicule même dans des bleds de 1000 habitants.

Lors de mon voyage aux USA, j'avais rencontré plusieurs catégories de personnages : Le garçon boucher (Louchébem), le surfer, le hippie, le vétéran, l'américain moyen... Cette fois, je fis la connaissance de jeunes "Bien comme il faut".

Ils m'ont tout de suite fait penser aux jeunes adultes que l'on trouve dans les films ou séries américaines . On trouvait aussi souvent ce type de personnages dans les films d'épouvante des années 80. Ca racontait toujours plus ou moins la même histoire : Une bande de jeunes garçons et filles partent en week-end crapuleux dans une maison abandonnée au coeur d'une épaisse forêt. Ils ne sont pas très sérieux et comme ils n'ont pas amené que du Coca et du Sprite, ils se retrouvent vite à moitié "stones" à faire des cochonneries. Là, commence le film d'horreur. Ca se passe généralement la nuit et on ne voit pas grand chose pendant 1H30. En gros, ils se font tous massacrer les un et les autres sauf le couple ou la femelle dominante qui arrive à s'en sortir et encore parce que la tronçonneuse du tueur est tombée en panne d'essence. Il faut dire que le tueur est un "Red Neck" du coin en salopette, un peu dégénéré et qu'il n'a pas pensé à faire le plein avant de venir bosser...Heureusement.

A la fin du film, la baraque est cramée et il n'y a plus rien de vivant dans un rayon de 500 mètres. Quant à casser quelque chose, il vaut mieux le faire à fond.

Enfin, dans mon cas, rien de tout cela. Ils possèdent des bécanes japonaises ce qui les rend tout de suite respectables aux yeux de la population. Je fais quelques tours avec eux et nous rendons visite à un type qui retape de vieux véhicules. Ca m'intéresse car je fais la même chose en France avec les motos quoique à une échelle moindre. L'avantage aux Etats Unis c'est que pratiquement toutes les pièces sont disponibles à moindre coût. A l'époque ce n'était pas la même chose en France.

Les machines sont belles et bien restaurées, le gars est vraiment bon.

Toujours dans les grandes plaines, j'ai d'autres petites anecdotes qui dénotent bien la mentalité dans ce pays.

Alors que dans tous les pays que j'ai traversés auparavant, je pouvais m'arrêter au bord de la route pour me reposer ou pour manger, aux Etats Unis, à peine arrêté, un flic sorti de nul part venait me contrôler. C'était pénible. je n'ai eu ce problème que dans les pays de l'est à l'époque sous dictature communiste et encore pas partout.

Un soir, j'arrive dans une petite ville et comme d'habitude, je cherche un endroit pour dormir. j'avise un parc désert avec des tables qui semblent être un espace publique de récréation. Aucune barrière n'en interdit l’accès.

 

 

J'y installe mon bivouac.

A minuit, je suis réveillé en sursaut par une lueur éblouissante. J'ouvre les yeux. Un flic est en train de me braquer sa torche Maglite en pleine figure.

La Maglite est l'auxiliaire précieux du flic américain. Elle fait lampe torche d'un côté et matraque de l'autre. c'est un appareil très pratique car certains vagabonds, irrités d'avoir été réveillés en sursaut peuvent devenir irascibles.

Ce n'est pas mon cas et j'écoute docilement le flic m'expliquer que ce lieu est privé et que je ne peux pas y stationner. Il me propose gentiment de venir dormir au poste.

J'accepte car de toute façon je n'ai pas d'autre endroit.

Le lendemain, je dis au revoir à tous mes nouveaux camarades et je continue sur Desmoines.

Concernant la lampe torche Maglite :

"La position et la facilité d’utilisation de l’interrupteur permettent le maniement simultané d’une arme à feu et de la lampe. Leur poids, leurs dimensions et leur solidité en font des objets contondants utilisables à la façon d’une matraque. " Internet

Ces américains, quel sens pratique !

Je passe Desmoines puis roule vers Chicago car je souhaite visiter cette dernière ville puis aller voir les Chutes du Niagara.

En chemin, je rencontre un motard. Avec le vétéran, c'est le type le plus sympa que j'ai rencontré aux USA. Il roule en Harley-Davidson et rentre chez lui en Ohio.

Pour les non-motards, une Harley Davidson, c'est comme une bourge de Neuilly ou de St Cloud. C'est joli à regarder, ça fait un beau bruit mais ça tire pas, c'est toujours en panne et ça coute une fortune à l'achat et à l'entretien.

La sienne de déroge pas à la règle

Je fais un bout de chemin avec lui, en fait, je devrais dire des bouts de chemin car il est souvent en panne et à chaque fois nous nous arrêtons.

On discute pas mal ensemble et finalement, je lui pose la question :

- Tu n'as pas l'impression que les gens nous fuient quand on arrive dans un bled ?

- Ce n'est pas une impression, c'est sur, on leur fout la trouille car on a l'air méchant.

- D'où cela vient il ?

- De tout : La moto, les bagages, l'accoutrement, ect,...

- La moto ?

- Ben oui, ta moto à l'air méchante. Me dit il d'un ton péremptoire

- Ah ben oui, je n'avais pas remarqué mais maintenant tout bien réfléchi...

C'est vrai qu'on a l'air méchant, de vraies têtes de gibier de potence

C'est vrai qu'on a l'air méchant, de vraies têtes de gibier de potence

Voyage au bout de la route

Nous nous séparons avant Chicago.

J'en profitais pour visiter la ville. Comme dans toute ville américaine, il n'y a pas grand chose à y voir.

Elle est surtout connue pour le gangster Al Capone et le massacre de la St Valentin dans lequel 7 mafieux avaient été tués.

Il faut noter que depuis, ils ont fait d'énormes progrès : Colombine, Parkland, Sandy Hook,...

A chaque fois, il y a plus d'une douzaine de morts...et pas des mafieux.

Sont t y pas gentils tous ces jeunes américains de la génération Androïd V2.0 élevés aux hamburgers, au Coca et aux psychotropes dans une société toujours plus violente et déshumanisée ?

Al Capone, c'était pour l'argent, maintenant les jeunes, c'est pour le fun.

Chicago
Chicago

Chicago

Je continue seul et visite les chutes du Niagara. Je suis un peu déçu et elles sont loin de valoir de nombreuses chutes que j'ai pu voir au Zaïre et même celles d'Iguaçu au Brésil.

Les chutes du Niagara
Les chutes du Niagara

Les chutes du Niagara

Ma prochaine destination est Montréal au Québec.

La frontière se passe impeccable et pour entrer au Canada, je n'ai pas à subir les mêmes tracasseries administratives qu'à mon arrivée aux Etats Unis.

Je roule vers Toronto mais ne m'y attarde pas. J'arrive à Montréal au Québec.

Tabarnak ! Ca fait longtemps que je n'ai pas parlé français. A ce propos, il ne faut pas dire "Tabernacle" mais bien "Tabarnak", sinon vous passerai au mieux pour un plouc, au pire pour un touriste.

Enfin, parler français, tout est relatif.

Motocyclette se dit "Bicycle à gas, "Feu rouge" se dit "Feu de traffic", Boisson se dit "Breuvage", "Conduire" se dit "Chauffer"...

D'ailleurs, le premier fast food où je m'arrête, je n'arrive pas à comprendre ce que la "Chick" qui me sert me raconte. L'accent est tellement différent de chez nous. Elle me le répète en anglais et c'est pire. En fait elle voulait savoir : "Quesqu' j'vous saire com beurvage"

Elle me demandais la boisson que je souhaitais commander.

Les Canadiens francophones sont assez accueillants et sympathiques. On ne retrouve pas la paranoïa ambiante des USA.

Après Montréal, je me rends à la ville de Québec, c'est une jolie ville et il y a de nombreux endroits à visiter.

Quelques vues de la ville de Québec
Quelques vues de la ville de Québec
Quelques vues de la ville de Québec
Quelques vues de la ville de Québec

Quelques vues de la ville de Québec

Je profite de mon passage au Québec pour visiter un parc national.

Les paysages y sont magnifiques bien qu'un peu sombres.

J'ai même vu ce que je pense être un orignal
J'ai même vu ce que je pense être un orignal
J'ai même vu ce que je pense être un orignal
J'ai même vu ce que je pense être un orignal
J'ai même vu ce que je pense être un orignal

J'ai même vu ce que je pense être un orignal

Mon voyage est presque fini, cela fait pratiquement 10 mois que je suis parti.

J'ai prévu de retourner aux USA pour prendre l'avion de New York et rentrer à Londres.

J'ai profiterai pour passer quelques jours à New York et voir l'Italien que j'avais rencontré 3 mois plus tôt à Mexico.

Je repasse la frontière et là, personne ne m'enquiquine.

En arrivant à Boston je me retrouve pris dans une tornade comme dans les grandes plaines. Je suis en moto et j'ai juste le temps de m'abriter dans un tunnel routier.

Le reste du trajet se passe sans encombre.

 

Il y a 35 ans, les communications téléphoniques étaient beaucoup moins développées que maintenant et on ne se téléphonait pas beaucoup. J'avais juste l'adresse de l'Italien sur un bout de papier. Il me semble que c'était à Princeton.

Après avoir tourné dans la ville, j'arrive dans son quartier mais n'arrive pas à localiser la maison avec précision. Je m'arrête et comme il n'y a personne dans les rues, je sonne à une porte. Je suis mal reçu par un vieux schnock qui n'ose pas ouvrir pour me parler et reste derrière sa grille de protection. Je suis à quelques pas de chez mon ami et il ne le connait même pas.

Je suis bien au USA, j'en suis certain ! A quelques mètres personne ne se connait !

Finalement, j'arrive à trouver et suis accueilli à bras ouvert comme si j'étais un ami de toujours. Vraiment un chic type ce Rital.

Je suis resté quelques jours chez lui, le temps de trouver un billet retour pour moi et la moto.

Sa fiancée est américaine. Je fais quelques sorties avec eux et leurs amis, surtout la nuit.

Le jour, je me balade dans New-York en métro et à pied. A cette occasion, je découvre les "Guardian Angels" (Anges gardiens). C'est une milice bénévole non armée qui lutte contre la violence dans certaines grandes villes américaines. Je me demande vraiment dans quel coin je suis tombé. Quel pays! Il n'arrêtera jamais de me surprendre.

Carte postale : La grosse pomme

Carte postale : La grosse pomme

Wall street
Wall street

Wall street

Une rue de New York

Une rue de New York

J'ai révé New York, New York City sur Hudson (Y. Simon)  .  Tout au fond, la statue de la liberté

J'ai révé New York, New York City sur Hudson (Y. Simon) . Tout au fond, la statue de la liberté

Mon ami avec sa fiancée

Mon ami avec sa fiancée

Voyage au bout de la route

Finalement je trouve un billet pour retourner à Londres et la moto pourra aussi voyager en avion.

Je ne me souviens plus exactement mais le prix n'est pas exorbitant.

Le dernier jour, lorsque je suis dans le bus pour l'aéroport, j'ai encore le temps de voir un groupe de motards dont un porte un casque allemand de la dernière guerre sur la tête... Ils n'arrêteront donc jamais de me surprendre

C'est fini, je ne reviendrai plus dans ce pays.

 

Le lendemain j'arrive à Londres et je récupère la moto sans difficulté. Je sors de l'aéroport et fonce plein sud.

Je traverse le channel le jour suivant et je rentre sur Paris voir mes potes que je n'ai pas vu depuis presqu'un an. Je suis bien accueilli. Nous avons pas mal de choses à nous dire et ils m'apprennent qu'ils ont créé une "Start up" d'informatique. C'est la grande mode à l'époque. Ils ne m'ont pas attendu...C'est normal. Ils ont une bonne situation, ils sortent dans les beaux endroits avec des bourges BCBG, moi, je n'ai plus que ma moto.

Je ne suis plus de leur monde.

En roulant vers Bressuire où habitent encore mes parents, je pense que la vie va me paraitre bien ordinaire maintenant. Je n'ai plus de boulot mais il me reste un peu d'argent. Il est hors de question que je travaille dans un bureau.

 

Un peu plus d'un an auparavant, Sékou Touré, le président de la Guinée est mort. Le pays s'ouvre aux étrangers et il y a plein d'opportunités d'après un Français qui en est revenu.

Je rencontre un homme d'affaire Guinéen à Paris, dans un café, à quelques pas de l'école militaire. Nous faisons quelques plans et après avoir pris ses coordonnées, on se donne rendez vous à Conakry.

Je rentre dans les 2 Sèvres et nous projetons avec mon pote d'y aller. Cependant nous n'arrivons pas à avoir le visa car le pays est encore très fermé. Qu'à cela ne tienne, nous prenons le premier avion pour le Sénégal et quelques jours plus tard nous sommes à Dakar...

Mais ceci est une autre histoire

 

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D
" les Amériques " tout un programme...je me replonge toujours avec délectation dans les reportages sur l'Afrique en particulier le Sahara et les vues prises sur la "Transsaharienne " retiennent mon attention, au fait le dernier cliché dans le Désert avec la carcasse de "deuch" je connais bien cet endroit ce sont les Dunes de LAOUNI avant le poste-frontière Algérien d'in guezzam, à l'époque des " descendeurs " il y a eu de la casse ici ! <br /> Merci à toi.
Répondre
J
C'est sur qu'il y avait pas mal de carcasses à cause du sable. Les voitures s'ensablaient puis ça cassait. Faut dire qu'à l'époque, certains descendaient avec n'importe quoi. Même des Mini Morris, soit disant.
B
Merci le Carambus, ça me fait voyager :) J'aime bien ta tronche sur le cheval, tu as l'air à l'aise...
Répondre
J
Salut Bib,<br /> J'étais jamais monté sur une machine aussi puissante avant, alors normal, j'étais ému...<br /> Pis les commandes, c'est pas pareil.<br /> Je suis à Bamako actuellement et j'en profite pour mettre tous ça à jour car l'internet fonctionne correctement. A Ouaga, il faut 1/4 d'heure pour envoyer une photo d'identité.