Chroniques, anecdotes et autres aventures
Toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existé ne sont pas tout à fait fortuites.
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Y'a pas la monnaie

"They stab it with their steely knives
But they just can't kill the beast"
"Ils la piquent avec leur couteaux d'acier
Mais ils ne peuvent tout simplement pas tuer la bête"
(Eagles - Hotel California)
Je ne l'avais pas vu tellement j'étais occupé à trier les morceaux de viande parmi les charançons et autres arthropodes dans l'unique but de découvrir quelques morceaux humainement comestibles dans mon riz sauce graine.
Et dire qu'il y a des restos en France qui ne servent que des plats à base d'insectes, et ceci à des prix exorbitants.
Tiens!, nous, ici, on ne connaît pas notre bonheur, on a mouches et cafards dans la nourriture et même dans la boisson sans supplément de prix.
Le vieux mendiant avait déjà commencé ses bénédictions depuis plusieurs minutes lorsque je levais les yeux vers lui.
"Paix seulement, Salamalecum" : répéta-t-il
"Salamalecum, i ni baara" lui dis-je.
("Paix avec vous, et le travail, ça va ?"). Demander à un mendiant si le boulot ça marche peut paraître ironique mais ce sont les coutumes, on n'y peut rien.
Ca me gêne toujours de manger devant quelqu'un qui a faim, aussi je m'empressai de lui tendre une pièce de 250 fcfa.
Il me remercia aussitôt par une nouvelle rafale de louanges.
Au bout de quelques minutes, lorsque la salve fut enfin passée, il me demanda qu'elle était ma route. Je lui répondis que le soir, je serai à Yapa car je souhaitais passer en Côté d'Ivoire le lendemain matin de bonne heure.
À l'évocation de ce nom, je vis une lueur d'effroi passer dans son regard.
" - Walaï! Patron, ne t'arrête pas dans ce lieu, il est maudit": me dit le vieil homme d'un air sinistre.
- Maudit ?" : m'inquiétais je.
- Oui, maudit et je vais te raconter la terrible histoire de ce sinistre lieu.
Il était une fois un riche marabout qui revenait de la Mecque. Il rentrait dans son pays, à Kong, en Côte d'Ivoire.
Un soir, alors qu'il faisait très chaud, il s'arrêta à Yapa pour se désaltérer. Il entra dans la première boutique et demanda un sachet d'eau dont le prix était de 25 Fcfa. Le boutiquier le servit mais au moment de payer, le marabouts sortit un billet de 500 Fcfa.
Le marchand ouvrit de grands yeux étonnés et réprobateurs.
"Pardon Chef, y'a pas la monnaie, je n'ai pas de jetons" : dit l'honnête bourgeois en reprenant le sachet des mains du pèlerin ébahi.
Le marabout fit mauvaise fortune bon cœur et partit chez un autre marchand. Il y reçut la même réponse et ne put obtenir le sachet désaltérant tant désiré.
Il fit ainsi toutes les boutiques du village et essuya invariablement un refus. Il avait de plus en plus soif. Finalement, il aperçu une vieille femme à la sortie de l'agglomération.
C'était Awa, la sorcière du village, qui portait sur sa tête de chouette une calebasse remplie d'eau avec laquelle elle venait de faire ses ablutions d'avant la sala (prière du soir).
"Vieille femme" : dit le marabout, "donne moi un peu de ton eau afin que je puisses me désaltérer".
La vieille édentée lui tendit la calebasse.
"Prends et bois" : lui dit elle en ricanant et en pensant à la bonne blague qu'elle était en train de faire. En effet, c'était l'eau avec laquelle elle venait juste de se laver les pieds et qu'elle destinait à l'arrosage de ses salades.
L'eau était saumâtre mais le saint homme qui, à cause de l'obscurité ne vit pas la couleur, vida le récipient tant sa soif était grande. Il paya 100 Francs à la vieille qui lui fit des bénédictions et lui souhaita bonne route.
Il put ainsi continuer son chemin et passa en Côte d'Ivoire le lendemain. Cependant son ventre se mis à couler quelques heures plus tard et cela dura 7 jours et 7 nuits.
Hors de lui, l'assoiffé jeta un sort à ce village qui depuis lors fut maudit.
"Par Allah, ne t'y arrêtes pas mon ami" : réitéra le conteur. "Allah Akbar!"
A peine eut il fini son histoire, que le vieillard disparu dans la poussière rougeâtre de la route. Il n'avait pas dit de quel sortilège cet endroit avait été frappé.
Mon frugal repas insectivore terminé, je reprenais la route vers l'ouest sans me soucier davantage des avertissements du vieux bonhomme. C'était se méprendre sur les réalités de l'Afrique et j'allais l'apprendre à mes dépends.
L'horizon flamboyait dans le soleil couchant et la brume engloutissait lentement la plaine lorsque je commençais la descente du plateau Mossi vers Yapa.
C'était le moment où les arbres traversent la route sans regarder et les génies commencent à errer dans la brousse.
Lorsque j'arrivais en ville , le soleil disparaissait derrière l'horizon. Tout en fredonnant 'Hotel California' des Eagles, je décidais, et malgré les recommandations du vieux mendiant, de m'arrêter dans cette bourgade.
Sur le côté droit de la route, j'avisai une auberge au titre évocateur:
'Au coup de bambou Royal Palace'
'Restorant gastraunaumic' annonçait fièrement un panneau à l'entrée de l'établissement.
Je garais la moto sur le parking puis me dirigeais vers la réception.
L'hôtel appartenait à Mahouloud, Libanais d'origine mais possédant aussi les nationalités Française, Ivoirienne, Guinéenne et Congolaise.
Rendu à ce point du récit, permettez moi d'ouvrir une petite parenthèse socio-pédagogique:
(Il y a 2 types de libanais:
Celui qui vous prend pour un porte-feuille à pattes mais qui vous respecte en tant que tel et celui qui vous prend aussi pour un porte-feuille à pattes mais qui vous considère comme de la bouse. Celui ci ne vous regarde même pas lorsque vous rentrez dans son établissement et ne vous salue encore moins.)
Mahouloud appartenait à la première catégorie et il me reçu avec tous les égards dus à un futur client et porte-feuille en devenir.
Il faut dire que ces derniers temps, le tourisme ne battait pas son plein et que le touriste était une denrée aussi rare qu'un saucisson à l'ail dans une mosquée wahhabite.
Je demandais les prix.
Il me montra une affiche où je pus lire les indications suivantes :
* Chambre Royale avec climatiseur et commodités : 20.000 Fcfa
* Chambre Princière climatiseur simple : 15.000 Fcfa
* Chambre Touristique avec ventilateur : 10.000 Fcfa
* Chambre de Bonne avec paillasse : 5.000 Fcfa
Le petit déjeuner est offert par la maison sauf pour la chambre de Bonne.
(Elle n'aura qu'à manger son foutou banane à l'extérieur)
* Repas : 5.000 Fcfa avec boisson comprise
Je fus surpris par le fait que les prix étaient tous des comptes ronds.
Je prenais une chambre Princière pour la nuit et le repas du soir que je payais à l'avance...des fois que....les gens sont tellement malhonnêtes de nos jours.
Après m'être reposé quelques instants dans ma chambre, je descendais pour me désaltérer.
Je m'asseyais à une des trois tables qui trônaient au milieu de la cour. La table en fer cabossée était recouverte d'une toile cirée usée d'où émergeaient, au milieu de tâches diverses et à moitié effacées, de nombreuses citations existentialistes dont voici quelques extraits :
" A l'age de bière, les hommes habitaient dans des tavernes"
" Tout salaire mérite sa bière"
" Une flag vaut mieux que 2 tu l'auras"
" Chacun voit midi à sa flag"
(La Flag est une marque de bière locale)
J'étais absorbé par le déchiffrage de ces hiéroglyphes alcooliques lorsque mon attention fut attirée par un son étrange qui me sortit de ma rêverie.
'Schlip chlac, schlip chlac' faisaient les tapettes (tongs) de la serveuse en traînant par terre.
Elle se tint quelques instants devant moi silencieuse et immobile, son décapsuleur à la main, puis voyant que je ne disais rien, elle se risqua :
"Haou dou dou you ?
Vouate dou you drik misteur ?"
Visiblement, elle me prenait pour un des Australiens ou Sud-Africains qui travaillaient à la mine située à une quinzaine de kilomètres. Son regard de braise me fit penser à celui d une chatte en chaleur lâchement abandonnée par son maître au milieu d'une foire aux chiens lors des vacances d'été.
Je lui demandais une bouteille d'eau. Elle parut déçu de ma réponse en français et s'éloigna nonchalamment.
Schlip chlac, Schlip chlac, Schlip chlac, Schlip...Schlip... Schlip…elle avait perdu une tapette en glissant sur un os de poulet abandonné par un gastronome négligent.
Elle revint 5 bonnes minutes plus tard avec une bouteille de Flag. Je lui fis remarquer que
j'avais demandé de l'eau. Cependant toute à l'idée de galipettes rémunératrices avec un bel anglo-saxon, elle avait oublié ma commande et comme, toutes les serveuses vous le diront, les blancs ne boivent que de la bière, elle en avait donc, en toute logique, ramenée une bouteille.
Visiblement très contrariée que je ne m'exprime pas dans la langue de Shakespeare, ne boivent pas de bière et que son décolleté Grand Canyonnesque ne m'inspire pas de réflexion grivoise, elle repartit avec sa bouteille de bière et son décapsuleur en haussant les épaules de dépit. Au bout de 5 minutes, ne voyant personne, je décidais d'abandonner lâchement ma bouteille d'eau et d'aller faire des courses en ville.
En particuliers, je devais changer les piles de mon appareil photo.
Chemin faisant, j'avisai une boutique assez bien achalandée.
Je présentais la pile au marchand qui me répondit que malheureusement il n'avais pas ce modèle mais qu'en face, il y en aurait... c'est sur.
Effectivement, il y en avait. "C'est 600 Fcfa" : m'annonça l'aimable vendeur. Je sortais un billet de 5000 Fcfa de ma poche. Lorsqu'il vit le billet, il me fixa avec un regard ou se mélangeaient la surprise et l'indignation
"Y'a pas la monnaie" : me dit il avec un sourire ironique en me reprenant les piles d'un geste brusque.
Je sortis penaud et j'entrai dans un autre établissement non loin de là.
J'annonçais directement la couleur:
"Je veux des piles comme ça, vous avez la monnaie".
"Sans problème, nous avons la monnaie mais nous n'avons pas les piles".
Tant pis, je pénétrais alors dans ce qui me semblait être une supérette. La caissière sommeillait sur sa caisse enregistreuse en regardant le petit écran.
Elle s'était assoupie en regardant, à la télévision sur batterie, la grande Télénovelas de l'année : 'La Razon del Corazon del Amor del Corazon'. Dans son délire érotiquo-viandesque, elle se voyait prenant un bain de minuit avec la grande vedette Maximiliano Tarlouzof. Le soleil tropical se couchait sur la mer des Caraïbes en feu. Sur la plage, l'orchestre "Los Machucombos" jouait la 'Coucarachas'. Elle sentait déjà les lèvres brûlantes de Maxou sur sa poitrine dénudée…
"B'soir m'dame, vous auriez des piles comme ça et avec la monnaie qui va bien sur un billet de 5000" ?: me risquais-je.
"Tout ce que tu veux, mon corps est à toi mon Maximil… Heu! Oui, monsieur, nous avons des piles. Ici c'est une maison sérieuse...Ahon!" : me dit elle en me foudroyant du regard et en remontant machinalement son décolleté.
Le cœur plein d'espoir, je partais prendre mes piles qui n'attendaient que moi sur le présentoir adéquat au milieu des chouines gommes et des préservatifs chinois à la banane (Oui, oui, ça existe).
Tout souriant, j'arrivais avec mon objet tant convoité et tendis mon billet a la caissière qui venait tout juste de recouvrer ses esprits.
"J'ai un petit problème" : me fit celle-ci avec un sourire ravageur. "Y'a coupure. Dey!"
"Y'a coupure ? " : m'inquiétais je
"Oui, je dis Y'a coupure!. L'électricité est partie quoi" : me fit elle en me regardant avec la compassion d'un maître devant un élève particulièrement peu doué.
"Et vous comprendrez facilement, que ma caisse étant électrique, elle ne peut pas s'ouvrir s'il n'y a pas d'électricité. C'est bien vous, les blancs qui avaient inventés l'électricité...Non ?" : me dit elle avec un air de reproche chargé d'amertume.
"Dites moi dans quel hôtel vous êtes car la maison livre aussi à domicile. Je vous les ramènerai après mon service".
Je déclinais l'offre poliment, remis le blister de piles à l'endroit qui lui seyait le mieux et continuais ma quête d'absolu.
J'avais déjà parcouru la moitié de la ville et commençais à perdre espoir lorsque je remarquais l'établissement 'SOBOUF' (Société Bouréma et Fréres) qui semblait pouvoir faire l'affaire.
Je rentrai dans la pièce sombre et au premier abord, je ne vis personne. Lorsque mes yeux se furent habitués à la pauvre lumière que dispensait à grand peine un néon de l'Empire du Soleil levant, je remarquais un individu coincé entre une pile de cartons de mayonnaise Calvé et un amoncellement de boîtes de savons Belivoir.
Lorsque celui-ci eu réussi à s'extraire de son fragile refuge, non sans avoir reçu une boite de sauce tomate mal fermée sur la tête, je lui présentais le modèle de piles et mon billet.
"Nous avons tout, même la monnaie. Malheureusement, le patron est parti bonne heure avec la clef de la caisse, mais il arrive...Inch Allah" : dit il en se frictionnant le crâne sur lequel la sauce tomate avait laissé des traces sanglantes.
Le voyageur ignorant serait alors tenté de faire la grave erreur d'attendre le retour du propriétaire.
Pour un français, 'il arrive' signifie que la personne est en route et est en train d'arriver.
C'est le 'he is arriving' de l'anglais, qui, malin, fait la différence entre la personne qui est en train d'arriver et la personne qui va arriver mais on ne sait pas quand.
Dans notre cas présent, 'il arrive' signifie qu'il va venir, c'est tout. Le doute est encore renforcé par le 'Inch Allah' (si Dieu le veut), qui semble anodin mais qui laisse sous-entendre que ce n'est même pas sur qu'il vienne cette année.
Je me retrouvais une fois de plus dans la rue.
C'était de pire en pire et j'étais au comble du désespoir lorsque qu'une petite lumière vacillante attira mon attention. C'était la dernière boutique de la ville...mon ultime espoir.
C'était une boutique de téléphones portables. Au milieu des smartphones, chargeurs et autres gadgets était assis un petit bonhomme à lunettes genre intellectuel attardé.
Pour la énième fois ce soir, je renouvelais ma requête.
"J'ai les piles et ne vous inquiétez pas, je n'ai plus besoin de monnaie. Maintenant, nous avons Orange money" : me répondit l'homme de science.
" - Orange money, c'est la monnaie orange ?
- Non, non, c'est de l'argent Orange et c'est électronique. C'est l'avenir, ça marche avec le réseau téléphonique, internet, tout ça, tout ça. Vous avez un portable, je suppose. Votre puce est elle orange?
- Oui
- Vous avez alors forcément un compte Orange money.
- Ah! voui, effectivement, et je crois qu'ils m'ont mis 1000 Fcfa dessus. Je ne savais pas à quoi ça servait. Ils m'ont aussi donné un mot de passe.
- Hé! bien Cher Monsieur, je peux vous affirmer que vous êtes sauvés, vous pouvez payer votre marchandise avec ça. Attendez, je vous donne mon code. Vous voyez tout s'arrange."
J'étais sauvé par la technique.
Dix minutes plus tard, mon cyber-sauveur bidouillait toujours son téléphone.
- Y a quelque chose qui ne va pas ?
- Effectivement, y'a pas le réseau… En tout cas !.
C'est à cet instant que je compris la nature du sort jeté par le marabout diarrhéique en colère.
Le nom complet du bled était Yapa Lamoné.
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Maléfice végétal

"Morts, ils sont morts tous les 2, Jean de Dieu Tchisekedi, cadavéré, Théophraste Monganga, cadavéré"
Ce sont par ces mots que Frisotin N'gandu pleurait son désespoir.
Mais, si vous le voulez bien, revenons quelques heures en arrière.
Ce dimanche matin de Février 1988, j'enfourchais ma Yamaha 500XT pour une balade jusqu'à M'banza N'gungu dans le bas Zaïre.
M'banza N'gungu, anciennement Thysville et nœud ferroviaire important, est situé à environ 150 km de Kinshasa sur la route Kin-Matadi. Matadi étant un des principaux ports du Zaire.
J'arrivais sans encombre à destination puis me restaurais à l'hôtel "Cosmopolite", une des meilleure table de la ville à l'époque.
Vers 14H je reprenais la route et passais à Inkisi-Kisantu vers 15H. J'avais dans l'idée de m'arrêter au jardin du Père Gillet pour me désaltérer mais finalement, je décidais de m'arrêter boire un verre à Kasangulu chez Juju, Belge d'origine et ancien instructeur militaire de Mobutu.

Calvaire dans le jardin botanique du Père Gillet (1988)
Quelques instant plus tard, je garais ma moto à l'entrée de la N'ganda (Bar au Zaire) et entrais dans la cour intérieure où étaient disposées plusieurs tables, quelques consommateurs y étaient attablés.
Juju était en train de boire un verre avec Gaston Soumialot. Gaston était une célébrité locale car en 1961 à Kindu, d'après la rumeur, il aurait mangé quelques Italiens dont l'avion avait eu la mauvaise idée d'atterrir sur son territoire. Gaston était alors un des notables de la rébellion Simba.
Mobutu, attendri par la gentillesse et la délicatesse de Gaston, lui offrit une ferme dans le bas Zaire pour en faire son ami. Gaston accepta et il coula des jours heureux dans sa ferme de Kasangulu jusqu'à un âge avancé sans être inquiété davantage par la justice des hommes.

De gauche à droite : Ramazani - Joseph Désiré Kabila (ancien président de la RDC et père de l'avant dernier président) - Gastounet (Cadre des Simbas et amateur de l'art culinaire Italien) - Le quatrième : Martin Kasongo
Après avoir salué les 2 amis, je me retournais et aperçu Frisotin, l'air maussade devant une "Tonton Skol". La Skol au Zaire était une bière blonde assez légère, compagne de toutes les fêtes qui étaient nombreuses à cette époque.
"Hé! Mon ami Frisotin, que t'arrive t il " lui demandais l'air enjoué.
"Ils sont morts tous les 2" : me répondit il
"Je ne comprends pas, de quoi s'agit il, raconte moi ?"
Et il me raconta la triste histoire que voici :
"Ca s'est passé la semaine dernière, Jean de Dieu, son adjoint Théophraste et moi-même sommes partis à Matadi chercher une livraison de cigarettes de contrebande en provenance du Brésil.
C'est moi qui conduisais le camion.
Dans la cabine surchauffée du MAN, sentant la transpiration et l'huile de vidange, Jean de Dieu reprocha à son adjoint de nous avoir fait perdre du temps à Kasangulu :
" - T'étais où? , encore avec cette Londonienne de Bernadette Soubirou." (Londonienne = prostituée en Kinois)
" - Soit correct avec Bernie, mon ami, cette femme est très gentille, très serviable et en plus, elle est bien vertébrée. Faudra essayer un jour avant de te plaindre - Jaloux".
" - Ouais, mais avec tes conneries, on est parti à 19H au lieu de 16. Tu sais comme moi que la route est pourrie vers Kimpese. Il faut pratiquement 5 heures et demi pour faire le trajet jusqu'à Matadi alors qu'avant, 4 heures suffisaient. Heureusement, on avait Tonton Skol pour nous tenir compagnie, pas vrai Friso ?"
C'est vrai, on avait juste bu 4 grandes Skols chacun en attendant Théophraste.
Quelques dizaines de kilomètres après notre départ, j'avais tendance à sommeiller. J'ouvrais la fenêtre de mon côté pour faire rentrer un peu d'air. Il était chaud et humide en cette période de l'année et ne me fit pas beaucoup d'effet.
Puis j'ai vu des choses étranges sur le bord de la route, comme si quelque chose s'animait alors qu'il n'y avait pas de vent. C'est vrai que c'était une nuit de pleine lune, que les détails étaient vraiment clairs et les ombres mouvantes.
Théophraste dormait pratiquement depuis le départ et Jean de Dieu s'assoupissait lentement, je ne pouvais pas leur faire part de mes inquiétudes.
Soudain, un immense Kaïcédra traversa la route sans regarder des 2 côtés comme on nous l'apprend à l'école primaire. Il faisait au moins 20 mètres de haut et se déplaçait rapidement.
Je donnais un brusque coup de volant sur la droite mais la roue du camion toucha une de ses racines et le véhicule fut déséquilibré. Il entra dans fossé puis percuta le parapet d'un petit pont et parti en tonneau. A ce moment, je fus éjecté. Malheureusement, mes compagnons eurent moins de chance et restèrent coincés dans la cabine.
Lorsque je reprenais mes esprits, je constatais qu'à part un poignet foulé et quelques égratignures, je n'étais que légèrement blessé. Je me relevais et m'approchais du véhicule. Sa cabine était écrasée et mes malheureux amis étaient à l'intérieur. Aucun n'avait survécu.
Comme tu dois l'imaginer, l'arbre avait disparu dans la brousse.

Comment voulez vous retrouver le coupable dans un tel foutoir.
Vu la promiscuité, on peut imaginer aisément qu'un arbre veuille changer
d'environnement
(Bas Zaïre 1988)
Et puis, il y a eu une enquête. Finalement, les policiers, comme moi-même, étions persuadés qu'un mauvais plaisant nous avait jeté un sort.
J'ai tout de suite pensé à mon beau-frère Corneille Mamba. Il est jaloux de ma réussite et ferait tout pour me détruire. Les policiers l'ont interrogé mais il n'a rien dit."
"Tu sais", lui dis je, "ce n'est pas forcément quelqu'un qui te veut du mal. Ce n'est pas la première fois qu'un arbre traverse la route dans cette région. De nombreux chauffeurs avant toi en ont fait les frais…allez, reprends une Primus."
J'appelais Bernadette Soubirou afin qu'elle remonte le moral du pauvre Frisotin.
Ayant fini sa bière et devant les minauderies de Bernie, Frisotin sortit de sa torpeur.
"Demain j'irais voir le révérend Chrysostome Tchicaya. Il m'a demandé 500 $ pour dire une messe d'action de Grâce et faciliter l'entrée au royaume des cieux de Jean de Dieu et de Théophraste.
C'est beaucoup d'argent mais ils étaient mes amis et je leur dois bien ça."
Chrysostome était le pasteur évangéliste de l'église De la Rédemption du Septième Ciel de la Légion de Jésus. Il était très influent au niveau des instances suprêmes et pouvait négocier une place d'honneur au paradis à côté du "Tout Puissant".
De nombreux hommes d'états et commerçants le sollicitaient, ce qui expliquait ses tarifs élevés.
C'était un homme d'une grande honnêteté et d'une grande générosité. D'ailleurs, aucun de ses clients n'est jamais revenu se plaindre qu'il s'était fait escroqué.
Sa générosité était si grande que lorsqu'une jolie femme démunie le sollicitait, il pouvait faire une réduction de prix importante en fonction de la compréhension de la demandeuse.
Un tel accident n'avait pu se produire qu'avec l'aide du Royaume des Ténèbres. Une messe d'Action de Grâce était nécessaire; d'autant plus que Chrysostome devait changer la climatisation de sa Porsche Cayenne et que la qualité allemande, ça se paye.

Certains arbres sont maléfiques. Pas besoin d'être un spécialiste du monde végétal pour s'en apercevoir.
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Pornstar internationale
Récit de Raoul Dugommar (dit "La Gomme") - 60 ans - Intermittent du spectacle
Témoignage recueilli par Julio Von Gepetto
Raoul Dugommar dans le film qui l'a rendu célébre : "J'aime les ignames car il n'y a pas d'os dedans" . Ce film lève la grande problématique de l'influence de la philosophie de Nietzshe sur l'usure du pilon utilisé par les femmes Bozos du Macina durant la guerre de 14-18. Le titre est tiré d'une réplique de l'héroïne principale : "Y'a bon igname, y'a pas os dedans". Suite à ce film documentaire d'une grande intensité dramatique, de nombreux fonds ont été débloqués pour étudier plus en profondeur cette problématique horizontale essentielle au développement rural en Afrique sub-saharienne.
22 octobre 2018 - 7am - Ouaglouglou - Burwana Fécho
Sept heures du matin, j'ouvre l'œil droit… puis le gauche. J'ai la tête comme un ballon et envie de vomir.
Dans la chambre, le mercure indique 33°C et l'air est moite. C'est la fin de l'hivernage au Burwana et la relative fraîcheur de la saison des pluies disparaît progressivement pour laisser place à une chaleur étouffante.
Fidèle à son habitude, le courant a disparu une grande partie de la nuit m'empêchant d'utiliser le climatiseur.
Je me lève difficilement.
"Il faudra bien que je me débarrasse un jour de cette mycose qui devient de plus en plus génante" : pensais je en me grattant l'entrejambe.
Je passe sous la douche et me rappelle la soirée d'hier.
Robert et Maurice sont passés vers 20H. Robert, pour me présenter sa nouvelle fiancée et Maurice pour partager un cubitainer de 5 litres de Don Simon vendu en promotion par Youssouf le Libanais qui tient la superette "Le bone samaritin" à côté de la mosquée.
"Cé oune bounne bizness mon ami, la vin est oune promotion. L'est resté dans oune container en plein soleil sur le port d'Abidjan seulement 6 mois...l'a pratiquement pas souffert, le gout kif-kif pareil, coumme neuf. Ji lé fais à moitié prix. Si t'achète pas ji vais être oblizé dé lé vendre coumme prouduit pour déboucher les chiottes - Ca sérait doumage" : lui expliqua l'aimable phénicien.
Cela avait suffi à persuader Maurice qu'il faisait une bonne affaire.
Quant à Robert, il nous expliqua qu'il avait rencontré sa fiancée, Rigobertine, grâce à un forum de rencontre de Renouveau Spirituel appelé "Mystic".
Au moment de son inscription, Robert était en grande détresse psychologique car sa tante qui possédait de nombreux biens immobiliers dans la région parisienne venait de décéder d'une thrombose vasculaire d'origine blennorragique contractée avec un Waffen SS pendant la guerre et qui fut mal soignée à l'époque faute d'antibiotique…enfin, c'est ce qu'ont prétendu les spécialistes, là-bas, en France.
La tante était la seule famille de Robert et Robert était la seule famille de la tante, faisant ainsi de lui son unique héritier.
Il trouva donc un peu de réconfort en s'inscrivant à ce forum de Renouveau Spirituel et rentra vite en relation avec Rigobertine.
Celle-ci avait pris pour avatar une photo de Jean Paul 2 et sa devise était : "Cé le seul à ne pas maitre passer dessus. Je fait tous même la vésselle".
Elle avait pris comme pseudo le nom d'une grande actrice de Télénovellas : Gustava Ben Glabros dé la Guadaloupé.
"Ce fut tout de suite le coup de foudre": nous expliqua Robert.
Pour Rigobertine, c'est après que Robert lui ait expliqué la triste histoire de sa tante qu'elle fut prise d'un sentiment profond et sincère pour celui qui allait très rapidement devenir sa seule raison de vivre.
On ne soupçonnera jamais assez l'amour et la compassion qui sommeille dans le cœur d'une femme.
Il est évident que cet amour n'était pas seulement physique car Robert ressemble plutôt à Michel Simon qu'à Alain Delon et qu'il y a 43 ans de différence entre les 2 tourtereaux. Mais les voies du cœur sont impénétrables et c'est tout à l'honneur de Rigobertine.
"Depuis que je connais Rigobertine, je suis un autre homme": nous assura Robert.
"J'ai commencé à laisser progressivement la boisson et la cigarette. Je me limite maintenant à 4 briques de Don Simon et à 2 paquets de cigarettes Hamilton par jour. Je me sens nettement mieux et j'ai pris 10 kg".
"Tu dois bien faire un peu plus du quintal" : me risquais je timidement.
"Exactement un quintal et douze kilos. C'est un signe de bonne santé" : me répondit il.
A minuit, l'électricité n'étant pas rétablie et les 5 litres de Don Simon épuisés, nous allâmes nous coucher. Auparavant, Rigobertine avait insisté pour nous faire la danse traditionnelle dite "du plus simple appareil" sur la table de la salle à manger. Cette danse est sensée interpeler la fée électricité afin que celle-ci rétablisse le courant dans les délais les plus courts.
Le temps de me remémorer cette soirée, j'étais sorti de la douche et mon mal de tête commençait à disparaître.
Je partis chez le boutiquier et j'achetai une dose de Nescafé à 50 Fcfa et une dose de lait à 100 Fcfa, je complétai avec un morceau de pain .
"i ni socoma. Nescafé kele, nono mugu kele, bourou kele" :demandai je au boutiquier qui me répondit avant que je ne finisse ma phrase par un "y'en na" (Il y en a) sonore.
Voyez vous, ce système de dose individuelle est très pratique en Afrique. En effet, si vous achetez une boite de Nescafé et une boite de lait, 3 jours après, vous n'aurez plus rien après le passage de la parentèle indélicate qui pense que tout ce qui se trouve dans votre maison leur appartient. Il vaut mieux acheter dose par dose, c'est beaucoup mois onéreux au final.
Après avoir avalé mon café, j'allumai mon ordinateur.
Je ne vous l'ai pas encore dit mais le Burwana traverse actuellement une crise économique et sécuritaire jamais égalée par le passé. Je cherche désespérément du travail depuis des mois mais sans succès. Pourtant je ne cède en rien au découragement et regarde ma boite émail chaque jour.
En ouvrant mon compte Orange, je m'aperçois que je n'ai plus d'unité. Je retourne chez le boutiquier qui me salut par un "Y'en na " joyeux.
J'achète pour 1000 Fcfa (1,5 euros) d'unités. Ca me servira pour 4 jours.
De retour à la maison, j'approvisionne mon compte et je commence à ouvrir ma boite émail.
Au bout de 15 minutes et 5 ou 6 essais infructueux, j'arrive finalement à visualiser mon courriel. Et là, surprise, j'ai un émail qui semble être une proposition de travail.
Il se présente sous la forme suivante, rédigé en gras :
[Bulk] R__Dugommar PSW Hacked "Mamy_blue"
"Mamy blue", c'est mon mot de passe. Je l'ai choisi en hommage à Nicoletta qui dans les années 70 chantait "Mamy Blue". C'est de l'anglais et ça veut dire "Mémé bleue".
Dans ce monument de la chanson française, Nicoletta raconte l'histoire de sa Mémé. Eh oui!, elle aimait beaucoup sa Mémé, Nicoletta.
Voici quelques extraits :
"O Mamy, O Mamy, O Mamy Mamy Blue, O Mamy Blue...."
Ca dure 15 minutes comme ça.
J'ai longtemps hésité avec le tube d'Alexandre Winter : Lady Mary
"O Lady Mary, petite fille au yeux bleus" C'est la terrible histoire du chanteur qui est amoureux d'une petite fille qui a les yeux bleus. A l'époque, on s'embarrassait beaucoup moins des histoires de pédophilie.
Le bleu était très à la mode aussi.
Remarquez que si on regarde bien, notre Président Manu s'est inspiré de ces 2 chansons car il est tombé amoureux de sa grand mère.
Mais revenons à ce qui nous préoccupe.
En ouvrant l'émail, je m'aperçois que j'ai eu la chance d'avoir été choisi, et ceci parmi des millions d'adresses, par un généreux donateur.
Celui-ci m'explique qu'il a piraté mon compte en récupérant mon mot de passe et qu'il a ainsi récupéré toutes les adresses de mes correspondants. Je suis flatté d'apprendre que des inconnus s'intéressent ainsi à moi. Il me dit qu'il connaît beaucoup de chose sur ma vie privée.
Il m'avoue qu'il m'a surpris entrain de naviguer sur des sites où sont très bien expliqués avec des images simples et des vidéos, les différents modes de reproduction de l'espèce humaine.
Il continue en m'expliquant qu'il a piraté ma vouèbe cam et qu'il m'a surpris en train de faire des galipettes polissonnes devant mon ordinateur.
Là j'avoue que je plonge dans un abîme de perplexité. En effet, je n'ai pas de Vouèbe cam. Et les jours où je cramponne Maman par les oreilles, c'est à dire à Noël et à son anniversaire, je ne suis pas au même moment en train de travailler sur mon ordinateur.
La raison en est simple : On ne peut pas faire 2 choses aussi compliqués en même temps et le boulot sera forcément mal fait…Tous les anciens vous le diront.
Maintenant, puisque mon bienfaiteur anonyme me le dit, c'est qu'il l'a forcément fait.
En poursuivant la lecture du courriel, il me propose alors une grande carrière de pornstar internationale en diffusant le documentaire à tous mes amis, relations, collègues et même plus.
A 60 ans, devenir une star du X me remplit d'émotions, j'en ai la larme à l'oeil. Je n'aurais jamais cru ça possible.
Une grande carrière s'ouvre à moi avec des noms aussi prestigieux que Clara Morgan, Tabata Cash…peut être même à Hollywwod avec Stormy Daniel qui connaît très bien Donald (Pas le canard, le Président).
J'ai déjà mon nom de scène : "La poutre de Bamako"
Par contre, je n'ai pas compris la suite :
Il me propose ensuite de lui verser une somme rondelette (850$) en Bite-con sur un compte avec un numéro bizarre pour ne pas me sponsoriser.
J'ai du mal à comprendre:
D'une part, le Bite-con: Je suppose que c'est une monnaie spéciale utilisée dans le monde du X.
Avec une telle appellation, ce n'est pas impossible.
Et d'autre part, pourquoi me demande t il de l'argent pour ne pas faire le travail ?
Le contraire aurait été beaucoup plus logique.
Ce généreux donateur me proposait de réfléchir pendant 48 H avant de verser l'argent.
C'est tout réfléchi, je ne verserai rien et deviendrai rapidement une grande personnalité du cinéma, c'est sur!
"Je m'voyais déjà, en haut de l'affiche...."
A la fin du message, il m'explique qu'étant d'une nature excessivement timide et n'aimant pas la publicité il n'a pas écrit avec son adresse émail et qu'il n'est pas joignable. En effet, par une prouesse informatique connue seulement de certains initiés, il m'a fait envoyé le message par ma propre adresse….Amusant !
26 octobre 2018 - 11am - Ouaglouglou - Burwana Fécho
Je ne dors plus, je sens que je vais être malade. Dix, vingt fois par jours, je consulte mon émail pour guetter une réponse de mon sponsor…Rien.
Je commence à penser que je suis victime d'une arnaque et que l'on a abusé de ma naïveté.
J'avais même proposé à Rigobertine un petit rôle quand je serai une grande vedette.
Comment peut on se moquer des gens de cette façon?
J'envisage de porter plainte à la cyber police.
………….
En savoir plus sur le vin Don Simon :
Don Simon : cliquez sur le texte
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Il vivra...J'en suis sur (Gabon 2004)
Il est 14H en cette journée de janvier. Au volant de ma Toyota Hilux, je suis sur la route entre Libreville et Lambaréné au Gabon, en pleine forêt.
L'atmosphère est chaude et humide. Dans mon dos, ma chemise trempée colle au siège en simili cuir. La tête lourde, je somnole légèrement.
Sans faute, je dois réparer cette climatisation en arrivant à destination.
Les nuages blancs qui commencent à se rassembler dans le ciel laissent présager un orage équatorial en fin de journée. Je serai arrivé avant la pluie. J'espère.
Soudain, là, sur ma droite, à une centaine de mètres, quelque chose a bougé.
Je ralentis . Un gendarme surgit. Je m'arrête, il se précipite sur ma voiture et s'effondre sur le capot, un bras de chaque coté du véhicule.
L'ai je touché, est il blessé ?. Il me semble que non. J'ai peur.
Je descends en tremblant du pick up et je m'approche doucement de lui. Visiblement, il n'y a pas eu de choc…Pas de sang.
Il est immobile et un léger filet de salive coule de sa bouche entrouverte sur le capot brûlant.
Dans son délire, il bafouille des mots sans signification : Excès, vitesse, quatrième catégorie,.... J'ai du mal à comprendre.
Je le regarde plus attentivement et diagnostique un état avancé de déshydratation.
Je consulte mon "Petit Manuel du secouriste en Afrique Subsaharienne à l'usage des Occidentaux" qui se trouve toujours dans ma boite à gants.
Ca y est, j'ai trouvé : Chapitre4 : Déshydratation…Le remède, la posologie, tout y est.
Je m'approche de l'homme en détresse et lui fait, sans attendre, une transfusion d'un billet de 5.000 Fcfa.
C'est un très beau billet vert clair : D'un côté des bateaux avec un petit homme vert qui semble être un martien récemment capturé, et de l'autre les vues d'une usine de cintrage de bananes. La fierté du Président Fondateur, achetée à des Belges à grands renforts de commissions occultes.
A peine la transfusion terminée, il ouvre déjà un œil. Il est joli cet œil, jaune avec des traînées rouges, on dirait un drapeau espagnol miniature. Magnifique œuvre d'art façonnée avec amour par des années d’absorption de doses massives de Régab (Bière locale) et d'alcool locale.
Pas le temps de s'émerveiller devant les beautés de la nature…Il y a plus urgent ! Une vie humaine est en jeu.
Il marmonne quelque chose puis relève la tête et se met debout en s'aidant maladroitement de ses 2 bras en appui sur la carrosserie.
Il s'éloigne en titubant vers un petit abri très coquet fait de troncs d'arbres et de feuilles de bananiers.
C'est le débit de boisson de la Congolaise "Mama Kitoko", négociant de vin de palme de son état.
Il est sauvé, il vivra…J'en suis sur.
Et je reprends la route vers le soleil couchant, fier une fois de plus d'avoir pu sauver un de mes semblables et, qui plus est, un représentant de la loi. La vie est belle. Je suis heureux.

Le fameux billet de 5000 Fcfa avec lequel j'ai sauvé une vie humaine.
Objet indispensable dans votre trousse de premier secours lors d'un voyage au Gabon
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La gnome (Etats Unis 1986)
Extrait du récit : "Voyage au bout de la route" - Les Etats Unis
Passé les Rocheuses, on arrive à Denvers puis les Grandes Plaines commencent. Les paysages sont très monotones. La route est toute droite et il n'y a aucun relief pour arrêter la vue.
Un soir je m'arrête dans un de ces bleds de "Red Neck" et trouve un camping pour y poser mon sac et sur-sac de couchage. C'est l'époque des grandes tornades assez fréquentes dans ces paysages sans obstacle.Je me couche vers 22H et vers minuit je suis réveillé par des pluies torrentielles.
Ce n'est plus un sur-sac mais le Titanic et il fait eau de tout bord. Je risque la noyade. Je sors de cet abri précaire et me précipite dans le premier bâtiment en dur sur mon chemin. Ce sont les toilettes des femmes. Je m'y abrite et rentre dans une douche pour me sécher un peu.
Dehors c'est le déluge, je n'ai jamais vu ça. Au bout d'un quart d'heure, je sors de la douche. J'ai enfilé un pantalon mais je suis torse nu. Et là, surprise, il y a un gnome à l'intérieur des toilettes. C'est une femelle.Vous savez ce que c'est un gnome ? C'est comme un nain, mais moche.
Tiens! Tu prends Mimie Mathy, elle est naine mais elle est jolie, Mimie. Et ben, un gnome c'est grand comme Mimie mais avec la tronche de Quasimodo. Celui-ci est tellement laid qu'il ferait avorter une couvée de singes. Réflexion triviale et à la limite grossière me direz vous. Certes, c'est vrai, mais quels termes employés pour décrire ce grotesque personnage, fruit des amours interdites entre le nain Atchoum et la fée Carabosse.
Je laisse au lecteur le soin d'imaginer ma frayeur. Il fait nuit, il y a des éclairs et le bruit du tonnerre est assourdissant. Dehors c'est le chaos et je suis seul avec cette créature. La gnome me regarde et je regarde la gnome.
Combien de temps cela a t il duré, quelques secondes, plusieurs minutes, je ne saurais le dire.
A la lumière d'un éclair, je crois voir luire la peur dans ses petits yeux porcins.
Comment est elle arrivé là ? Échappée d'un zoo ? d'un cirque ? Mystère. Les toilettes seraient elles un sas en communication avec d'autres mondes ? Ca s'est déjà vu aux States, il suffit de lire Stephen King pour en être persuadé.
Alors que je me remets de ma surprise, la chose éructe un son qui semble être de l'anglais mais que je ne comprends pas.
"B'jour M'dame" : lui répondis je au hasard.
Et là, miracle! la pluie cesse, je peux sortir des toilettes. Je ne me fais pas prier et cours rapidement à l'extérieur avec mes brols trempées sous le bras. Elle ne me suit pas, le cauchemar est terminé.
Alors que je remets un peu d'ordre dans mon campement dévasté, j'avise un gros barbu dans une cabine téléphonique (il n'y a pas de portable à cette époque). Il est une heure du matin et je me demande à qui il est en train de téléphoner un soir de tornade.
Je n'allais pas tarder à le savoir.
Je continue à remettre en état mon lit douillé. Lorsque qu'il est présentable, je me couche, il est humide mais pas trempé.
Quelques minutes plus tard, je vois une première voiture de police, puis une deuxième.
"Ah! ils viennent chercher la gnome pour la remettre au cirque" : me dis je.
Un premier flic descend de la première voiture, puis un second de la deuxième voiture et ils se dirigent vers moi. Je me lève et ils commencent à me demander ce que je faisais à minuit dans les toilettes des femmes. Je leur réponds que je me suis précipité lors de l'orage dans le premier abri venu. Ca n'a pas l'air de les convaincre et ils me disent d'un air méchant que c'est interdit et que je vais avoir des problèmes si ça continue. Force reste à la loi et ils remontent chacun dans leur bagnole respectives et rentrent à la brigade.
La gnome et son pote m'avaient balancé aux flics comme de petites fillettes.
En fait, ce n'est que rétrospectivement que je compris la lueur d'effroi dans le regard de la gnome, elle avait peur de se faire violer. Je ne la revis plus jamais.
Pour en savoir plus : Voyage au bout de la route
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COTE D'IVOIRE 2010 -2013

(Internet)
"Eh! le blanc, donne mille balles "
Le militaire qui s'avance vers moi en tapettes (tongs), pantalon kaki , marcel (maillot de corps) et AK 47 à la main, semble être un gradé.
Encore, celui-ci, il est clean. Il n'a pas le fameux grigri qui protège contre les balles, le tee shirt noir avec la tête de mort à paillette et des bagouzes plein les doigts.
A noter que le fameux grigri qui protège des balles est assez capricieux car il ne faut ni boire, ni avoir de relations sexuelles pour qu'il fonctionne correctement.
Discipline à laquelle l'homme de troupe à parfois des difficultés à s’astreindre.
Beaucoup ont d'ailleurs payé un lourd tribut en oubliant ce détail certes technique mais non moins essentiel.
Ne dit on pas : "Le diable se cache dans les détails"
On remarquera que ce proverbe est Suisse et non Africain pour ceux qui en douteraient.
Les "Forces Nouvelles ils appelaient ça"...elles soutenaient le président actuel qui était de Kong contre l'infâme Gbagbo et Simone son cobra femelle. "Il vaut mieux avoir un cobra dans sa chambre que la mère Simone" : disait à l'époque un adage populaire du Nord

(internet)
La mère Simone : Un cœur à prendre ?...Enfin, pour ceux qui
n'ont rien d'autre. Ne cherchez pas sur Meetic, elle n'y est pas
inscrite.
J'avais une vingtaine de billets de mille pour passer les barrages. Hé! oui, comme partout en Afrique les hommes de tenues n'ont jamais la monnaie, alors payer un représentant de l'ordre ou un vaillant guerrier avec 10.000 Fcfa, ça finissait forcément par coûter cher.
De plus, c'était si gentiment demandé que je n'osais refuser.
"Oui Chef, sans problème Chef "et je m'exécutais avec le sourire.
Il y a 2 dictons dans l'armée :
"Pas de couilles, pas de gloire"
et
"Depuis l'invention de la poudre, il n'y a pas de surhomme".
Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, j'ai toujours choisi le second. L'avantage du second, c'est que mes dites "couilles" sont toujours à la même place où Mère Nature les a admirablement bien placées à mon goût. Avec le premier, beaucoup de facteurs rentrent en jeu et l'issue finale est très aléatoire. De nombreux imprudents se sont faits bêtement surprendre.
La population commençait à jaser car ils étaient très turbulents et violaient même les filles sans payer. De plus, parmi tous ces militaires, il y avait beaucoup d'étrangers. Essentiellement Maliens et Burkinabés. Ceux ci étaient attirés par une solde non négligeable. Blaise Compaoré, soutenait les gens du Nord contre l'affreux Gbagbo.
Ensuite vers 2012 ou 2013, je ne me souviens plus, il y a eu le désarmement. La réunification.
La victoire du bien contre le mal....Enfin c'est le mal et le bien africain...C'est plein de nuances
On retrouvait les mêmes vers Niéllé, Ferkéssédougou et Korhogo.
Les habits étaient nettement moins rutilants surtout le marcel qui était déchiré et plein de tâches et le tee shirt à tête de mort qui avait perdu tous ses brillants.
Nos amis étaient un peu moins gras et surtout ils n'avaient plus la kalach.
Comme le chantait France Gall qui était une grande connaisseuse de l'Afrique :
"C'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup"
La demande était alors beaucoup plus nuancée, presque protocolaire :
"Mon Patron, il fait chaud, y'a pas 100 francs pour le thé ?"
Auquel je répondais : "Va te faire voir connard"
Comme quoi, dans la vie, tout dépend de la façon dont s'est demandé, la tenue aussi est importante. Faire la manche en habit négligé n'incite pas l’honnête citoyen à la générosité et le demandeur risque d'être gratifié d'un refus pas toujours agréable à entendre.
Il y avait aussi les Dozos, les chasseurs traditionnels. L'équivalent de "Chasse pêche et tradition" africain.
De redoutables chasseurs avec leurs rites et leurs coutumes.
"Avec leur douze Robust de chez Manufrance, ils te mettent une décharge de chevrotines double zéro dans le dos que t'as l'impression que c'est le buisson derrière qui a tiré...dé!"
C'est normal puisqu'un Dozo de compétence moyenne est forcément invisible, il n'est d'ailleurs pas soumis au même règles de chasteté que le troufion moyen qui est en fait un débutant.
Eux, ce ne sont pas des grigris de tarlouze qu'ils ont mais des vrais...Elaborés amoureusement par de vrais marabouts et sorciers Dioulas, Malinké et Sénoufo avec l'aide du génie buffle ou éléphant.
Des Cafres comme l'on dit en Malinké
Je les aimais bien, ils étaient relativement respectueux. J'ai toujours eu un faible pour le monde agricole.
Ca ne les empêchait pas de demander un petit billet de mille que je m'empressais de leur donner pour les bonnes oeuvres Dozoesques. Les bonnes relations avec la population locales sont très importantes en périodes troublées où les mauvais coucheurs sont légion.

Chasseurs Dozo (internet)
Proverbe Congolais en Lingala
« Moto asimbi manduki basengaka mbula naye te, ‘’on ne demande pas son âge à une personne qui déjà porte une arme à feu’’ »
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Un jour à Las Vegas (Etats Unis 1986)
Extrait du récit : "Voyage au bout de la route" - Les Etats Unis
Las Vegas est sur la route de Grand Canyon, alors j'en profite pour visiter. Construite en plein désert du Névada c'est "Sin city", la cité du péché. Le jeu, la drogue, le sexe s'y disputent la vedette.
Ouais, enfin pour ceux qui ont du pognon car tout est cher à "Sin city"; même le péché, surtout le péché.
Ce n'est pas pour rien que le Bon Dieu a dit : "'Heureux les pauvres car le Royaume des Cieux est à eux".
On a beau dire, c'est quand même plus facile d'être pécheur lorsqu'on a de l'argent.
Le terme "pauvre pécheur" est un non-sens, surtout aux USA.
Pour moi, ça ne va pas être facile avec mes 20$ par jour tout compris de faire des péchés.
J'essaye quand même et je rentre dans le premier casino venu. Tout est propre, rutilant, brillant et moi je suis crasseux et tout terne. Il semblerait que personne ne me remarque.
L'endroit ne me plait pas trop. Il y a une armée de vieilles rombières aux vêtements de couleurs vives et aux cheveux violets, gobelet à la main, en train de tirer comme des forcenées sur le levier des bandits manchots. Pour les plus faibles, certaines machines à sous sont automatiques et il suffit d'appuyer sur un bouton. Ca évite les crampes musculaires à la fin de la journée et surtout, on peut y jouer même avec une crise d'arthrose du bras droit.
"Poire, poire, cerise". "Cloche, pomme, étoile". "3 bars, 3 bars, 3 bars"…Biding, biding, bing, bling, digueding, digueding…Dans un bruit de ferraille, la momie d'à côté vient de gagner au moins 50$ que son gobelet n'arrive même pas à contenir. Elle jubile. Avec un son de soupapes mal ajustées, son dentier vient de rentrer en résonance, elle est aux anges…Ca me fait pitié, moi qui aime les belles mécaniques bien réglées.
Je m'éloigne, toujours dans le casino, à la recherche de quelque chose à bouffer. On peut être un pécheur mais on reste néanmoins un être humain.
Je passe devant de grandes affiches sur lesquelles des Vénus callipyges habillées comme au premier jour de la création vantent un spectacle de toute beauté. C'est joli mais ça ne me tente pas…
"Ventre affamé, Libido arrêtée" dit le proverbe. Ne le cherchez pas sur le net, je viens de l'inventer suite à de nombreuses expériences broussardo-forestières où il est plus facile de trouver une femme qu'une boite de "Vache qui rit" ou de Corned beef.
Et là, miracle ! Fuck! (Saperlipopette) Je n'y crois pas mes yeux. Là! sur l'affiche, le Big Mac à 50 cents ! Il me sourit de ces 2 rangées de dents cariées. Viens! Viens! Me fait il dans une haleine d'ail et d'oignons avariés.
En fait, les casino gagnent plus d'argent avec les jeux qu'avec la gastronomie locale. Les restaurants sont là pour éviter aux joueurs de ressortir. En effet, une fois ressortis, ils risquent de ne plus revenir.
Je fais rapidement mes comptes : Un Big Mac à 50 cts + un Sunday à 50 cts, le demi litre de Coca étant offert, ça va me couter 1 $. Il me restera 2 $ pour entrer dans l'enfer du jeu.
Après m'être restauré, je m'approche timidement d'une de ces créatures maudites. Elle me tend son unique bras. Je lui introduis délicatement une pièce de 50 cts dans la fente spécialement prévue à cet effet par des ingénieurs plein d'imagination et je lui tire la chevillette. "Creuc, crac, cric, zoum, prooouut" me répond, dans un dernier sursaut, cette boite de vitesse satanique.
Je comprends rapidement car le son émis est nettement moins mélodieux lorsque l'on perd que lorsque l'on gagne.
Pomme, carotte, navet…rien.
Je retente ma chance 3 autres fois :
Orange, pomme, raisin…rien
Poire, pomme, betterave…rien
Cerise, pastèque, pèche…rien
Ce n'est pas un inventaire de petit pots pour bébés que je vous décris là, mais les combinaisons qui s'affichent sur l'écran diabolique de cette infernale machinerie.
J'ai perdu mes 2 $, je n'ai rien gagné.
Je suis ruiné.
Je suis au comble du désespoir.
J'ai vendu mon âme au Diable pour 2 $.
Je suis maudit !
Je ne peux même pas noyer mon chagrin dans l'alcool car je dois remplir mon réservoir pour me tirer de cette Sodome et Gomorrhe des temps modernes. D'ailleurs ça ne servirait pas à grand chose.
Ce soir, je dormirai dans le désert.
Je fais le plein de la Béhème et je pars sans me retourner. Non pas parce que j'ai peur d'être transformé en statue de sel mais parce qu'il est toujours très aléatoire de conduire en regardant derrière soi. On finit soit dans le fossé soit emplafonné dans le véhicule venant en face. Évidement, à l'époque de Lot et de sa femme, les véhicules automobiles n'existaient pas et il a bien fallu trouver quelque chose.
Pour en savoir plus : Voyage au bout de la route
Aujourd'hui, je tenais à vous présenter une nouvelle réalisation :
L'airbag aviaire ou "Crash 'n smile"
Essai de l'Airbag aviaire. Il existe aussi un casque basé sur le même principe. Il est en cours d'homologation.
Finis les accidents dramatiques, les blessures invalidantes et les coûteuses réparations de votre monture préférée.
Ce nouvel airbag aviaire de conception révolutionnaire va reléguer l'accident le plus dramatique au niveau d'une anecdote insignifiante et même plus, d'une partie de plaisir.
Sa structure, fruit des derniers progrès en matière d'élevage, est basée sur un concept cellulaire.
Chaque cellule totalement écologique et bio dégradable est reliée aux autres par un lien constitué de cordes en chanvre. Le tout est accroché au véhicule par le même procédé.
Lors d'un accident, vous tomberez dans un matelas de plumes d'une qualité et d'une douceur incomparable.
Votre machine elle aussi sera épargnée. Avoir un accident deviendra un plaisir.
Il est absolument sans danger car il ne possède pas de système de gonflage automatique, ni de composant explosif.
Il peut juste s'avérer un peu bruyant lors d'un choc violent.
L'AIRBAG aviaire est réparable indéfiniment, il suffit d'aller chez n'importe quel éleveur de volailles qui vous remplacera les cellules endommagées par des cellules neuves.
Les usagers bricoleurs pourront aussi faire un élevage de cellules à la maison et les remplacer eux même. C'est très simple, un peu de corde suffit.
Les cellules endommagées peuvent aussi être consommées. Après un accident particulièrement violent d'où vous serez sorti indemne, vous pourrez organiser une bouffe "chicken" avec différents plats au menu : Poule au pot, potage de poulet, coq au vin, ect, ect,...) Cela amusera follement vos amis et s'ajoutera à leur joie qu'ils ont eue de vous retrouver sain et sauf. Après le repas, vous pourrez fumer un peu de la corde. C'est du Marocain bio, il est très bon.
Lors d'un long voyage vers le sud pendant les vacances, pourquoi ne dégusteriez vous pas une ou deux cellules avec vos compagnons lors d'un arrêt au bord de l'autoroute? Convivialité assurée.
Les usagers particulièrement maladroits et dont gamelles et râteaux font le quotidien pourront passer un contrat avec Kentucky Fried Chicken. L'argent ainsi gagné permettra de payer les malus et de faire de confortables bénéfices.
Plus vous aurez de sinistres, plus vos gains seront importants.
Cet appareil fait aussi office de réveil, cependant, il sonne toujours au lever du soleil.
Nos spécialistes travaillent à son amélioration.
Son entretien est très simple puisqu'il suffit de verser dessus une caisse de graines par semaine. Pour les moins fortunés des utilisateurs, les cellules du crash' n smile sont prévues pour pouvoir absorber des déchets ménagers, épluchures et autres cochonneries que vous trouverez dans votre poubelle ou dans celles des voisins. Cependant, l'efficacité de l'Airbag pourrait s'en ressentir si ce régime devait perdurer.
Ne jamais donner des déchets plastiques aux cellules, elles seraient définitivement endommagées.
Sa conception et sa fabrication sont totalement africaine, rentrant ainsi dans le système du commerce équitable.
Il est disponible en kit, pour les bricoleurs avertis et déjà assemblé pour les branleurs partisan du moindre effort, pour les handicapés possédant 10 pouces et 2 mains gauches ainsi que pour les femmes. Pour ces dernières, tout le monde s'en serait douté.
Son prix
* En kit
- La cellule : 1000 Fcfa (1,5 Euro).
Pour une moto de petite puissance 50 cellules suffisent. Pour une grosse cylindrée, il faut compter une centaine de cellules.
- Le rouleau de corde : 5000 Fcfa (7,5 Euros)
Une notice de montage détaillée est gracieusement fournie avec le kit.
* Déjà assemblé.
Il est préférable de nous adresser une demande de devis avec la marque, la cylindrée et l'année de la machine à protéger ainsi que la taille et le poids du conducteur.
Pour une motocyclette à moteur à combustion interne (soupapes latérales ou non), il faut compter environ 65.000 Fcfa (100 euros) pour un engin de petite cylindrée et 130.000 Fcfa (200 Euros) pour un véhicule plus important.
A l'achat, n'oubliez pas de demander votre cadeau. Un flacon de 50cl de Brut de Faberger vous sera remis gracieusement par le vendeur.
On the road again and enjoy your crash' n smile.
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La Merco (Zaire 1987)
(Un Ch'ti au pays des bananes)
Farce tragi-comique
Note : Ce second titre un peu crétin n'est là que pour satisfaire à la mode actuelle qui consiste à faire passer les gens du nord pour de gentils demeurés et les pays africains pour des pourvoyeurs de bananes uniquement.
J'ai même possédé une Mercedes, une 350 SE à injection électronique avec 200 CV sous le capot.
Ce n'était pas une jeunesse puisque le modèle était un millésime 1973, mais c'était quand même une Mercedes avec un fabuleux V8. Une voiture qui ferait la joie des collectionneurs actuels.
Je l'avais poussée jusqu'à 180 km/h sur la route de la N'sélé qui était en bon état à l'époque. Elle grimpait encore lorsque j'ai lâché la pédale mais vu l'état de la direction au niveau du châssis, je me suis dit qu'un roulé boulé à cette vitesse provoquerait sûrement une atteinte douloureuse et irréversible à mon intégrité physique.
Cette voiture a une histoire un peu pittoresque, laissez moi vous la conter.
J'avais un collègue de Lille, Christian, qui avait le même âge que moi et qui était célibataire comme moi. On sortait le samedi soir pour rencontrer l'âme sœur.
J'ai vu dernièrement à la télé (donc c'est vrai) que 30% des hommes sont des prédateurs. C'est peut être vrai maintenant mais je pense qu'à l'époque, la proportion s'élevait à 90%.
A part les atones du sifflet à roulette, les hommes jeunes qui sortaient le soir n'y allaient pas pour rencontrer l'intellectuelle avec laquelle il étudierait, la nuit entière et avec un réel bonheur partagé, "Ainsi parla Zarathoustra" de Friedrich Nietzche.
Comme il n'y avait pas de Smart Phone, de Facebook et autres joyeusetés communicatrices, il fallait bien que nous trouvions un moyen pour occuper nos soirées.
Je ne cherche pas d'excuse mais comprenez mon émotion comme se plaisait à le répéter le Maréchal Mobutu devant les journalistes, généralement après un massacre qu'il avait lui même orchestré.
Ce soir là, nous étions sortis au Speak Easy chez Jacky. Le circuit se déroulait généralement ainsi : Speak Easy, Big Boss, Play boy et si nous n'avions pas trouvé une fiancée convenable, nous finissions au Cosmos.
A chaque étape, il fallait déguster une ou plusieurs boissons passablement alcoolisées. Je ne vous cache pas qu'à la fin, le paysage tournait un peu.
Donc, pour revenir à nos moutons, nous étions assis au bar en train de déguster La bière pression Belge, orgueil du père Jacky. Derrière le bar, une jeune femme très avenante, visiblement une Tutsie Rwandaise, nous faisait des agaceries.
Avec les Tutsies, le problème est le suivant : soit c'est le haut qui est gros et le bas qui est petit, soit c'est le contraire ou encore, elles ont des têtes comme un ballon avec les cheveux qui commencent à la moitié du crâne. Par contre, lorsque tout est bien proportionné et que Dieu ou plutôt le Diable l'a modelée à son image….alors là mon p'tit lapin!…C'était le cas de Maria. Si on avait placé Naomi Campbell à côté, la pauvre Naomi aurait ressemblé à Josiane Ballasco. Grave!
J'en étais là de mes réflexions philosopho-ethniques lorsque, sortant de ma torpeur intellectuelle, je réalisais que Maria était en train de me faire des minauderies susceptibles de provoquer un stress glandulaire chez tout homme de 7 à 77 ans bénéficiant d'une bonne santé prostatique.
N'étant ni beau, ni laid (Je ne suis pas Luis Mariano mais pas non plus Michel Simon) je regardais à droite, puis à gauche puis enfin derrière moi pour m'assurer que ces mimiques pleines de promesses à venir m'étaient bien adressées.
Et elles y étaient !
A ce moment, le poison de la méfiance commença à se répandre dans mon organisme désactivant du même coup tous les réflexes physiologiques précédant la volupté et indispensables pour l'accomplissement de l'acte final en toute sérénité.
Et si c'était un piège, que me veut cette Messaline ?
"Je doute donc je m'abstiens" aurait dit Descartes en d'autres temps.
J'en parlais discrètement à Christian en lui faisant part de mes craintes.
Christian était un être humain de sexe mâle assez particulier dans le fait qu'il possédait 2 cerveaux. C'est une particularité de certaines espèces du monde animal comme le poulpe que l'on retrouve aussi chez certains humains. La différence, c'est que le poulpe en a 9 et l'être humain n'en a que 2 au maximum.
Chez certains êtres humains de sexe féminin qui ont un peu moins de discernement que leurs congénères et qui possèdent une forte poitrine, on utilise plus volontiers la description suivante : "Un muscle et 2 cerveaux".
Mon ami possédait donc un cerveau monobloc relativement volumineux situé à l'extrémité haute de son corps dont il ne se servait qu'accessoirement et un cerveau plus petit, externe celui-ci, accroché en bas de son abdomen et qu'il sollicitait beaucoup plus. A l'image du cerveau supérieur, ce second cerveau était constitué de 2 hémisphères nettement séparés l'un de l'autre, un droit et un gauche qui a priori avaient le même rôle biologique
Cet ensemble était harmonieusement complété par ce qu'il semblait être un morceau de moelle épinière dont la taille pouvait varier automatiquement en fonction de stimuli externes.
La communication entre ces 2 encéphales était quasi inexistante. La plupart du temps, c'était celui du bas qui prenait les décisions importantes…
Et à cet instant il y en avait une à prendre.
Je me suis rendu compte, par la suite, que Maria était sujette à des fourmillements au niveau de son vestibule à saucisses. Ce soir là, une meute de fourmis magnans déchaînées s'y était donné rendez-vous.
J'ai regretté longtemps d'avoir cédé à la panique et d'avoir écouté ce maudit René (Descartes) qui lui, c'est presque sur, n'avait jamais connu Maria.
A ce point de mon récit, je me permets d'ouvrir une parenthèse.
En effet, pour éviter que mon article ne soit classé X ou d'avoir de sérieux ennuis avec la protection de l'enfance j'utilise des mots de tous les jours pour nommer l'innommable.
Chère lectrice, n'y voit surtout pas un manque de respect à l'encontre de ces vénérables organes de la reproduction dont Mère Nature nous a richement dotés, mais seulement un moyen pour éviter des descriptions qui feraient rougir de honte le Marquis de Sade.
Après quelques minutes et avoir fait complète connaissance, Christian et Maria partirent vers leur destinée. Il y avait le feu à la cave et sans extincteur, les dégâts risquaient d'être dramatiques, menaçant de détruire totalement le bel édifice.
Je ne les revis que le lendemain midi au restaurant.
La thérapie de Christian avait réussi à merveille et les démangeaisons de Maria semblaient s'être calmées pour quelques heures.
Nous apprîmes que notre petite sœur était mariée avec un pilote de ligne qui n'était pas souvent au foyer. D'ailleurs, ils étaient en instance de divorce. De plus, ils devaient déménager et vendre leurs affaires.
C'est comme cela qu'en plus d'un magnétoscope, nous fîmes, Christian et moi, l'acquisition d'une Mercedes 350. Nous l'avions acheté à 2.
On s'était partagé les tâches, lui la cassait et moi je la réparais.
Bien sur, comme dans tout système communautaire, nous partagions les frais à deux.
Je me lassais rapidement de cette communauté fraternelle et nous revendîmes le véhicule à notre collègue Norbert qui la cassa définitivement quelques temps après.
Puis Maria repartit vers son destin, laissant seul le pauvre Christian qui ne devait jamais s'en remettre
A la fin de son séjour, il sortait de son côté et moi du mien
En effet, son cerveau tripartite ayant pris le quasi contrôle de sa carcasse, il sortait seul vers 4H du matin pour faire le bus de ramassage scolaire à la sortie des lieux de perdition. Ce n'était pas vraiment par bonté d'âme qu'il ramenait chez lui les pauvres brebis égarées qui n'avaient pas encore trouvé un emploi stable à l'heure à laquelle l'aube se lève.
Une fois dans sa tanière, il leur passait des films éducatifs comparatifs sur la morphologie humaine de l'homme et de la femme.
Il les faisait ensuite participer à un spectacle de sons et lumière de son invention.
Non content de se vautrer dans le stupre et la luxure, il consommait des psychotropes locaux appelés "Casse tête" par les autochtones.
Ces substances agissaient fortement sur le cerveau du haut et étaient responsables de comportements extrêmement bizarres et peu recommandables.
Ce qui lui valut d'être renvoyé dans le Nord de la France après une crise de démence particulièrement cocasse lorsque l'encéphale supérieur vexé d'avoir été si longtemps négligé céda brutalement la place à l'encéphale inférieur.
La version moderne de Docteur Jekyll et Mr Hyde
"Ha ben ouais hein !"
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Madame la Députée (France - Afrique 2017)
A l'heure où le soleil se couche sur la brousse, où les animaux descendent au marigot pour boire, où l'homme blanc fatigué d'avoir braillé comme un âne et poursuivi des chimères durant tout le jour, je m'essayais, un bol de cacahuètes bouillies à la main devant le téléviseur et l'allumais.
Après avoir vu quelques nouvelles sans importances, une information me bouleversa.
Une "Madame la Députée" expliquait sur un des réseaux sociaux dont elles sont si friandes que, se sacrifiant corps et âme, elle avait laissé son travail dans le privé pour servir la république.
Cette pauvre femme écrivait que depuis son sacrifice, elle était obligée de manger des pâtes et ne pouvait pratiquement plus sortir. Sur ce, le journaliste nous indiquait que le salaire d'un député était de 5000 Euros / mois plus une indemnité de 5300 Euros/mois non imposable.
J'étais fracassé.
Cette mère-courage, que dis-je, cette sainte, aurait pu tomber dans la mendicité, ou dans la prostitution en allant vendre son corps au plus offrant à Barbès ou à Château rouge.
Elle aurait pu danser toute nue au Macumba pour des marins largués qui cherchent la bagarre.
Non ! Mesdames et Messieurs, cette femme admirable de dignité a su rester une mère modèle et élève son enfant d'une façon admirable.
Je l'imagine, dans son squat de 10 m² sans eau et sans électricité avec les toilettes au fond du jardin. Si on peut appeler "toilette" ce trou infâme où grouillent les asticots avec, suspendu à un crochet, les tracts de la dernière campagne électorale remplaçant le papier hygiénique qu'elle n'a jamais pu s'offrir.
Je l'imagine aussi lavant son enfant dans une baignoire après avoir fait chauffer l'eau en brûlant des vieux morceaux de carton ayant servi à emballer les jouets des enfants riches.
L'eau fume, il fait très froid car ils n'ont pas de chauffage.
Malgré cela, le joli bambin blond frisé aux yeux bleus gazouille gentiment pendant que sa maman lui frotte énergiquement le dos. (Vous remarquerez que dans toutes les histoires tragiques, les bambins n'ont pas des tronches de bougnouls ou de mauricot - ça casserait le mythe).
Ils sont heureux car leur amour est le plus fort et qu'ils savent que leur sacrifice ne sera pas vain.
Il est 13 heures du matin, son mari qui travaille aussi dans la politique rentre d'une harassante journée continue de 2 heures. Il tape ses galoches contre le mur extérieur pour faire tomber la boue qui s'y accroche. Le chemin qui mène à leur modeste demeure n'est pas goudronné.
Il a reçu sa paye mensuelle de 8000 Euros et la dépose délicatement, de ces grosses mains calleuses rougies par le froid, sur la caisse en bois qui leur sert de table, à coté de la petite bougie qui se consume lentement en fumant. Avec ces 2 maigres salaires, ils espèrent, en se privant pouvoir payer une banane comme cadeau de Noël à leur petit chérubin.
Il est heureux, la pensée de ce fruit jaune à tâches noires, légèrement cintré ramassé par des hommes qui souffrent comme lui, là-bas sous les tropiques, le remplit de bonheur.
Il se dit que la misère est moins pénible au soleil.
Son esprit s'évade un instant et il rêve aux travailleurs de la politique de ces républiques démocratiques en train de s'enrichir sans aucun contrôle et que si Dieu n'a pas choisi de le faire naître dans ces pays paradisiaques, c'est simplement pour éprouver sa sainteté. Le Tout Puissant en a fait son élu.
Lui n'a rien, eux ont tout :
Le hummer full option, pour aller à la messe ou au temple le dimanche afin de remercier Dieu de leur en avoir beaucoup donné et si possible de continuer.
Une Mercedes de couleur différente, assortie à celle du costume de grande marque pour chaque jour de la semaine.
Eux n'ont pas une souillon en guise de femme mais 4 ou 5 bureaux (maîtresses) dont la plus vieille n'a pas 25 ans, toutes habillées par Givenchy, Cardin, YSL...
Vêtements qui vaut le prix d'une école et qui leur vont généralement comme des bretelles à une sardine.
Comme leur générosité est sans limite, ils ont offert à chacune de leurs concubines un magnifique 4x4 ou un cabriolet dernier cri. La préférée a même une Ford Mustang dernier modèle. Elle ne sait pas conduire mais ce n'est qu'un détail étant donné que dans ces pays de cocagne, il n'y a pas de route.
Mais que se passe-t-il ? Il délire. Comment a t il pu avoir des pensées aussi immondes envers son épouse ? Elle si méritante…le surmenage sans doute. Car, contrairement à beaucoup de ses collègues, il est très assidu aux séances de l'assemblée. Il est présent à une sur dix environ et ne dort pas, enfin les 2 premières heures.
Lui aussi, aurait pu tomber dans le désespoir, l'alcoolisme, la délinquance ou pire le Front National.
Mais non, ils s'accrochent tous les deux désespérément à ce métier qu'ils aiment tant en espérant qu'un jour, leur salaire sera triplé ou quadruplé afin qu'ils puissent avoir enfin la vie modeste mais digne qui leur est due.
Un crucifix avec le rameau de laurier fané accroché au mur veille sur cette famille si pieuse. Ils savent que Dieu ne les abandonnera jamais car leur combat est juste.
Même Emile Zola n'aurait pu imaginer pire. Les "Gueules noires" du XIX ème siècle sont des bourgeois richissimes comparé à ces miséreux.
Ensuite, le journaliste interpelle un de ces pauvres diables de l'assemblée. Celui-ci explique que non seulement ils ne pourront plus employer des personnes de leur famille mais ils ne pourront plus exercer plusieurs métiers (ils appellent ça des mandats). Déjà qu'ils n'arrivaient pas à s'en sortir comme ça !
La différence entre un métier et un mandat est assez simple. Quand tu as un métier, tu as des comptes à rendre. Tu dois aussi être présent un certain nombre d'heures sur le lieu de travail pour générer de la valeur ajoutée.
Un mandat, c'est comme un métier, sauf que tu n'as pas besoin d'aller sur ton lieu de travail, tu n'as pas de compte à rendre, tu n'as même pas besoin de travailler. C'est comme qui dirait un travail où tu n'as pas besoin de travailler ni de créer de la valeur ajoutée.
Pédagogiquement : Tu visualises une gonzesse à poil sur ton ordinateur. Elle est sur l'écran mais elle n'existe pas à l'intérieur de la machine. T'as beau démonter ton ordi, y a rien dedans, rien walou! Pas de gonzesse, même pas une toute petite, et encore moins à poil.
Elle est virtuelle. Le travail dans un mandat c'est pareil. Tu crois le voir mais il est virtuel, il n'existe pas.
L'avantage, c'est qu'en plus d'être moins fatigant qu'un métier, tu peux avoir tout un tas de mandats aux mêmes horaires dans des endroits différents. Tu peux être député d'une circonscription en France mais aussi être député européen ou n'importe quel travail dans la politique. Un autre avantage est que tu peux embaucher du personnel pour t'aider.
Heu, aider à faire quoi au juste?….Ben, aider tout court, c'est tout, aider quoi! Faut tout expliquer ici….
Bien sur, les plus consciencieux auront des comptes sur plusieurs réseaux sociaux où à grands renforts de balivernes, de carabistouilles et de lieux communs, ils expliqueront qu'ils font un travail formidable d'une grande utilité pour la société.
(Aller à l'enterrement de Johnny, se pavaner aux comices agricoles de St Pierre de Echaubrognes, visiter un home de vieillards, se montrer au concert de Jojo le rappeur dans le neuf deux… venir expliquer aux mecs qui ont perdu leur boulot comment s'en passer, ect, ect…)
Les plus actifs pourront en plus de leur mandat avoir un métier (Joueur de pipeau, marchand de vent à la Pointe du Raz, bouffon, chef d'entreprise bananière, Miss France, Titre Honorifique…). Oui, oui, Titre Honorifique c'est un boulot aussi, et pas un petit.
Pour revenir à nos moutons (ou à nos brebis), c'est vrai qu'il y a eu des emplois fictifs, il y a toujours des brebis galeuses. Mais la plupart du temps, Madame, embauchée pour un salaire de misère comme assistante parlementaire, assumait pleinement son rôle.
Elle préparait le repas, allait faire les courses, s'occupait des enfants, nettoyait la maison, faisait des gâteaux, recevait les invités, ect, ect,…. Et en plus, elle apaisait les tensions glandulaires excessives une ou deux fois par semaine, ceci pour les députés les plus jeunes ou pour ceux n'ayant pas une secrétaire assez impliquée dans son travail.
Il faut vraiment avoir l'esprit mal tourné pour dire qu'elle ne remplissait pas pleinement sa fonction d'assistante parlementaire.
O! Toi le besogneux, le métallo, le smicard nanti qui te plaint constamment et qui crache ton fiel sur notre élite politique, sache qu'il existe en France des gens admirables qui ont tout perdu afin que vive notre démocratie chérie.
Je dédis ce modeste article à mes amis François et Pénélope ainsi qu'aux autres martyrs (passés, présents et futurs) qui ont tout donné afin que nous vivions dans notre belle France égalitaire telle que nous la connaissons aujourd'hui.
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Bon! Que les gens aient du fric, ça ne me dérange pas, s'ils l'ont gagné par leur travail, leur qualité, leur valeur.
Qu'un ramassis de branleurs improductifs se payent grassement sur la bête, ça me dérange davantage.
Qu'ils se payent en plus notre fiole, je trouve ça insupportable.
Certains vont penser que je suis excessif dans mes propos. Il faut vous dire que j'ai eu à subir un traumatisme psychologique dramatique dans ma petite enfance.
J'avais 12 ans, j'étais chez les curés. Au début des années 70, on parlait beaucoup de liberté sexuelle.
On se débrouillait comme on pouvait avec ce qu'on avait. Je me souviens de ma prof d'allemand qui avait une mini jupe et qui s'asseyait au bureau qui n'avait pas de planche devant… on voyait des trucs…., il y avait aussi Hara Kiri, mais c'est comme apprendre la mécanique tout seul, sans support pédagogique et manuel d'entretien, on fait n'importe quoi.
J'imaginais qu'à la prochaine rentrée scolaire il y aurait des cours d'éducation sexuelle et que les travaux pratiques se feraient conjointement avec le lycée de jeunes filles d'à côté. Etant plus manuel qu'intellectuel, je n'ai jamais été doué pour la théorie, par contre j'adore la pratique.
Malheureusement, le cours d'éducation sexuelle tant attendu fut remplacé par un cours d'éducation civique. Ma déception fut énorme et je décidais de boycotter ce cours maudit.
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Portraits
ZAIRE - OCTOBRE 91
"Zaïre, Liboke moko, lisanga bo moko, tata bo moko, maman bo moko, ekolo bo moko, parti bo moko, mokonzi bo moko "
(Zaïre, une même assiette, une seule famille, un seul père, une seule mère, un seul pays, un seul parti et un seul chef.)
« Tout comme le soleil se lève avec éclat chaque matin et se couche le soir aux horizons du grand et majestueux fleuve Zaïre, fier d’avoir apporté à l’humanité le ferment de survie nécessaire, le Zaïre, son parti national, le Mouvement populaire de la révolution, ses 30 millions de militantes et militants, hommes femmes, enfants, jeunes et vieux, tous, flambeaux du tricolore à la main, sont aujourd’hui debout, mobilisés et rangés derrière un seul homme, animés d’un seul idéal, pour bâtir dans la paix, la justice, le travail et la dignité nationale, un pays toujours plus beau, toujours plus prospère et prêt pour le grand rendez-vous du donner et du recevoir. »
C'est par ce discours que le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, nom de code Joseph Désiré, commençait les informations de 20 H retransmises par l'OZRT dans les années 80.
Note : Le "ferment de survie nécessaire" se rapporte à l'Uranium de Shinkolobwe au Katanga qui servit à fabriquer la bombe d'Hiroshima en 1945
Le Zaïre, pays grandiose où tout est démesuré: La nature, la faune, la richesse et même le bordel…surtout le bordel.
A l'époque, en 1987, ils y avaient trente Millions d'habitants dont trois à Kinshasa…trente ans après il y en a quatre vingt Millions dont douze rien qu'à Kinshasa.
Un pays magnifique, des richesses énormes, qualifié par certains de scandale écologique.
Léopoldville, en 1960, était une des villes les plus belles d'Afrique, devant Johannesburg disait-on à l'époque.
Puis au fil des ans, de Kin la Belle, elle est devenue Kin la Poubelle.
Un pays pour aventuriers, pour le meilleur et surtout pour le pire. Ceux qui osaient encore y investir, voyaient leur retour sur investissement dans l'année qui suivait…quelle que soit la somme. La seule condition était qu'il n'y ait pas de pillage, de rébellion ou que simplement l'associé Zaïrois qui vous avez été imposé ne vous accuse pas de pédophilie ou autre déviation, ce qui, après un passage plus ou moins long en prison se terminait par l'expulsion vers le pays d'origine….Le plus souvent la Belgique ou la France. Le retour au Zaire par la petite porte était toujours possible mais la récupération des fonds était à jamais compromise.
Et surtout, surtout ne pas toucher à l'or, aux diamants, aux armes et aux deuxièmes bureaux des gros Bwanas, beaucoup ne se sont jamais remis.
Pourtant, Kinshasa, à l'époque était loin d'être un coupe gorge comme Lagos ou même Abidjan. On y était même assez tranquille si on ne traînait pas dans quelques mauvais quartiers la nuit. Il y avait bien quelques voleurs à la tire mais pas plus qu'à Dakar
Pour beaucoup, ce pays était un gigantesque tonneau des Danaïdes où tout disparaît sans espoir de retour.
Beaucoup de ceux que j'ai connus sont maintenant morts :
Jacky F…, Belge, arrivé comme magasinier pour la SGB (Société Générale de Belgique). Patron du "Speak Easy", il oubliait ses maîtresses dans les chambres d'hôtel. Au début, lorsqu'il revenait en Belgique, c'était tournée générale de Champagne dans les Bars Bruxellois.
Mort d'une cirrhose dans la misère et enterré par la commune dans les années 90.
Jean Pierre T…, Belge, Ingénieur agronome, infirme d'un bras et d'un pied après avoir été fusillé par les rebelles Simba en 1964 à Stanleyville. Il possédait une villa à Waterloo à côté de Bruxelles avec piscine à l'intérieur et robinets en or dans la salle de bain.
Poupousse, Belge, mort je ne sais où et qui avait eu la vie sauve à Stanleyville en s'échappant par la brousse.
Tambwe (Lion en Lingala), Belge, mort du sida en emportant dans la mort une autre cousine de ma femme et qui se disait avoir été mercenaire.
Alfonso, Angolais blanc, avec qui nous allions à la chasse à l'outarde et s'entraîner au 357 Magnum dans le Bas Zaïre, qui vivait dans une case en brousse avec une grosse zaïroise et son gamin un peu simplet.
Jean De Souza, mon ami, Angolais noir qui avait été l'homme à tout faire du Père De Munck, amateur d'archéologie et de….Primus (Bière locale) qui ne partait jamais en brousse sans plusieurs casiers dans sa jeep.
Il avait été recueilli par les "Mon père" de Kimpésé lorsqu'il était un gamin réfugié de la guerre d'indépendance angolaise au début des années 60 qui dura jusqu'au milieu des années 90 et ne s'arrêta qu'à la mort du salopard notoire, j'ai nommé Jonas Sawimbi . Jean était particulièrement surpris par un des Pères qui s'appelait le père Daniel et qui ne savait pas dire la messe, caractéristique surprenante pour un père. On chuchotait dans les coulisses que c'était un frère d'un des vrais Pères et qu'en fait il avait été, lui aussi, mercenaire. Version tropicalisée du Sabre et du Goupillon.
Enfin, à cette époque beaucoup de types de 50-60 ans se disaient ancien mercenaire.
Les "Mon Père" Rédemptoristes éduquaient les jeunes filles à devenir femme avec une ferveur toute particulière. Il faut les comprendre, c'était une épreuve envoyée par le Diable pour tester leur foi. Quelque chose de pire que la mortification conseillée par l'Opus Dei. La tentation de St Antoine dans la moiteur des nuits d'équateur.
Et encore, les mouquères de St Antoine c'était de la petite bière, si j'ose dire, comparées au petits seins fermes et haut placés des succubes de la paroisse.
Richard F…, mon demi-beauf vu qu'il était à la colle avec la demi-sœur de ma femme. Il m'a escroqué de la demi chambre froide dont j'étais propriétaire avec lui en me faisant croire qu'elle avait été complétement pillée en 91 alors qu'il n'en était rien. Elle est belle la demi- famille !
C'était petit, mais je lui ai pardonné…il était Belge!
Lui, s'il n'est pas mort, il doit être plein de tuyaux…l'homme-tuyau…la version humaine du centre Pompidou au pays des moules-frites.
Mon ami Bernard M… , Français d'origine portugaise, un vrai aventurier dans tous les sens du terme. Je l'ai connu gérant d'une ferme de plusieurs milliers d'hectares dans le Bandundu puis gérant d'un chalutier à Banana pour un riche Belge apparenté à la famille de Mobutu. A la fin, il était vers Gemena si mes souvenirs sont bons. L'argent ne l'intéressait pas, son truc à lui s'était l'aventure. Son jouet : une carabine de calibre 458 dont je ne sais quelle marque.
Je me suis toujours demandé ce qu'il faisait avec un obusier pareil.
Il a un peu baissé dans mon estime lorsqu'il a massacré devant moi une antilope avec une 22 long rifle alors qu'il chassait au phare. Chasse particulièrement dégueulasse qui consiste à aveugler le gibier la nuit et à le canarder.
Mon pote Yannick, attiré par un ami zaïrois pour faire fortune dans le diamant au Kasaï. En guise de diamant, il s'est retrouvé "Gros-jean comme devant" quand l'ami est parti avec son argent une fois à Kin.
Juju, Belge, ancien instructeur des militaires de Mobutu. Arrêté comme mercenaire après avoir abattu d'un coup de fusil le chien du voisin qui l'empêchait de dormir. Après son arrestation, les militaires le prirent en photos en tenue militaire avec ses "arcs et ses flèches", comme il disait, puis présentèrent la photo à Mobutu qui s'empressa de le faire libérer et de muter dans je ne sais quel coin pourri les photographes indélicats.
Juju qui se promenait toujours avec son Smith et Wesson à canon court, était propriétaire ou gérant d'un restaurant à Kasangulu à 45 km de Kinshasa sur la route du Bas Zaïre.
On pouvait y rencontrer des gloires du passé comme Gaston Soumialot, ancien révolutionnaire assagit grâce au don, par Mobutu, d'une ferme dans les environs. C'était aussi un grand nostalgique des années Simba et de l'époque (Novembre 1961) où ils avaient bouffé les Italiens de l'ONU qui avaient eu la mauvaise idée d'atterrir dans son fief de Kindu.
Cette rébellion cannibalo - ethnico - marxiste était dirigée par le sinistre Mulele.
Ce sacré boute-en-train de Gaston mourut paisiblement sans n'avoir jamais été inquiété par la justice des hommes. Le plus merveilleux dans cette histoire c'est que sur Internet, il existe des sites, la plupart écrit par la famille ou des proches de la famille, pour présenter Soumialot et consort comme des grands défenseurs de la liberté.
Bien sur, parler de cannibalisme gastronomique est absolument tabou en notre époque de bien-pensant.
Un bruit court que Stanleyville (Kisangani) était à l'époque le plus grand marché de chair humaine de la région. Ma femme, née à Bondo en 1964 a bien failli servir de hamburger à des villageois affamés lorsque sa mère fuyait à pied les violences.
Elle ne du son salut qu'à une tante qui la racheta moyennant finance.
A cette époque j'ai aussi été confronté aux préjugés ethniques. Non pas de la part des Africains mais de la part des Belges qui nous désignaient à l'époque par le gentil surnom de "Ventilateurs".
Ce sobriquet belgo-humoristique prenait sa source dans le fait que les Français étaient soi-disant de beaux parleurs qui s'agitaient beaucoup et ne produisaient que du vent.
Pour un Français qui arrivait nouvellement sur Kin, il était difficile de trouver un emploi en s'adressant à un Belge dans une société. Celui-ci n'acceptait même pas de vous recevoir pour un entretien.
On critique souvent le tribalisme des Africains mais certains occidentaux ne sont pas tellement meilleurs.