Le Sénégal
Le sénégal semble être encore épargné par la vague de terrorisme que subissent les pays voisins.
Les Français n’ont pas besoin de visa. Les lignes aériennes sont relativement bon marché. Cela semble être une destination idéale de vacance à l’exemple du Maroc.
Lorsque l’on arrive au Sénégal, on débarque dans un aéroport très récemment construit. Le passage à la police et à la douane se fait sans tracasserie et avec bonne humeur.
Mais une fois sortie de la zone de transit, vous rentrez dans la plus grande chasse aux pigeons que la terre ait portée.
Qui est le pigeon ? Me demanderez vous.
Hé! bien vous pardi!
Vous n’êtes pas un touriste mais un pigeon qui doit être plumé en bonne et du forme. Il ne doit rien resté, tout doit disparaître. Ce sont les chasses du compte Zaroff version light.
Et le chasseur ?
Tout Sénégalais approchant de prêt ou de loin un étranger.
Ca commence en sortant de l’aéroport qui se trouve à Thiès à 65 km de Dakar. A la sortie, se trouve un panneau indiquant les différents prix des courses pour aller jusqu’à Dakar.
Vous pouvez y lire que le prix d’un taxi est de 13.000 Fcfa (20 Euros). Ce qui parait raisonnable lorsque l’on compare avec Casablanca par exemple.
Sauf qu’ici, vous être au Sénégaligeon. Vous ne trouverez pas une course jusqu’à Dakar à moins de 25.000 Fcfa (40 euros). Les taximen se sont mis d’accord pour fixer ce prix prohibitif.
Alors en regardant plus attentivement, vous remarquez qu’il y a une navette ferroviaire. Vous vous renseignez et malgré toute la publicité faite autour, on vous apprend qu’elle ne fonctionne pas. Si vous tombez sur un chasseur sympa, il vous expliquera qu’il existe un service de bus à 6.000 Fcfa (moins de 10 euros) qui va jusqu’à Dakar Grand Yoff., sinon il vous proposera de vous amener au tarif syndical de 25.000 Fcfa....Et encore parce que vous êtes son ami.
C’est vrai et effectivement, c’est vérifiable sur la pancarte sus mentionnée.
Ce sont d’antiques bus Leyland sûrement fabriqués en Indes. Le téléphone portable n’y est pas interdit car vu le bruit du moteur qui semble être installé dans l’habitacle, vous ne dérangerez personne. Le temps d’attente est relativement court, entre 30 et 45 mn. Puis vous partez sur Dakar. Il faut au moins 1 heure s’il n’y a pas trop d’embouteillages pour arriver à Grand Yoff.
A grand Yoff, vous prendrez un taxi pour aller à l’hotel.
Pour un Sénégalais, c’est 1500 Fcfa, pour un touriste blanc, ce sera 3000 Fcfa et pour un étranger africain se sera 2000 Fcfa. C’est comme ça. En wolof il y a un nom spécifique pour désigner l’étranger et en particulier le noir qui vient des pays voisin (Guinéen, Malien, Burkinabé,.... L’étranger est un «gnack», qui signifie plus ou moins «Bougnoul» tellement le Sénégalais est persuadé d’être supérieur à ses frères humains.
A Dakar, il y a de nombreux hôtels. Le prix moyen qui semble correct est d’environ 50 euros.
Il vaut mieux éviter le style Ibis à 150 euros la nuit. Aucun caractère et une cuisine infecte et hors de prix. Des hôtels tel que l’Hotel Océanic sont anciens mais beaucoup plus pittoresques.
Après avoir pris une chambre et éventuellement discuté les prix, vous aurez sûrement envie de sortir visiter la ville. Le pigeon est lâché.
Vous ne serez pas sorti depuis plus de 15 minutes avant qu’un olibrius vienne vous raconter des balivernes. Ce sont toujours les mêmes :
«Bonjour mon frère, on est tous les mêmes, blancs, noirs c’est pareil. On est de Sénégaulois....
Où tu vas, qu’est ce que tu fait, ect, ect,...»
Le but est toujours le même : Ce faire un pigeon. Ca va du pickpocket jusqu’au commerçant qui tient absolument à ce que vous visitiez sa boutique en passant par le Rasta qui vient vendre ses charmes à la quinquagénaire européenne en mal d’amour.
Si vous avez la prétention de vous débarrasser de ce pot de colle, malheur à vous. C’est la polémique assurée et la prise de tête pendant 10 minutes et ceci dans le meilleur des cas.
L’épicentre de la chasse aux pigeons est la place de l’indépendance. Je n’ai jamais vu une autre ville en Afrique avec cette particularité.
Ensuite, après avoir visiter les grands classiques comme le lac rose, qui n’est plus vraiment rose vu le nombre de constructions anarchiques qui y poussent à toute vitesse et l’île de Gorée, vous aurez sûrement envie de vous aérer un peu et partir hors de Dakar.
En ce qui concerne les Almadies, si vous les avez connues il y a 20 ans, n’y retournez pas. C’est la version «Mur de l’Atlantique» avec des ordures en plus. Aucun aménagement urbain n’a été prévu et les constructions sont d’une laideur qui n’a rien à envier au blockhaus de notre côte Atlantique.
DAKAR
Mise à part les petites déconvenue ci-dessus, la ville possède encore des constructions pittoresques et en bon état. Ce qui est assez rare en Afrique.
LE LAC ROSE
Décevant.
Donc, vous voulez quitter Dakar et envisagez de louer une voiture.
En faisant ceci vous devenez alors le pigeon idéal dont rêve tout chasseur Sénégalais qui a su investir un minimum dans des épaves achetées en Europe et qui ne passent plus depuis des années au contrôle technique.
Le plus jeune de ces véhicules frise les 200.000 km d’un passé tumultueux.
Le loueur, à grand renfort d’explications techniques vous convaincra que vous ne trouverez rien de mieux ailleurs à ce prix défiant toute concurrence. Alors qu’il sait déjà que la voiture ne fera pas plus de 200 km sans une panne majeure.
Une fois en panne et après l’avoir appelé de nombreuses fois, son étonnement n’aura d’égal que sa surprise lorsque vous lui apprendrez que la voiture est en panne à St Louis.
Après des journées de polémique et avoir fait «intervenir», il consentira à vous renvoyer une autre épave en expliquant qu'il vous fait un cadeau royal car c’est une voiture de classe supérieure.
A la fin de la location, il vous demandera un geste pour payer la réparation de la panne dont vous n’êtes nullement responsable.
L’avantage dans tous cela, c’est que la voiture étant tellement rayée et cabossée lorsque vous la prendrez qu’il est impossible de déterminer si vous avez eu un petit accrochage durant votre voyage. Le prix est d’environ 30.000 Fcfa (45 Euros) par jour pour une voiture bas de gamme. Le kilométrage est illimité....enfin celui que vous pourrez faire avant de tomber en panne.
LE SINE SALOUM
Finalement, vous avez loué une voiture et vous essayez de sortir de Dakar. Après avoir bataillé 2 heures dans les embouteillages, c’est avec soulagement que vous roulez vers M’bour et Saly Portudal, le cœur plein d’espoir.
Saly Portudal est la grande station à la mode. Vous vous imaginez des grandes plages de sable fin presque désertes avec la mer indigo et le soleil au zénith.
Là, vous allez être déçu. Le seul à être au rendez vous est le soleil. De Joal à la Somone en passant par M’Bour et Saly, vous ne verrez pratiquement pas la mer. Tout est construit et les plages privées sont interdites.
Saly, c’est la ville touristique par excellence. Tout y est cher. Pour les chasseurs de pigeons, c’est «open bar». Tout ce qui est vendable se vend en arnaquant le volatile imprudent dans la mesure du possible.
Alors, vous décidez de descendre au Saloum. C’est une bonne idée.
Comme partout au Sénégal, il y a des ordures tout au long de la route et principalement dans les villages. La brousse est encore un peu épargnée.
Premier point positif depuis votre départ de Dakar, on peut voir des singes patas le long de la route et ceci assez fréquemment.
Après avoir traversé des paysages assez spectaculaires, vous arrivez au Siné Saloum. Les plages sont immenses, désertes et magnifiques...de loin.
Lorsque vous vous approchez, le sable et couvert de déchets. Ce sont essentiellement des déchets plastiques (Morceaux de bassines, de bidons, de flacons,....) et au fil des jours, il s’en rajoute toujours. A tel point que dans certains cas, l’on ne va plus à la plage avec un peu d’ordures dessus mais on va sur le tas d’ordures avec un peu de plage dessus.
Arrivée au Saloum, vous chercherez sûrement un logement.
Le Djidjack à Palmarin est très agréable et bien tenu. Le confort n’y est pas exceptionnel mais pour ceux qui aiment la vie au grand air c’est le meilleur coin. Seul bémol, les chambres ne sont pas climatisées et il est possible qu’à la saison chaude ce soit un peu dérangeant.
Le prix tourne autour des 30-35 Euros la nuit, ce qui est très raisonnable. Il y a aussi une possibilité d’y prendre ses repas à des prix corrects.
J’y étais en avril et la température était vraiment agréable.
Il y a d’autres hôtels campement mais vous risquez le pigeon-massacre.
Dommage que la plage soit couverte d'ordures sur des kilomètres et qu'il y ait tant de chasseurs de pigeons
En face du Djidjack, il y a la réserve de Palmarin où on peut encore y voir des hyènes. Le tarif est correct, de l’ordre de 25 Euros pour 2 personnes et le guide est sérieux. On y va en charrette tirée par un cheval. La visite dure environ 1H30. J’aurais préféré passer un peu plus de temps pour observer les animaux.
Au Saloum, on peut aussi, en se promenant dans la brousse et en particulier au bord de l’eau; voir de nombreux oiseaux.
On vous conseillera de faire un tour dans les mangroves. Là encore, vous êtes attendu par de vrais chasseurs de pigeons, des pros. La location d’une pirogue est d’un guide vous coûtera, pour une journée, autour de 80.000 Fcfa (120 Euros). C’est de l’arnaque totale. On m’a même proposé 40 Euros pour une heure. Lui, c’était un "ami".
L'EST DU SENEGAL
Après avoir passé quelques jours au Saloum, vous pourrez remonter sur Kaolack et partir vers l’Est et les réserves animalières.
Je suis d’abord parti sur Tabacunda puis Goudiri et Kidira à la frontière Malienne. Dans le coin il n’y a plus de touriste et donc plus de chasseur de pigeons. Les prix redeviennent corrects et on retrouve des gens qui vous regardent comme des être humains et non comme du gibier à plumer.
Par contre, il faudra vous contenter du traditionnel poulet-petits pois ou du steak-frite avec parfois un peu de salade. C’est d’ailleurs correctement cuisiné et la viande est bonne.
Les paysages sont typiques de la brousse africaine et on peut y voir, même hors des réserves, des animaux comme des singes patas ou des phacochères.
Vous pourrez ensuite vous diriger vers Kedougou et le parc animalier du Niokolo Koba.
Je n’y suis pas aller mais je suppose qu’il y a aussi une équipe de chasseurs de pigeons à l’affût.
ST LOUIS ET LA LANGUE DE BARBARIE
Après être retourné sur Dakar, je suis remonté vers St Louis. Tout au long du trajet, le bord de la route est couverte de déchets plastiques.
Le paysage change est on sent bien l’influence du désert.
Bien qu’assez touristique, St Louis et ses environs est, à mon avis la région la plus agréable du Sénégal.
La nouvelle ville est assez sale, à l’image de beaucoup de ville Sénégalaises. Par contre, l’ancienne cité, située sur une île à laquelle on accède pas le pont Faidherbe est bien entretenue. C’est un musée à ciel ouvert.
Vu la notoriété de la ville, on pourrait s’attendre à une chasse aux pigeons intensive. Eh! bien non.
On vous proposera, bien sur, des visites guidées de la ville ou des alentours, mais toujours avec respect.
A noter qu’à mon avis, le tour en calèche proposé à 10.000 Fcfa (15 Euros) ne vaut pas tellement le coup. Bien que généralement le cocher soit très sympathique et connaisse bien la ville, il est plus agréable de flâner seul à l’intérieur de la vieille ville avec un bon guide touristique en main.
Les hôtels ou maisons d’hôtes ne sont pas très chères. Pour une chambre d’hôtes assez simple mais propre, il faut compter environ 20.000 Fcfa (30 - 40 Euros). Elles sont souvent situées dans d’anciennes maisons restaurées. Ne pas hésiter à négocier.
L’Hôtel de la Poste où j’ai logé est plus cher (35.000 Fcfa - 50 Euros) pour des chambres simples et pas très agréables mais le cadre de l’hôtel est magnifique. C’est un véritable musée de l’aéropostale à ciel ouvert. On peut loger dans la chambre de Mermoz mais il faut compter une centaine d’Euros. Effectivement elle est beaucoup plus confortable que les autres.
A ne pas manquer
L'HOTEL DE LA POSTE
La ville de Saint-Louis du Sénégal est intimement liée à l’histoire de l’Aéropostale. En plus d’être un haut lieu de l’Afrique Occidentale Française, elle constituait une escale indispensable lors de l’acheminement du courrier entre l’Europe et l’Amérique du Sud.
L’histoire de cette société pionnière de l’aviation commerciale a été marquée par des exploits, comme celui du pilote Jean Mermoz qui réalisa en 1930 la première traversée entièrement aérienne de l’Atlantique Sud, ainsi que par de nombreux drames, puisqu’en tout ce ne sont pas moins de 121 personnes qui sont décédées sur cette liaison aérienne ; Mermoz en fait partie, son avion ayant disparu le 7 décembre 1936 au-dessus de l’océan Atlantique.
Citons également tous ces pionniers qui forgèrent le mythe de l’Aéropostale : les pilotes Léopold Gourp, Henri Érable, Émile Barrière, Marcel Reine, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaumet, Gabriel Thomas, André Parayre ; les constructeurs Latécoère, Couzinet ou De Havilland. Certains avions sont également restés célèbres : la Croix du Sud, l’Arc-en-Ciel ou encore le Comte de la Vaulx.
(Extrait du site de l'hotel)
LES PARCS NATIONAUX
Une fois à St Louis, vous aurez le choix pour visiter de nombreux parcs nationaux.
Encore une fois, il ne faut pas s’arrêter au premier prix annoncé. Si on se rend par ses propres moyens sur le parc, il faut compter une trentaines d’Euros pour 2 personnes pour la langue de Barbarie et Geumbeul. Les guides y sont sympathiques et compétents.
Le parc du Djoudj et nettement plus cher et je trouve qu’on frôle l’escroquerie. Il faut payer à la suite : L’entrée du parc /personne (5.000 Fcfa), l’entrée de la voiture (10.000 Fcfa), la pirogue (7.500 Fcfa) et le guide de la pirogue. On atteint presque 40.000 Fcfa pour 2 personnes. C’est trop. De plus, si vous n’avez pas de voiture, il faut louer un taxi à St Louis et le trajet fait plus de 60 km.
LA LANGUE DE BARBARIE
Langue de Barbarie : Photos d'oiseaux et de paysages. (Pour plus de photos d'oiseaux voir l'article "Oiseaux d'Afrique")
La langue de Barbarie est un très beau parc mais malheureusement, une fois de plus, pollué de déchets plastiques
LA RESERVE DE GUEMBEUL
La réserve abrite principalement une faune en voie d’extinction.
On y trouve notamment des tortues géantes appelées tortues sillonnées, qui peuvent vivre plus de 100 ans, des gazelles dama offertes à la réserve par le Roi d'Espagne en vue de leur réintroduction dans le milieu sahélien du Ferlo, puisqu'ils étaient en vois d'extinction en Afrique (suite a de nombreux combats entre les mâles dominant dans la Réserve), des Oryx offerte par Israël pour la réintroduction, des lièvres, des phacochères, des renards pâles, des singes rouges (patas), des écureuils.
Malheureusement, la visite est très rapide et ne nous laisse pas le temps de découvrir toute la richesse du parc.
En dehors des parcs, on peut voir des singes et autres animaux sauvages
En guise de conclusion, le Sénégal pourrait être un des pays les plus attractifs d’Afrique de l’Ouest. La faune et en particuliers la faune aviaire y est particulièrement riche. Les paysages y sont nombreux et variés. Malheureusement, le manque de professionnalisme de nombreux acteurs improvisés du secteur touristique ainsi qu’une pollution aux plastiques omniprésente peuvent y rendre un séjour déplaisant.