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Publié par Naskay

Les Philippines

Voici le premier article écrit par ma fille sur son voyage de 4 mois en extrême orient.

Après plus de 18 heures de vol (Paris/Bangkok- Bangkok/Manille), j'ai atterri à Manille, lessivée! Heureusement, une copine, en road trip depuis plusieurs mois déjà m’accueille à l'aéroport.
Mon voyage aux Philippines a commencé par deux jours dans cette capitale, surnommée la “Perle de l'Orient”; une ville d'environ 12 millions d'habitants où se mêlent gigantesques gratte-ciels et immenses bidonvilles, ce qui donne une sensation étrange lorsqu'on y circule.
Le premier jour nous nous sommes promenées au Rizal Park, un immense parc où les gens viennent pour flâner et sûrement fuir le bruit incessant des moteurs.

José Rizal

    C’est aussi un lieu emblématique de la ville de part son histoire;  en effet il renferme la dépouille du héros national José Rizal, emprisonné puis exécuté par les espagnols au Fort Siantago situé dans la vieille ville fortifiée d'Intramuros, adjacent au parc. Nous avons visité le musée qui lui est dédié, afin d'en savoir plus sur ce révolutionnaire pacifiste, l’équivalent philippin de Gandhi et de Mandela, à la fois poète, romancier, médecin, sculpteur, peintre, linguiste, naturaliste, escrimeur, qui a su lire et écrire dès l'âge de deux ans et qui parlait plus de 20 langues à l'âge adulte ; ce qui nous a permis d'en apprendre davantage sur l'histoire de ce pays.

Un peu d'histoire : Les Philippines furent pendant des siècles une paisible région où les habitants se partageaient douceur de vivre et nature au sein des 7000 îles qu'abrite cet archipel. Évidemment ça ne pouvait pas durer éternellement. Au XVI siècle, les espagnols débarquèrent avec en tête Ferdinand Magellan et revendiquèrent l’archipel au nom de la couronne d'Espagne; commença alors le sanglant processus de la christianisation (car depuis le début du siècle, l’islam commençait à se propager dans la région). Malheureusement tous les chefs tribaux n'étaient pas emballés par l'idée et lors d'une expédition sur l'île de Mactan, visant à convertir l'un d'entre eux, le puissant chef de la tribu Lapu- Lapu, Magellan fut tué par une flèche empoisonné. Cependant sa mort n'a pas changé grand chose pour les espagnols qui s’installèrent et finalement restèrent plus de trois siècles dans la région faisant de Manille la capitale de la nouvelle colonie espagnole, après y avoir rasé une forteresse musulmane. A la fin du XIX siècle, tandis que l'Espagne perdait peu à peu de sa superbe à travers le monde et que les moines accroissaient la répression, les philippins commencèrent à résister. L’exécution du pacifiste Rizal en 1896 mis le feu aux poudre. Les révolutionnaires, soutenus par les Etats Unis, toujours prêts à aider les opprimés, déjà en guerre contre l'Espagne au sujet de Cuba, repoussèrent les espagnols. Le traité de Paris de 1898 marque la fin de la guerre hispano-américaine et l'indépendance fut déclarée le 12 juin 1898. Mais dans la vie rien n'est gratuit, les Etats Unis voulaient eux aussi croquer dans la galette philippine. Il rachetèrent donc les Philippines aux espagnols contre 20 millions de dollars pour en faire une colonie américaine et sans grande surprise 8 mois après l’indépendance, la guerre éclata de nouveau entre américains et philippins, ces derniers ne reconnaissant pas les accords signés (ah bon?!). Je vais couper court au suspense, les américains ont gagné et dans leur immense générosité, ils promirent aux Philippines une indépendance future en 1946. Sauf que la seconde guerre mondiale éclata et le Japon envahit l'archipel qui fut placé sous l'autorité d'un régime militaire japonnais durant trois ans. La fin de la WW2 et l'intervention des Etats Unis qui n'avaient pas dit leur dernier mot, mirent fin à cette occupation début 45. Bon pendant ce temps là les philippins mourraient par dizaine voire centaine de milliers. Finalement l'indépendance fut déclarée pour la seconde fois le 4 juillet 1946.

Revenons en à nos moutons.
Après avoir tenté de comprendre ce qu'il s'était passé dans le pays, on s'est un peu baladé dans la vieille ville fortifiée, là où les résidents espagnols se concentrèrent jusqu'en 1898, date à laquelle le gouverneur espagnol capitula face aux philippins dans l'église San Augustìn.

 

Après deux jours à baigner dans cette fourmilière manillaise, nous sommes parties à Palawan, où le farniente pouvait enfin commencer.
Nous avons atterri à Puerto Princessa, la capitale de Palawan. Ce n'est pas une ville très intéressante d'un point de vue touristique; elle est surtout une porte d'accès pour rejoindre les villes et les plages du Nord. Le lendemain nous décidons donc d'aller à Sabang, petite bourgade à 60 km au Nord ouest, près de laquelle se trouve la Princesa Subterranean River. Après 30 minutes de bateau depuis Sabang, nous arrivons sur une magnifique plage, mais pas le temps de faire trempette et direction l'entrée de la rivière souterraine après une courte marche en forêt. Nous embarquons alors sur une sorte de pirogue avec 8 autres personnes, munis d'un “Walkman” à un écouteur. C'est parti pour 45 minutes et 1,5 km de trajet. Ce que je retiendrais de cette excursion, c'est surtout la voix off, après 5 minutes d'explication sur la découverte de la grotte, nous avons eu droit à un vrai menu apéro/plat/dessert : “ici vous pouvez voir une stalactite en forme de cacahuète et sur votre droite un champignon à tête ovale accompagné d'une banane un peu trop mûre”, ect. Bon j’exagère, il n'y avait pas que de la nourriture, on a vu aussi un tirex et une cathédrale. C'était vraiment particulier mais très drôle.

Sabang/ Palawan
Sabang/ Palawan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai trouvé Sabang très sympa et très calme mais nous ne sommes restées que deux jours avant de rejoindre Port Barton, un autre village plus au nord où apparemment il fait bon vivre. Malheureusement, il y a eu un Typhon mais heureusement il est surtout passé au Nord des Philippines (au dessus de l’île principle Luzon où se trouve Manille) et à l'est ; et nous, nous étions au sud. Cependant typhoon is typhoon donc on a eu du vent à faire voler les bicoques dans lesquelles nous dormions, un peu de pluie et de gros nuages. Résultat, on a fait comme les philippins, on a bu pour oublier. Ici, les gens aiment l'alcool. Je ne saurais pas trop vous dire à quelle heure commence les hostilités mais pour sûr avant la tombée de la nuit, donc plus ou moins entre 5 et 6 heures. Cependant pour des raisons de confort des pensionnaires des resorts voisins, qui ont payé une fortune pour découvrir la vie des locaux, tout bruit ne venant pas de la mer doit cesser à 23h. On comprend mieux pourquoi il faut commencer tôt.
A port Barton nous avons trouvé ce petit bar resto “los tres tequilas” très agréable en bord de mer avec “micro ouvert” tous les soirs, car les philippins adorent chanter et faire du karaoké. Bon je sais pas vous mais moi quand j'entends karaoké, j'entends 'Les démons de Minuit', 'Bob Morane contre tous chacals', 'J'irais où tu iras', mais ici c'est plutôt Morane que Bob Morane. Bref des trucs qui donnent clairement envie de mourir, voire si la mort ne vient pas assez vite, de se suicider. Et la voix qui accompagne le tout reflète surtout le taux d'alcoolémie de la personne qui, j'ai même pas envie d'utiliser le mot “chante”, je dirais plutot chouine, pardon pour mon vocabulaire mais c'est juste dégueulasse. Donc par grande chance ce bar à micro ouvert a un staff qui connait un peu la musique, ce qui rendait vraiment bien tous les soirs. On a aussi eu droit a un petit spectacle donné par un touriste qui voulait se battre avec la police philippine (je ne sais même pas quoi dire à part “quelle idée??!”). Quoi qu'il en soit, ils l'ont embarqué. Tout ça parce qu'il n'aimait pas sa tequila qu'il trouvait dépourvu d'alcool. Franchement, on a bien rigolé mais le staff du bar était un peu sous le choc, c’était une première.

Les Philippines
Les Philippines

Après quatre jours à port Barton, nous décidons de fêter la fin du Typhon à El Nido, un autre village plus au Nord de l'île. Un centre ville pas des plus sympathique mais nous n’y avons pas passé beaucoup de temps car notre hostel se trouvait à 7 km du centre, après le Mac do. Car même s'il n'y a pas de réseau téléphonique, pas d’eau chaude, pas de chasse d'eau, dans beaucoup d'endroits, la ville vient d'ouvrir son premier Mac do, on arrête pas le progrès! Point positif, il n'y a rien en plastique. Bon c’est pas très pratique quand tu prends un menu big Mac avec grande frite et grand coca+ un Sunday choco à emporter sur un scooter, mais au moins ils ont l'impression de moins polluer (et nous aussi) et de faire quelque chose pour la planète. C'est beau toute cette empathie! Ah oui, j'en profite pour préciser que les Philippines est devenu le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après avoir détrôné le Brésil en 2018. La population croule sous les déchets plastiques, qui parfois sont envoyés de l'occident par cargo (il faut dire que l’occident a toujours aimé donner aux plus pauvres) et malgré une forte volonté de la population de lutter contre cette pollution, le manque d'infrastructures et la corruption sont de véritables fléaux qui empêchent toutes avancées. De plus, la déforestation, l’érosion des sols, la surpêche, la pression démographique, l'industrialisation, l'urbanisation, l’exploitation anarchique des ressources naturelles et le manque de volonté politique contribuent à l’effondrement environnemental du pays. Manille est dans le top 5 des villes les plus pollué au monde.
Après mister Typhoon on s'est tenté un tour bien touristique proposé par l'unique agence de l'île, avec tour en bateau et visite de différents sites (plages, lagunes) et snorkeling à la découverte de coraux morts mais qui font toujours plaisir à ceux qui pensent que les coraux ressemblent à de vieux cailloux marron sales posés au fond de l'eau. Bon je suis méchante là mais ça m'agace qu'on s’émerveille devant des trucs morts (et moches) dont on est en partie responsable de l'extinction, qu'on se prenne en selfie avec avant d'aller exposer tout ça sur les réseaux sociaux telle une fierté, tout en se tartinant de crème solaire tous les quart d'heure.
Mais bon malgré la centaine de touristes à chaque arrêt (et je ne critique pas car on y etait aussi), c’était beau et bien.

Les Philippines
Les Philippines

Les autres jours, nous avons pris le scooter pour chiller sur plusieurs plages. Ici les gens roule beaucoup en scooter et en tuk tuk , et à part en centre ville située à 5 minutes de la campagne profonde, les routes sont plutôt vides, ce qui m'a permis de conduire sur les routes serpentées de l'île, entre
végétation luxuriante, animaux broutant et vie rurale. J’étais quand même bien stressée ce qui m'a valu deux beaux bleus sur chaque genoux (j'avais sans doute peur que le scooter décolle alors je l'ai serré, serré, serré).

 

Les plages:
Lio beach, une plage appartenant à un riche promoteur philippin, qui y a construit une véritable petite ville, avec ses hôtels, ses restaurants, ses boutiques en tout genre et même son propre “aéroport”. Tout est neuf et très bien pensé et très étrangement, il n'y avait personne sur la plage où j'ai pu ramasser les plus gros coquillages que j'ai jamais trouvé et même une étoile de mer bleue.


Nacpan beach, une plage de 3km où les constructions se limitent à quelques cahutes vendant des en-cas et proposant des massages. Il n'y a pas foule, les vagues sont raisonnables et les coquillages sont beaux. Le coucher de soleil vaut aussi le coup mais la route du retour en scooter dans le noir, la boue et les nids de dindes (beaucoup trop gros pour être des nids de poules) sur 3km, un enfer!

Nacpan beach/ Palawan

Nacpan beach/ Palawan

Duli beach, la plage des surfeurs mais sans surfeurs, juste quelques suicidaires tentant leur chance. Une plage complètement désertique, à part qu'elle était recouverte de ce qu'on croyait être de mini poches plastiques accrochées à des fils bleus. En regardant de plus près et malgré le vent fort, j'avais l'impression que les poches respiraient. Bref à l'aide d'un petit bâton, j’ai essayé d'en savoir plus, mais sans grand succès. De retour à l’hostel, on a demandé au proprio ce que c'est mais notre description de mini sacs plastiques respirant ne l'a guère inspiré et tout le monde en a conclu à de petites méduses. C'est en écrivant les lignes ci dessus que j'ai voulu en avoir le cœur net et bien non ce ne sont pas de gentilles petites méduses échouées trop tôt, mais de venimeuses et dangereuses physalies (aussi appelées galères portugaises ou encore vessies de mer) qui parfois peuvent entrainer la mort chez l'homme .

Heureusement je me suis rappelé d'une règle très importante : quand on ne connait pas, on ne TOUCHE PAS! Je pense pas qu'on serait morte mais on aurait bien pleuré et on se serait bien grattées à mon avis. Apparemment ça fait très très très mal et plusieurs plages dans le monde ont été interdites à cause d'elles.

Le dernier jour à El Nido, avant de rejoindre en ferry l'île de Coron, plus au nord, nous avons pris notre courage à deux mains pour nous lancer d'une île à une autre, en tyrolienne. C'était super mais assez flippant! Pendant que je m'accrochais désespérément à mon câble, priant tous les saints pour arriver à bon port, je me sentais ralentir doucement, doucement, faut dire qu'on devait peut être aller à 20 km/h donc pas très vite de base; quoi qu’il en soit, à 75 % du parcours, je me suis doucement arrêtée, au milieu du vide, à 30 mètres au dessus du sol. Autant vous dire que je ne faisais pas la maligne, j'ai quand même essayé de garder un peu de dignité, contenant désespérément la peur qui hurlait en moi “ Mais qu'est ce que tu f***  lààààà! On va crever ici aplati telle une vieille fiente de piaf!”, puis j’ai vu un des “tyroliennemen” venir à ma rescousse. Il m'a rassuré puis m'a tracté jusqu’à l'arrivée.

Zipeline/El Nido

Zipeline/El Nido

Après quatre heures de ferry vomitif, l'expression “avoir le mal de mer” a pris tout son sens durant cette traversée, nous avons rejoint Coron, la principale ville de l'île de Busuanga. Coron est franchement inintéressante, mais elle est le départ pour rejoindre plusieurs îles inhabitées mais regorgeantes de petites plages magnifiques, de lagunes, de lacs, de sites de snorkeling, où certains coraux sont encore vivants parmis les morts, et de plongée, à la découverte de bateaux japonais datant de la seconde guerre mondiale.
On a tenté notre chance malgré la météo pas des plus encourageante pour ce genre d'excursion mais on a eu quand même du soleil , une bonne journée et un super buffet sur le bateau. Le snorkeling à la découverte d'un navire japonnais, visible même à l'aide d'un simple masque/tuba n'était pas des plus impressionnante, on aurait dit une vieille pirogue laissé là par quelques pêcheurs en galère. Mais apparemment l'île est réputée mondialement pour la plongée avec bouteille et les autres navires sont vraiment impressionnants.

Kayanga lake/ Busuanga

Kayanga lake/ Busuanga

Les Philippines

Le lendemain, nous sommes parties en scooter arpenter les routes de Busuanga à la découverte de l'île et la recherche d'un spot sympa pour faire du canoë. Nous avons atterri dans un hostel à moitié niché dans les arbres avec location de canoë pour les quelques aventuriers qui voudraient se lancer dans une excursion en solitaire durant quatre heures dans la mangrove. Bon je ne suis pas du tout aventurière, ni une bonne kayakiste (malgré mes 4 mois d’entraînement sur le Clain quand j'étais à la fac) et se faisant déjà tard, nous avons opté pour longer la mangrove jusqu’à la première plage et revenir. Normalement il est interdit de s'y arrêter car elle appartient à un British qui déteste les touristes et ne veut voir personne sur sa plage. Qu’il aille au diable, après une heure de canoë et un peu de stress car la mer commençait à s'agiter, j’étais épuisée donc on s'y est arrêté, cachées derrière le ponton. Petite excursion calme et sympathique, on a même vu un groupe de poissons volants à trois mètres. Inattendu mais coool !

Les Philippines

Pour nos dernières heures à Coron avant un très long voyage jusqu’à Kuala Lumpur, nous sommes allées tester la source d'eau chaude, connue dans la région car l'eau y est salée. On a eu la bonne idée d'y aller pour l'ouverture à neuf heures, lorsqu'il n'y a encore personne et encore quelques parties ombragées et où l'eau est à sa plus basse température, c'est à dire à 38°. Plus tard dans la journée, elle peut monter jusqu’à 41°, plus le soleil, plus l'humidité, apparemment les gens n'y font pas long feu. Le meilleur moment d'après les philippins, c'est à la tombée de la nuit mais du coup, il y a du monde.

Hotspring salty/ Coron

Hotspring salty/ Coron

Voilà, mon voyage aux Philippines, où je dirais plutôt à Palawan touche à sa fin. Le Typhoon nous a fait changer notre plan de base qui était de passer seulement une semaine à Palawan avant de rejoindre le nord de l’île de Luzon (Manilla's island) où se trouve de magnifiques rizières en terrasses. Cependant, aucun regret, car même 12 jours à Palawan ce n'était pas suffisant.
Ça a été dur de résumé ces deux semaines et de ne choisir que quelques anecdotes. Je pourrais encore en parler pendant des heures, des gens que l'on a rencontré, des hostels où l'on a dormi, de tout ce qu'on a fait, mangé, bu, vu, aimé, détesté,.. Les Philippines est un pays à visiter pendant plusieurs semaines. Nous n'avons vu qu'une infime partie de ce bout de paradis. J'espère que j'y retournerai, mais cette fois pour y rester plus longtemps. Les désagrément liés au confort et surtout au réseau téléphonique pour ma part, n'étaient rien comparés à la beauté des paysages, et la gentillesse des gens. J'ai tout simplement adoré!

Les Philippines
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