Sur les traces de Raymond Mauny
Lors de mes recherches pour trouver des renseignements concernant les vestiges historiques en Afrique de l'Ouest, je suis tombé sur les cahiers de Raymond Mauny.
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R. Mauny dans les années 50
Raymond Mauny fut un historien, collaborateur de Théodore Monod qui fit des recherches importantes en Afrique de l'ouest et dans le Sahara. De plus, il était originaire de ma région et fut un des principaux animateurs des recherches sur les souterrains de Chinon.
Certains de ses cahiers concernent des sites situés à Bamako ou dans les environs. J'en ai relevé 2.
Le premier concerne les peintures rupestres de ce que l'on appelle les peintures du Point G. Ce n'est pas exactement au point G. Elles sont connues mais malheureusement mal indiquées et contre toute attente, elles ne se situent pas au niveau du musée de la préhistoire.
Point G signifie point Géodésique.
Le second site concerne le monument de Moribabougou. Ce sont deux pierres élevées verticalement. Il est intéressant de précisé qu'à Moribabougou, particulièrement dans le lit du fleuve qui n'est pas permanent, il existe d'étranges signes, généralement formés de pierres. Par contre, il est très difficile d'en faire la datation.
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Cercle de pierres dans le lit du fleuve à quelques centaines de mètres d'où se situait le monument de Moribabougou.
Le troisième site concerne l'abri sous roche de KourounKoroKalé (Kourin Koro Kalé). Il est situé sur la route de la Guinée près du village de Siby juste à côté de la route dont le tracé n'a pas évolué depuis l'époque de Raymond Mauny. Il est de plus indiqué par un panneau de l'office du tourisme.
La quatrième curiosité dont parle Raymond Mauny est la chaussée submersible de Sotuba. Rien de vraiment préhistorique dans cet ouvrage qui permettait de passer d'une rive à l'autre du fleuve Niger à la saison sèche.
LES PEINTURES DU POINT G
C'est le coin que tout bon touriste se doit de visiter. Malheureusement, suite au passage à l'orange et au rouge du territoire Malien par un artiste inconnu du ministère des affaires étrangères françaises, plus personne de censé n'ose s'aventurer au Mali ce qui est bien dommage et totalement exagéré.
Du coup, le coin est tombé en désuétude et il est maintenant plus connu pour la buvette située en bas de la grotte que pour la grotte elle-même. Il est aussi a déplorer que le site est assez éloigné du Musée de la Préhistoire.
Bamako vu de la grotte en 1952. On distingue les premiers bâtiments. Aujourd'hui, la grotte est à l'intérieur de la ville. La colline où se situe la grotte est entourée d'un mur.
En haut à gauche, on remarque la croix à 3 branches horizontales qui existe sur les autres peintures décrites dans les articles précédents.
LE MONUMENT BILITHE DE MORIBABOUGOU
Sur le cahier du 4-1-1952, Raymond Mauny parle d'un monument situé à une dizaine de kilomètres de Bamako vers Koulikoro dans le village de Moribabougou.
J'ai d'abord localisé le coin à l'aide du petit schéma. Puis grâce à la photo des collines, en parcourant le lit du fleuve et en prenant plusieurs photos, j'ai pu localiser à 150 m près l'endroit d'où la photo avait été prise.
Parallèlement, j'ai eu des informations de la part d'un vieillard qui a connu le monument. Il s'en souvenait bien et nous a expliqué qu'il était un lieu de sacrifice. Ce que confirme Raymond Mauny. Les pierres se tenaient précisément en face d'une route perpendiculaire. La route existe toujours
Grâce à ces informations qui coïncidaient avec mes relevés, j'ai pu localiser avec précision où se trouvait le monument. Il s'agit d'un chantier de construction et tout a été saccagé. J'ai regardé aux alentours et même dans le lit du fleuve s'il y avait des vestiges. Il ne reste rien. Tout a disparu. Les personnes interrogées n'ont aucune idée de l'existence de ces deux pierres. Ont elles été amenées ailleurs ou cassées totalement ? Le mystère reste entier. Mais à mon avis elles ont été détruites.
C'est vraiment dommage de voir comment sont traités les témoins du passé.
On retrouve exactement le même point de vue. La photo de Raymond Mauny a été faite début Janvier 1952. La mienne fin novembre 2020. Celle de Mr Mauny est plus avancée d'un mois par rapport à la mienne dans la saison sèche. On s'aperçoit qu'à l'époque, le lit du fleuve était plus large, il y avait plus d'eau.
Photo prise par R. Mauny en 1952. La seule preuve qui reste d'un monument qui avait résisté à l'épreuve des siècles!
La perte de ce monument n'est qu'un exemple des dizaines de sites saccagés et disparus de l'histoire africaine sur tout le continent.
A l'époque où les intellectuels Africains réclament, à juste raison, la restitution des œuvres Africaines dérobées lors de la colonisation, il y aurait déjà un gros travail à faire sur place pour éviter la destruction de monuments et de vestiges du passé. Je ne parle même pas de leur conservation.
L'ABRI SOUS ROCHE DE KOUROUNKOROKALE
En fait Raymond Mauny l'appelle Kourin Koro Kalé.
J'y suis passé plusieurs fois à l'époque mais je n'y suis jamais resté très longtemps. Il n'y a aucune inscription sur les parois et il semblerait que de nombreuses fouilles y aient été effectuées.
Ce que j'avais noté à l'époque :
Parmi ces sites, on peut citer le Kourounkorokalé, un vaste abri sous-roche situé non loin de la route juste avant d’entrer à Siby. Situé à la lisière de la forêt classée des Monts mandingues, il a connu deux fouilles archéologiques en 1953 par le Français Szumoswki et en 1993 par l’Américain Mac Donald. La première a signalé un riche matériel archéologique : microlithe essentiellement taillé dans le quartz, tessons de céramique et plusieurs inhumations. La 2è a surtout permis la datation au radiocarbone des éléments retrouvés qui fait remonter l’occupation initiale au 6è millénaire. Mais la présence de scories, d’objets en fer et de tessons de céramique dont le décor est similaire à la céramique de Niani, capitale de l’Empire du Mali, suggère que le site a été de nouveau fréquenté pendant l’âge du fer et peut-être même pendant l’empire. Plusieurs rochers, à l’intérieur de l’abri, sont creusés de cupules rondes dont l’utilisation reste à déterminer.
A noter que l'on note la présence de cupules rondes que l'on retrouve dans de nombreux sites et dont l'utilisation n'a toujours pas été clairement définie.
Schéma de l'abri par R. Mauny. La route est beaucoup plus large que jadis et le site est plus près du bord.
LA CHAUSSEE SUBMERSIBLE DE SOTUBA
Si on se réfère aux collines à l'arrière plan, les deux photos ont été prises vers le même secteur. Sur la seconde, on voit le nouveau pont construit en 2011.
J'ai remarqué que les principaux sites décrits sont situés soit à l'intérieur de la ville, soit à proximité d'une route dont l'existence est très ancienne mais toujours utilisée.
Mais certaines routes sont tombées dans l'oubli et seuls les villageois les utilisent encore, évitant ainsi qu'elles ne deviennent impraticables. Elles sont parfois éloignées de plusieurs kilomètres des routes officielles.
J'en ai déduit que peu de scientifiques s'enfonçaient profondément dans le brousse à la recherche de lieux intéressants.
D'autres se renseignaient auprès de la population locale qui leur indiquait ce qu'ils leur semblait utile de montrer.
Du coup, certaines curiosités furent, soit totalement oubliées des autochtones, soit considérées sans importante par les quelques personnes qui les connaissent encore et n'en voyaient pas l'utilité. D'autres encore sont en activité et les utilisateurs ne souhaitent pas que n'importe qui en connaisse l'existence.
L'outil le plus intéressant pour déterminer des secteurs où on peut y faire des trouvailles intéressantes restent Google Earth. Chose que ne possédait pas des chercheurs comme R.Mauny. La reconnaissance aérienne coutait chère est n'était pas simple à obtenir.
Ensuite, une fois l'endroit repéré, il faut fouiller minutieusement tous les recoins possibles, ce qui demande une certaine habitude et du matériel de repérage pour éviter de se perdre, disponible à prix très abordable dans le commerce.
Ce sera le sujet du prochain article
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Surprenant mais peu douloureux et sans danger
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Très pratique pour rejoindre un point connu. Précis à 5m. (Ne pas oublier les piles de rechange)
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Et toujours avoir à l'esprit que le propriétaire de ce sous-vêtement n'est peut être pas très loin