La bataille d'Oum Tounsi
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Version officielle du gouvernement
En juillet 1932, un groupe de combattants majoritairement Oulad Delim quitte la ville de Smara dans la Seguia el-Hamra (Rio del Oro Espagnol), poursuivant la lutte contre les Français qui contrôlent la Mauritanie. Dans le groupe, un imam est présent, représentant Mohamed El Mamoun Ould Cheikh Mohamed Fadel Ould Abeidi représentant lui-même Mrabih Rabou Ould Cheikh Malainine, chef religieux installé au Rio de Oro. Les Français prennent connaissance du départ du raid le 6 août et envoient le groupe nomade de Boutilimit pour l'intercepter.
Les Oulad Delim se placent en embuscade autour du puits. Profitant de l'effet de surprise, ils parviennent à infliger de lourdes pertes au groupe nomade : 37 combattants (6 Français dont Mac-Mahon, dix tirailleurs, 21 goumiers et un partisan) sont tués. Les cris d'anathème de l'imam accompagnant les Oulad Delim auraient initialement décontenancé les gardes maures. Les survivants du groupe nomade se replient avec Delange, qui a perdu connaissance. 25 Oulad Delim sont tués pendant la bataille et Ould Laroussi est mortellement blessé. Les Oulad Delim repartent avec les armes, munitions et chameaux pris au groupe nomade.
Un mausolée a été construit en mémoire du lieutenant Mac-Mahon et de ses soldats français et mauritaniens tués pendant la bataille.
Cette bataille est devenue en Mauritanie le symbole de la « résistance » à la colonisation française. Le nouvel aéroport international de Nouakchott-Oumtounsy reprend le nom de cette bataille. Certaines voix s'étaient élevées contre ce qu'elles considèrent comme une glorification des affrontements tribaux. L'une de ces voix, la plus virulente, fut celle de l'ex-colonel de la garde à la retraite Oumar Ould Beïbacar. Ould Beïbacar s'inscrit dans un affrontement sociétal en considérant qu'il fait partie de ceux qui sont « les fils des interprètes et des gardes-cercles, les fils des recrues, des snipers et des aides, les fils des fonctionnaires de l’administration coloniale et des chantres de la paix [...] ces Mauritaniens dont on veut désormais fêter le massacre par des étrangers sahraouis ».
Rappel historique par le colonel (ER) Oumar Ould Beibacar
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Le Groupement Nomade (GN) du Trarza, dont le PC se trouvait à Boutilimit, est composé d’une centaine d’hommes, dont une petite dizaine de français comprenant 3 officiers, ainsi que d’une trentaine de tirailleurs négro-africains dont plusieurs mauritaniens et d’une cinquantaine de goumiers originaires des tribus guerrières duTrarza.
Il était appuyé par les postes de Nouakchott et d’Akjoujt, reconstitués en 1929, et par un mejbour relevant de l’autorité de Baba O. Cheikh Sidiye, avait pour mission de patrouiller sur l’axe Nouakchott-Akjoujt pour barrer la route du sud aux rezzous en marche vers le Sénégal.
Informées au début du mois d’août 1932 du mouvement d’un important rezzou, en direction de Nouakchott, les autorités coloniales avaient donné au GN la mission de l’intercepter sur cet axe, au niveau d’Oum Tounsi, point d’eau incontournable, au cœur de l’Emirat du Trarza.
Le jeudi 18 août, trahi par la négligence de leur mejbour d’éclairage qui, au lieu de reconnaître les abords du site et d’installer des guetteurs sur les hauteurs, s’était regroupé autour d’un thé, à proximité du puits, en attendant l’arrivée du gros du GN, ils se sont fait surprendre.
Le rezzou de 120 fusils, dont une centaine originaire de la tribu des Oulad Dleim et une vingtaine parmi leurs alliés Oulad Lab, Oulad Besbaa et d’autres tribus de l’Adrar, motivé essentiellement par une vendetta contre les guerriers du Trarza, avait repéré le GN et s’était embusqué aux alentours du point d’eau.
Bénéficiant de l’effet de surprise il a réussi à détruire plus de 50 % du GN, qui a perdu 39 hommes avec la mort de 6 français dont 1 officier et 5 sous-officiers, 21 gardes maures, 10 tirailleurs, 1 partisan et 1 interprète. Le commandant du GN a pu regagner son PC avec une soixantaine d’éléments dont 20 blessés, 1 tirailleur porté disparu et 9 gardes maures blessés.
Cependant ce rezzou n’est pas sorti indemne de cette bataille, il a perdu 27 hommes dont son chef et a pu se retirer dans son Rio de Oro natal avec 22 blessés.
Plusieurs mois avant Oum Tounsi, un Ghazzi des Oulad Dleim avait été détruit àTechle par un ghazzi des Lealeb redoutable tribu guerrière du Trarza chargée d’assurer la sécurité et la défense du flanc nord de l’Emirat, dans l’une des plus sanglantes batailles entre Béni Hassan. Les rescapés Oulad Dleim se sont repliés vers Smara ou ils vont organiser la riposte qui va aboutir à l’embuscade d’Oum Tounsi.
La preuve qu’il s’agit bien de vendetta est que ce ghazzi qui a quitté son Rio de Oro occupé par l’Espagne en juillet 1932, n’avait pas laissé derrière lui une région libérée. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Aussi dans son offensive, il a évité volontairement les villes de Port Etienne actuelle Nouadhibou, de Fort Gouraud actuelle Fdérik, de Fort Trinquet actuelle Bir Mogrein, d’Atar et d’Akjoujt où il y avaient des unités coloniales françaises bien connues, donc des objectifs militaires importants et à sa portée. Mais leur objectif n’était pas les colons français, leur objectif était bien de se venger contre leurs cousins terrouzi.
Par ailleurs le souvenir de cette bataille, fratricide entre guerriers musulmans Béni-Hassan ne doit pas constituer une fierté pour la Mauritanie indépendante, et ne doit pas glorifier les belligérants. D’ailleurs il serait plus judicieux de dissimuler autant que faire se peut ces batailles inutiles pour ne pas éveiller les démons de vendetta, toujours perceptibles chez certaines tribus Béni Hassan frustrées.
C’est sans doute pour cette raison que le père fondateur et ses compagnons ont préféré occulter cette partie peu glorieuse de notre histoire, pour se consacrer à la construction de la République.
Il ne faut pas oublier que les goumiers du Trarza qui forment l’ossature du contingent du groupe nomade de Boutilimit se sont engagés les premiers, dans les troupes françaises sur la base de la fatwa de leur chef spirituel convaincu par Coppolani, dans le but de pacifier la Mauritanie.
Tous les goumiers ou tirailleurs musulmans qui sont morts pendant la pacification sont de vrais martyrs. Les français ne constituaient que près de 10 % des effectifs des unités combattantes.
La pacification est surtout l’œuvre de nos vaillants soldats. C’est donc grâce à leur noble sacrifice que la paix s’est installée progressivement et que la République islamique a pu se construire. Nous devons leur être éternellement reconnaissants, au lieu de chercher coûte que coûte à discréditer leur sacrifice et ignorer leur histoire.
Le champ de bataille plusieurs semaines après la bataille. Les assaillants tués ont été enterrés à faible profondeur et leurs ossements sont visibles.
Trois cadres du groupe nomade le 14 août 1932 au puits de Toueïla : au centre le lieutenant de Mac-Mahon et à droite, le capitaine Delange.
Un livre à lire :
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L'Escadron blanc fait revivre l'aventure exemplaire d'un bataillon de méharistes à la poursuite d'un rezzou, en plein cœur du Sahara. On retrouvera dans ce beau roman épique, où la cruauté du désert évince les charmes de l'exotisme, l'illustration parfaite des drames coloniaux, tels qu'ils furent en vogue dans les années trente. Joseph Peyré, maître incontesté du genre, a su réunir magnifiquement le réalisme tragique et l'idéalisme héroïques.
Un film, tiré du livre
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Retrouvez la vidéo de la journée sur la chaine You tube : 'Afrique éternelle'
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